La réorientation du paysage énergétique polonais pourrait engendrer la nécessité, dans les dix années à venir et au prix d’une dizaine de milliards de PLN (un peu plus de 2 milliards d’euros), de repenser tout le réseau d’alimentation énergétique du pays et de mettre en place une nouvelle « autoroute énergétique » reliant le sud au nord du pays. Historiquement, c’est le sud de la Pologne et principalement la région de Silésie, riche en mines de charbon, qui alimentait le pays en énergie électrique. Aujourd’hui, et cela peut paraitre étonnant au premier abord, les régions du sud sont devenues un importateur net d’électricité et leur dépendance ne cesse de s’accroitre. Les centrales à charbon disparaissent progressivement. 

La transition énergétique regarde vers le nord, la géographie de la Pologne oblige. Désormais, la plupart des quelque 7 GW de capacité éolienne terrestre sont concentrés dans les trois régions du nord. D'ici les années 2030, 11 GW de capacité supplémentaire, issus du rendement des parcs éoliens off-shore, et 3 GW de capacité supplémentaire d’énergie nucléaire viendront renforcer la production électrique du nord. 

Se pose alors le problème de l’acheminement de cette production vers le sud. PSE (Réseau Électrique Polonais) a commencé à planifier la construction d'une autoroute électrique. Avec des connexions aussi longues (environ 700km), il est rentable de construire des « autoroutes » de l'énergie, c'est-à-dire des connexions qui s’appuient sur les tensions les plus élevées du courant continu (plus de 500 kV). En bref, beaucoup de puissance et peu de pertes d’énergie. 

Le plan de développement de PSE à l'horizon 2032, publié ce 14 mars, prévoit des dépenses totales nécessaires au développement des réseaux de transmission au cours des années 2022-2032 à hauteur de 36 milliards de PLN (7,7 milliards d’euros courants). En plus d’un investissement massif, la tâche risque d’être compliquée par la population elle-même, comme en témoigne l’exemple allemand : la construction de ces lignes THT est décriée par les riverains qui ne veulent pas de nouveaux réseaux électriques près de chez eux.