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Le commerce international agroalimentaire traverse une période d’incertitude, notamment sur l’axe transatlantique. L’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis ravive les craintes de nouvelles sanctions pouvant affecter les échanges avec le deuxième importateur mondial de produits agroalimentaires.
Dans ce contexte, la 2ème édition de la rencontre « Agrofret », organisée par FranceAgriMer, le 30 janvier dernier au sein de Business France, a réuni les principaux acteurs du transport maritime conteneurisé et des filières agricoles et agro-alimentaires afin d’analyser les défis actuels. Tensions commerciales, contraintes logistiques et enjeux environnementaux ont été au cœur des discussions, mettant en lumière les défis stratégiques auxquels le secteur doit faire face. Parmi les participants, l’entreprise OCEANS a apporté son expertise. Son directeur commercial, Jean-Baptiste Gouesin, revient plus loin sur ces enjeux.

Un commerce agroalimentaire sous pression
Le commerce agroalimentaire transatlantique est confronté à de nombreux défis. L’incertitude liée à la politique commerciale des États-Unis, accentuée par le retour de Donald Trump, alimente les craintes de sanctions susceptibles d’entraver les échanges avec la première puissance économique mondiale.
En effet, le commerce transatlantique penche en faveur de l’Europe : chaque année, l’Amérique du Nord exporte 5 millions d’EVP (équivalents vingt pieds) de produits agroalimentaires, tandis que l’Europe en importe seulement 3 millions.
Ces problématiques ont été largement abordées lors de la journée « Agrofret ». Cet événement a permis de réunir les principaux acteurs du transport transatlantique conteneurisé et de rappeler l’importance de ce trafic pour l’industrie agroalimentaire européenne.
Chaque année, 365 000 EVP de produits agroalimentaires transitent par Haropa Port, représentant 45% des exportations conteneurisées. De plus, les échanges entre la France et le Canada sont particulièrement significatifs, avec plus de 5 milliards d’euros d’exportations annuelles de vins et spiritueux. Les flux de boissons alcoolisées françaises sont d’ailleurs très polarisés entre l’Amérique du Nord et l’Asie de l’Est.
Une logistique complexe et des infrastructures sous-investies
Sur le plan logistique, plusieurs défis entravent la fluidité des échanges : Contrairement aux lignes Europe-Asie, qui bénéficient d’investissements conséquents, les routes transatlantiques sont souvent considérées comme secondaires. En conséquence, les navires et les infrastructures portuaires américaines sont moins modernes et souffrent d’un sous-investissement.
Les liaisons vers le Canada ajoutent une contrainte supplémentaire, car elles nécessitent des structures adaptées aux conditions climatiques extrêmes.
Par ailleurs, la crainte d’une taxe Trump a entraîné une augmentation des flux de 50% depuis novembre dernier afin d’anticiper une éventuelle hausse des prix. Cette surcharge a généré de fortes tensions sur la chaine de transport et suivies d’un ralentissement attendu des échanges.
Enjeux environnementaux et défis du transport réfrigéré
Le transport maritime agroalimentaire est également confronté à des défis environnementaux croissants. Toutefois, certaines initiatives peinent à produire des résultats concrets.
L’Association des Chargeurs de France dénonce notamment le manque de transparence des certificats de transport écologique. En effet, un chargeur peut payer un surcoût pour assurer une empreinte carbone réduite, mais l’armateur reste libre d’acheminer le conteneur sur un autre navire que celui initialement prévu, remettant en question l’efficacité réelle de ces mesures.
Le transport réfrigéré (REEFER) représente un enjeu majeur. La demande pour ces conteneurs spécialisés ne cesse de croître, mais leur disponibilité reste limitée en raison de leur coût deux fois supérieur à celui des conteneurs classiques.
Actuellement, on compte 3,5 millions de conteneurs REEFER en circulation, alors que 7 Millions seraient nécessaires pour répondre aux besoins du marché. Depuis 2019, leur nombre n’a progressé que de 12,9 %, une augmentation bien inférieure à la demande.
Un secteur sous pression : enjeux et perspectives d’OCEANS
Dans ce contexte rempli d'incertitudes, marqué par des tensions commerciales et des défis logistiques croissants, les acteurs du transport maritime doivent s’adapter en permanence. OCEANS, transitaire pour des marchandises DRY ou REEFER, était représentée à la journée « Agrofret » par son directeur commercial, Jean-Baptiste Gouesin, qui répond à nos questions à propos de son activité.
- Pouvez-vous nous présenter OCEANS et son positionnement dans le secteur du transport maritime ?
OCEANS est située à Pornic et a été créé en 1996, en se positionnant immédiatement sur le secteur de l'agroalimentaire afin de répondre aux attentes grandissantes des industriels qui se développaient au grand-export. Les chargeurs français pouvaient attendre plusieurs jours avant d’obtenir un coût pour livrer leurs marchandises à travers le monde.
