Date de publication :

Secteur Transition écologique
Pays concerné
Egypte
Thématique Actualités du secteur
L'accélération des solutions de mobilité électrique apparaît comme clé de voûte au développement des villes durables et pour limiter la pollution
Image info sectorielle

Actuellement, il y a environ 1 500 véhicules électriques circulant sur les routes d'Égypte, utilisées comme voitures secondaires, mais le pays s’attend à ce que ce nombre passe à 2 ou 3 000 en 2022. En effet, au cours de l'année écoulée, le gouvernement Madbouly a adopté des politiques visant à encourager le marché embryonnaire des véhicules électriques en Égypte. Cette décision est judicieuse à long terme, tant pour le gouvernement que pour les consommateurs, à l'heure de la réduction des subventions aux carburants et du changement climatique. La pandémie de Covid-19 entraînera par conséquent des répercussions positives sur le secteur des véhicules électriques (VE).

Cependant, le marché de la mobilité électrique est seulement en train de se développer en Egypte. En effet, trois défis principaux entravent la croissance du marché égyptien des VE : la demande a été faible ; l'octroi de licences, la réglementation et la législation pour le secteur sont difficiles ; et les stations de recharge sont rares. Les prix globaux des VE sont plus élevés que ceux des voitures à carburant traditionnel. De plus, il est difficile d'obtenir une plaque d'immatriculation pour un VE : l'Égypte ne dispose toujours pas d'un cadre permanent pour l'octroi de licences pour les VE importés.

Pour pallier ces difficultés, notamment en ce qui concerne les points de recharge des VE, l’intervention du secteur privé a été nécessaire. A ce titre, Revolta Egypt est l'une des premières entreprises égyptiennes spécialisées dans les VE à avoir inauguré en février 2020 les premières bornes de recharge de VE du pays sur l'autoroute Le Caire-Suez.


De ce fait, à partir de 2022, le nombre de VE en Égypte va augmenter de manière substantielle, en raison des modèles de marques mondiales qui seraient proposés. D'ici 2025, l’Egypte estime qu'il y aura 40 à 50 000 VE sur les routes égyptiennes. De plus, l’augmentation du marché des véhicules électriques devrait être accompagnée par une baisse des prix.

L’enjeu est donc d’implanter une production locale d’autant plus que l'Égypte présente plusieurs avantages. L’Egypte est parfaitement située géographiquement, ce qui lui permet d'exporter vers l'Europe et l'Afrique. Le coût de la production, en ce qui concerne la main-d'œuvre, le transport et l'énergie, est compétitif.

Le prochain objectif est donc de trouver à l’Egypte le bon partenaire et le bon produit, ce qui devrait se mettre en place dans les 12 prochains mois.


Afin que les VE se développent en Égypte, il est nécessaire d’établir une stratégie globale : il faudrait encourager les consommateurs, les fabricants et les distributeurs, ainsi que les fournisseurs d'infrastructures.  

Pour poursuivre sa transition énergétique, l’Egypte a décidé d’étendre l’usage de l’électrique à d’autres types de véhicules: en effet, avec l’annonce d’un plan de renouvellement annuel de 5% des flottes de véhicules des agences et entreprises placées sous son autorité, le Ministère des Entreprises Publiques amorce une transition vers le déploiement de véhicules électriques. Or, dans le même temps, le Ministère du Commerce et de l’Industrie hâte son programme de conversion des moteurs les plus polluants au gaz naturel. Le secteur espère néanmoins l’adoption prochaine d’une stratégie nationale qui pourra véritablement permettre l’essor d’un marché local à travers la construction d’une infrastructure de chargement solide et l’adaptation du cadre règlementaire. L’opportunité d’un renouvellement des flottes d’utilitaires et de transports collectifs (taxis, bus, microbus) en fait à première vue un marché plus attractif. A Alexandrie, 15 bus électriques chinois (BYD) circulent déjà, opérés par l’APTA (Alexandria Passenger Transport Authority) et des projets similaires pourraient prochainement être introduits dans le Grand Caire.


