Date de publication :
L’industrie porcine irlandaise est en forte crise, que l’IFA décrit comme « une crise des revenus sans précédent ». La flambée des coûts des aliments pour animaux, les pénuries de main-d'œuvre dans les usines de viande, la hausse des prix de l’énergie et la baisse du prix du porc sur le marché mondial en raison des marchés d'exportation fluctuants ont créé un environnement fort contraignant pour les 290 éleveurs de porcs commerciaux de l'État. Le Brexit a aussi joué son rôle, en entraînant une baisse de 47% du volume des exportations irlandaises de porc et de bacon vers le Royaume-Uni.
Les éleveurs de porcs irlandais sont parmi les rares agriculteurs à fonctionner sans subventions gouvernementales, s'appuyant plutôt sur des économies d'échelle avec des unités de porcs intensives et couvertes fournissant 99% des 336 000 tonnes de porc irlandais produites chaque année. Chacune des 160 000 truies du pays devrait produire en moyenne 28 porcelets par an. Le système a attiré les critiques des militants du bien-être animal qui mettent en garde contre le traitement des porcs, tandis que les écologistes s'inquiètent des conséquences de la pollution.
Les porcs, connus pour être des créatures intelligentes, manquent cependant de stimulation lorsqu'ils sont logés dans des conditions de surpeuplement, causant stress et agressivité. L'amputation de la queue est effectuée à titre préventif pour éviter que les porcs ne se blessent les uns les autres. Si une directive du Conseil européen a interdit la caudectomie de routine il y a 20 ans, les stipulations de Bord Bia autorisent la pratique de la coupe des dents et de la caudectomie sur les porcelets de moins d'une semaine. En revanche, l'organisme de certification agricole Red Tractor équivalent au Royaume-Uni a complètement interdit les deux pratiques.
Le ministre de l’Agriculture, Charlie McConalogue a rencontré les éleveurs de porcs pour s’attaquer aux problèmes actuels. Durant cette rencontre, qui s’est tenue le 3 février dernier, il a renouvelé son soutien au secteur irlandais, qui perdrait plus de 35€ par porc produit. Selon l’IFA, il se serait engagé à établir une aide financière directe aux éleveurs.
Au Royaume-Uni, la situation du secteur porcin n’est guère mieux et semble encore se dégrader : un excédent de 170 000 porcs serait en attente d’abattage et plusieurs milliers de porcs ont été euthanasiés. Lors d’une session de questions/réponses au Parlement, le ministre George Eustice a provoqué la colère de la British Meat Processors Association et des éleveurs, suite à son affirmation que son ministère avait fait tout ce qu’il pouvait pour aider les éleveurs et les abattoirs mais que les transformateurs ne s’étaient pas emparés des outils mis à leur disposition (visa temporaire pour les bouchers, aide au stockage privé).
Un « sommet » a eu lieu le 10 février dernier au ministère pour réunir des représentants de toute la chaîne de production et identifier les solutions à mettre en œuvre. Ce dernier a conduit à un optimisme réservé, le gouvernement admettant l'injustice de la crise et prétendant commencer immédiatement à dialoguer avec l'industrie à ce sujet, avec une consultation prévue plus tard cette année. Cela viendra s'ajouter aux mesures qui ont déjà été introduites pour relever les défis actuels, notamment les visas temporaires pour les charcutiers (dans la limite de 800). Le ministre a également souligné deux programmes gouvernementaux - le financement de l'aide au stockage privé et un paiement incitatif à l'abattage pour aider les transformateurs à faire face aux coûts de fonctionnement des équipes supplémentaires. Les deux programmes ont récemment été prolongés jusqu'à fin mars.