L’ADN d’OCEANS s’est placé tout de suite sur la réactivité et la fiabilité des solutions proposées en lien avec les besoins des exportateurs de marchandises sous températures dirigées notamment. Notre métier implique une connaissance forte des spécificités du secteur agroalimentaire.
Le groupe familial BALGUERIE est devenu en 2017 le nouvel actionnaire d’OCEANS, ce qui nous a permis de nous positionner aux yeux des industriels et des compagnies maritimes comme un acteur reconnu dans la logistique internationale des produits agroalimentaires.
- Le transport des marchandises agroalimentaires représente un défi logistique important en raison de leur nature périssable et sensible. Quels sont les principaux enjeux que vous rencontrez et comment y répondez-vous ?
Les marchandises agroalimentaires sont par nature très sensibles aux variations de température ou changement d’hygrométrie. Pour garantir la satisfaction de ses clients, OCEANS capitalise sur une connaissance fine de la manière avec laquelle les produits alimentaires doivent être transportés.
Pour ce faire, OCEANS travaille en étroite collaboration avec ses clients afin de définir avec eux les meilleures solutions maritimes et terrestres. Cela demande une bonne compréhension des enjeux métiers du client et une parfaite connaissance de la chaine logistique.
Ainsi, OCEANS est capable de fournir des conteneurs DRY en qualité alimentaire et des REEFER, qui permettent de transporter des marchandises entre -60 et +15 degrés.
- Quels sont aujourd’hui les principaux défis du transport maritime, en particulier pour les exportateurs agroalimentaires ? Comment votre entreprise s’adapte-t-elle à ces évolutions ?
Le monde du shipping s’est considérablement complexifié ces dernières années. Les évènements internationaux, les crises politiques, économiques et sanitaires ont fortement perturbé la chaine logistique au niveau mondial.
De plus, l’offre maritime s’est fortement réduite avec moins de dix armateurs mondiaux. Le défi est donc de trouver des partenaires maritimes et routiers fiables avec des transit time courts permettant de transporter les produits sensibles de nos clients.
OCEANS fait le choix d’armateurs majeurs qui permettent de garder cette exigence avec notamment des Customer Service en France ou qui ont des cellules spécialisées dans l’agroalimentaire ainsi qu’une réelle disponibilité d’équipements.
- Face aux enjeux environnementaux croissants, quelles solutions mettez-vous en place pour rendre votre offre plus durable et réduire l’empreinte carbone du transport maritime ?
Les compagnies offrent dorénavant des solutions « green » dans le choix des carburants et nous avons la possibilité de les proposer selon le niveau d’engagement des chargeurs dans leur politique RSE.
Le vélique peut aussi être une solution mais sur des axes bien particuliers comme le transatlantique qui bénéficie d'un transit-time court. Les dates limites de consommations pour les produits sous températures dirigées limitent certaines possibilités alors que les produits secs peuvent supporter des temps de mer plus longs.
Pour le secteur routier, de nouveaux carburants apparaissent de plus en plus, comme le GNL ou le bio carburant. De même, le ferroviaire et le fluvial prennent de l’ampleur en France. OCEANS fait appel, pour ses clients, à tous ces types de transports.
- Quel a été l’apport de la journée Agrofret pour OCEANS ? Quels bénéfices en avez-vous tirés en termes de réseautage, de développement ou d’orientation stratégique ?
Ce temps d’échange entre chargeurs, logisticiens, compagnies maritimes et autorités portuaires est important car il nous permet de communiquer avec l’ensemble de nos partenaires.
Cette journée a permis de mettre en avant certains thèmes importants comme la décarbonation du secteur maritime, les problématiques portuaires. Cet évènement a également été l’occasion pour OCEANS de mettre en avant son savoir-faire et son professionnalisme
- Quelles sont les perspectives et ambitions de OCEANS pour les cinq prochaines années ? Y a-t-il des innovations ou projets majeurs en cours ?
Notre ambition première est d’amener le « made in France » aux quatre coins du monde. Pour ce faire, OCEANS mise sur une stratégie fondée sur deux piliers : l’engagement de ses collaborateurs et la qualité de ses systèmes informatiques.
OCEANS, comme l’ensemble des sociétés de BALGUERIE GROUP, investit chaque année dans un plan de formation ambitieux au profit de ses collaborateurs et accompagne leur développement tant du point de vue technique que personnel.
En complément, OCEANS développe des solutions informatiques permettant de connecter l’ensemble de la chaine logistique du transport agro-alimentaire et ainsi participer à la traçabilité des marchandises transportées.
OCEANS continuera ainsi d’accompagner ses clients et développera ses positions en tant que spécialiste du secteur du transport de produits agro-alimentaires.
Sources & liens utiles :
Etude FranceAgriMer (2023) : Le commerce maritime des produits agricoles et agroalimentaires