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Le gouvernement de Hong Kong commence à assouplir les mesures de distanciation sociale tout en restant sur ses gardes face au risque d’une recrudescence des cas de la Covid19, peu probable pour le moment avec une population vaccinée à 93% (1ère dose), 85,7% (2ème dose) et à 47% (3ème dose). Toutefois, pour mieux anticiper ce risque, le gouvernement compte sur les dernières innovations apportées aux tests de dépistage et de détection des effets secondaires après contamination par les différents laboratoires et universités de Hong Kong.
A l’exemple de l’équipe de recherche du Professeur Shea-ping YIP (responsable du département de santé) de l’université polytechnique de Hong Kong, qui a mis au point un appareil plus précis, que le test rapide d’antigène (RAT), et plus rapide que le dépistage par réaction en chaine par polymérase (PCR), pour détecter le coronavirus chez les individus et l’environnement, sans besoin de passer par un laboratoire. L’utilisation d’un type de test d'acide nucléique simplifié (RT-Lamp) associé à une technologie impliquant des nanoparticules d'or comme réactif, pour détecter le virus, sont les principaux éléments de ce nouvel appareil. Il suffit de mélanger les échantillons de prélèvements à une solution à base de nanoparticules d’or dans un tube à essai, qui sera ensuite introduit dans le détecteur. Les risques de contamination par l’appareil sont très faibles sachant que les échantillons sont enfermés dans le détecteur, selon le docteur Thomas LEE (chef associé du département de génie biomédical). Une subvention, financée par Food and Health Bureau, a été allouée pour ce projet de 297 000 EUR. Aujourd’hui des pourparlers sont en cours avec le gouvernement de Hong Kong pour l’utilisation massive de cet appareil tant dans les maisons de retraite, que dans les cliniques, centres d’isolement ou encore les écoles.
De son côté, la start-up hongkongaise de biotechnologie basée à Kwun Tong, Phase Scientific International ltd (PSI) a quintuplé sa production de kits test rapide Covid-19, passant de 2 millions d’ensembles de ses kits « Indicaid » fin 2021, à 30 millions pour le seul mois de février 2022, avec pour objectif de produire 50 millions de kits par mois, d’ici Juin prochain. Le gouvernement hongkongais avait juste acheté 300 000 Kits Indicaid avant le nouvel an chinois, insuffisant face à l’ampleur de la cinquième vague, comme le souligne Ricky Yin-to Chiu (fondateur et directeur de PSI): "Hong Kong est un retardataire dans les tests rapides". Approuvés par la FDA pour une utilisation dans les laboratoires agréés, et le plus grand marché actuel pour PSI, la production des kits a nécessité de renforcer l’effectif de PSI tant dans son usine de production à Shenzhen (400 employés), qu’à Hong Kong pour les opérations d’assemblage et de contrôle qualité. Malgré les difficultés d’approvisionnements de membrane de nitrocellulose et d’expéditions à des couts toujours en forte augmentation, les kits de PSI sont également en vente libre à Hong Kong, sur les sites de vente en ligne des deux principales chaines parapharmacies (Mannings et Watsons).
Parallèlement, le centre de recherche sur le microbiote intestinal de l’université chinoise de Hong Kong a mis au point une nouvelle technologie d’analyse pour détecter les risques d’effets secondaires à long terme (problèmes intestinaux) auprès des patients post-covid. L’équipe de professeur Ng Siew Chien (directeur du centre) a été la première au monde à mettre en lumière que les patients Covid ont un déséquilibre des différentes bactéries intestinal (microbiome), entrainant des essoufflements ou encore une fatigue prolongée, de l’insomnie et la perte du gout. La simple analyse de selles, permettra de déterminer si le patient post-covid a des risques intestinaux ou pas, en moins de quinze jours. Le procédé s’appuie sur un algorithme créé à partir d’une base de données de plus de 1200 échantillons de selles d’individus , en bonne santé, post-covid et atteints d’autres maladies. Les résultats, d’une précédente étude conduite auprès de 106 patients atteints du Covid, ont montré que trois sur quatre patients développaient un long symptôme post-Covid, et un tiers en développait plus de trois. L’objectif finale de l’équipe de recherche du professeur Ng Siew est de rétablir ce déséquilibre des bactéries intestinales , en ayant au préalablement identifié le microbiome intestinal unique pour mieux traiter avec un supplément probiotique SIMo1 développé par CUHK et vendu par GenieBiome (64 US$ par une boite de 28 sachets).
Les premiers résultats d’un test préliminaire mené sur un échantillon de 36 personnes infectés sont encourageants. 94% de ces patients ayant été traités aux SIMo1 n’ont pas développé de long symptômes postCovid sur l’année. Toutefois une étude clinique auprès de 400 patients est planifiée sur les quatre prochaines années, afin de confirmer l’efficacité réelle de SIM01 dans le traitement des longs symptômes postcovid.
Dernièrement le groupe chinois de développement de vaccins , China National Biotec Group Co Ltd (filiale de la société d’état Sinopharm) a obtenu l’autorisation de lancer des essais cliniques à Hong Kong pour trois vaccins inactivés chinois, ciblant la variante omicron. Deux de ces vaccins ont été développés par China National Biotec et Wuhan Institut of Biological Products co. Le troisième vaccin inactivé, sur la souche originale du virus, a été conçu par Sinovac Biotech ltd. L’objectif est de vérifier la capacité à stimuler une réponse immunitaire (immunogénicité), chez les adultes ayant déjà reçu deux ou trois doses, et de s’assurer de la sécurité des inoculations (innocuité). Ces essais cliniques de phase deux seront menés à partir d’un échantillon de 1 800 personnes, à Hong Kong University.
Face à la forte compétitivité qui se joue entre les plus grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux depuis ses deux dernières années, consolider les collaborations est devenu primordiale comme le souligne Ivan, Fan-ngai HUNG (professeur de Hong Kong University) :"La partie continentale dispose d'un très solide soutien en laboratoire et pharmaceutique, tandis que Hong Kong possède l'expertise et le soutien nécessaires pour mener des essais cliniques".
Source : 16/04/22 –Zhuang Pinghui et Cannix Yau – South China Morning Post