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La guerre actuelle en Ukraine et la discussion sur les sanctions envers la Russie bouleversent le marché des matières premières. En effet, de nombreuses matières premières russes sont négociées à grande échelle via la Suisse. Un grand nombre de groupes russes de matières premières ont des filiales sur les bords du lac Léman, à Zoug ou dans le Tessin, tels que Glencore, Trafigura, Vitol, Mercuria ou Gunvor, mais aussi des entreprises plus petites. Des institutions financières russes comme Sberbank et Gazprombank ont également des filiales suisses qui sont en partie actives dans le financement du commerce des matières premières.
Environ 25 à 30 % des exportations de matières premières russes (pétrole, gaz naturel, produits agricoles, métaux, produits chimiques ainsi que le commerce de transit) passeraient par la Suisse, d'après la valeur moyenne déterminée pour la période allant de 2012 à 2018. Selon la Banque nationale suisse, la valeur des matières premières achetées à la Russie et revendues dans le monde entier se situait entre 57 et 105 Mds d'EUR dans les années précédant la pandémie. Les économistes du Crédit Suisse estiment que le commerce de matières premières avec la Russie a assuré un excédent de la balance des paiements courants suisse de 1 à 2,4 % de la performance économique.
Le groupe suisse de matières premières Glencore a annoncé qu'il reconsidérait sa participation dans l'entreprise publique russe Rosneft ainsi que dans le groupe métallurgique En+. Le négociant genevois Trafigura, qui a récemment pris une participation de 10 % dans Vostok Oil, le plus grand projet d'extraction de Rosneft dans l'Arctique, a également annoncé réexaminer ses options de participation.
Enfin, les sanctions poussent les institutions financières à se retirer du financement, alors que les importantes fluctuations de prix entraînent un besoin accru de financement pour les négociants en matières premières.
Source : Gerald Hosp, 17/03/2022, Neue Zürcher Zeitung nzz.ch