Des défis majeurs expliquent la faible pénétration du marché à ce jour, auxquels s’ajoutent des incertitudes inhérentes à la technologie elle-même, liées à l’impact sur le réseau électrique, la durée de vie de la batterie et la performance en climat chaud désertique. Par ailleurs, les infrastructures de chargement de ces véhicules restent embryonnaires ce qui handicape le développement du parc automobile électrique en Egypte.


Pourtant l’objectif du gouvernement égyptien est bien de trouver des solutions pour la décarbonisation des transports. En effet, dans la région du Grand Caire, les émissions de véhicules sont responsables d’un tiers des émissions de particules de matières. Le niveau élevé de sulfure du diesel (>5000 ppm en 2019) affecte la qualité de l’air. Le nuage noir de pollution de la ville du Caire représente 42% de la pollution atmosphérique du pays. Les avantages du véhicule électrique sur le moteur diesel (réduction des fumées noire et des nuisances sonores et olfactives) en font une option séduisante pour impulser une décarbonation du secteur des transports. Néanmoins, dans un contexte de surproduction gazière, on assiste à une concurrence entre les « quick wins » d’une conversion des moteurs les plus polluants au gaz naturel et les bénéfices à plus long terme de la mobilité électrique. L’annonce récente par le Ministère du Commerce et de l’Industrie d’un plan pluriannuel (320 Mds EGP pour 1,8 M de véhicules) pour la conversion ou le remplacement de véhicules diesel (taxis et microbus de plus de 20 ans) par des moteurs « Dual Fuel » répond au double impératif de réduction des importations pétrolières et de maximisation du surplus gazier. Une série de mesures d’incitation financière est annoncée par le gouvernement (subvention de 50 000 EGP pour l’achat d’un véhicule) et un programme de renouvellement partiel des véhicules usagés des administrations et entreprises du secteur public (5% chaque année) par des véhicules électriques. Des mesures d’incitations pour l’achat de taxis électriques sont également envisagées.


De ce fait, la mobilité au sein des villes va considérablement changer au cours des prochaines années en Egypte pour tendre vers un parc automobile et logistique plus respectueux de l’environnement avec le développement de l’électrique face à la menace de la pollution atmosphérique, ennemi principal de la santé des Égyptiens. Pour renforcer cette mesure, la stratégie égyptienne tend vers une logique de production tournée vers l’export et d’assemblage local créatrice d’emplois peu qualifiés. Des accords de coopération avec la Chine ont été signés en ce sens. En 2019, deux accords ont été signés par le Ministère de la Production Militaire. Le premier accord, conclu avec Foton Motors, prévoit la création d’une chaîne de production de bus électriques (2 000 bus sur 4 ans) avec le fabricant de véhicules militaires IMUT, et un second avec SSE international pour la construction de 1000 stations de chargements sur 3 ans. En juin 2020, un MoU a été signé entre le constructeur chinois Dongfeng Motor et la holding des industries métallurgiques du Ministère des Entreprises Publiques pour l’assemblage de voitures électriques (25 000 unités/an) dans les usines d’El Nasr, fermées depuis 2009 (coût de lancement de l’opération pour fin 2021 estimé à 500 M EGP).

De plus, le 15 septembre 2021, la Banque mondiale a débloqué un financement de 200 millions de dollars en faveur du projet de gestion de la pollution de l’air et du changement climatique dans la région du grand Caire. L’initiative qui a été validée par la Banque en 2020, a pour objectif d’améliorer la qualité de l’air dans le grand Caire et de limiter les impacts du changement climatique. Le projet qui sera mis en œuvre par le ministère égyptien de l’Environnement avec l’aide d’autres ministères et institutions, est structuré en quatre axes principaux : renforcer le système d’aide à la décision sur la qualité de l’air local, soutenir la mise en œuvre de plans de gestion des déchets solides dans la zone, travailler à la réduction des émissions du système de transport en commun et modifier les comportements des citadins et la sensibilisation à la pollution de l’air. Le projet inclut également la construction d’un complexe d’entreposage, de traitement et de recyclage des déchets.

 

Sources :