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Les patients éligibles au NHS (National Health Service) n'ont pas accès à de nouveaux médicaments qui pourraient prolonger leur vie et apporter des milliards de livres sterling à l'économie britannique. Au total, 1,2 million de patients éligibles ne bénéficient pas actuellement des traitements du NHS dans une analyse portée sur 4 maladies seulement. Une nouvelle étude réalisée par PwC pour l'ABPI (Association of the British Pharmaceutical Industry) indique comment l'utilisation de 13 médicaments dans quatre domaines de traitement (prévention des accidents vasculaires cérébraux, maladies rénales, asthme et diabète de type 2) peut à la fois améliorer les soins aux patients tout en bénéficiant à l'économie britannique.
Au total, l'extension de l'utilisation de ces médicaments permettrait aux patients de bénéficier de plus de 429 000 années de vie pondérées par la qualité (QALY : quality-adjusted life year) supplémentaire avec des gains de productivité estimés à 21,5 Mds EUR qui profiteraient à l'économie britannique. Ces améliorations varient selon les pathologies :
• diabète de type 2 : 214 100 QALY et 9,6 Mds EUR
• asthme sévère : 153 900 QALY et 11,5 Mds EUR
• accident vasculaire cérébral (anticoagulations oraux directs AOD) : 31 400 QALY et 102 M EUR
Ces gains de productivité feraient plus que compenser les coûts supplémentaires liés à l'augmentation de la consommation. Aussi, l'initiative pourrait également contribuer à la lutte contre les inégalités en matière de santé. En effet, de nombreuses causes majeures de morbidité et de mortalité, dont l'asthme, touchent de manière disproportionnée les personnes issues de milieux socio-économiques défavorisés.
Le rapport met en évidence trois défis clés à relever pour améliorer les résultats des patients et garantir le maintien du statut du Royaume-Uni en tant que marché de lancement prioritaire pour les nouveaux médicaments :
• Un accès au marché facilité : les patients britanniques ont un moindre accès aux médicaments innovants. Entre 2015 et 2019, parmi les recommandations positives formulées par le NICE (National Institute for Health and Care Excellence), 43% des médicaments ont été limités à des populations réduites par rapport à celles recommandées par les régulateurs britanniques et européens. Parmi ceux-ci, 65% ont été approuvés pour la moitié du nombre recommandé et 35% ont été donnés à moins d'un quart des patients au Royaume-Uni.
• La rapidité d'accès : entre l'autorisation et la première utilisation d'un nouveau médicament par le NHS England, le temps d'attente moyen est de presque 11 mois (335 jours). En revanche, en Allemagne, les patients peuvent s'attendre à recevoir un nouveau médicament presque trois fois plus vite (120 jours). L'Angleterre se classe au 7ème rang des pays de comparaison et l'Écosse au 11ème rang.
• Ampleur et rythme de l'adoption : L'analyse du gouvernement montre que pour plus de 75 médicaments recommandés par le NICE et lancés entre 2013 et 2019, l'utilisation au Royaume-Uni dans les cinq premières années suivant le lancement est inférieure lorsqu'on la compare à la moyenne de 15 autres pays.
Les arguments en faveur de l'investissement dans les médicaments innovants sont pourtant évidents. D'un point de vue macroéconomique, le Royaume-Uni est le pays qui dépense le moins en pourcentage de PIB parmi les nations du G7. Le Royaume-Uni dépense également le moins par habitant pour les produits pharmaceutiques par rapport à 9 pays à revenu élevé qui lui sont comparables : les États-Unis, l'Allemagne, le Japon, la France, l'Australie, l'Espagne, la Corée du Sud, l'Italie et le Canada. Cela signifie que pour chaque tranche de 100 GBP (120 EUR) de PIB, le Royaume-Uni ne dépense que 0,81 GBP (0,97 EUR) en produits pharmaceutiques, contre 2,35 GBP (2,4 EUR) aux États-Unis, 1,94 GBP (2,33 EUR) en Allemagne et 1,84 GBP (2,21 EUR) au Japon.
Le rapport souligne l'impact de la pandémie et le faible niveau d'investissement dans les médicaments et thérapies qui ont contribué à renouveler les défis existants. Les recherches montrent que les patients britanniques sont confrontés à des taux de survie plus faibles pour des maladies telles que le cancer, la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) et les accidents vasculaires cérébraux en comparaison à d'autres pays développés. L'analyse de 2020 montre que pour les taux de survie au cancer du sein, le Royaume-Uni se classe 14ème sur 18 pays développés et 15ème pour le cancer du col de l'utérus. Pour le cancer du côlon, le Royaume-Uni est en queue de peloton.
Avec la prochaine vague de médicaments innovants - plus de 30 000 nouveaux essais cliniques ont commencé depuis 2015 - d'autres avancées révolutionnaires peuvent apporter un changement radical dans les résultats de santé dans les années à venir. Le rapport suggère que l'innovation pharmaceutique continuera d'être un moteur important de la santé et de la richesse du Royaume-Uni.
Richard Torbett, directeur général de l'ABPI, a déclaré : "La pandémie a mis en évidence de manière frappante la relation entre la santé de la population et la santé de l'économie. Les médicaments et les vaccins jouent un rôle essentiel dans notre retour au travail. Ce rapport montre comment nous pouvons utiliser l'expérience de COVID pour prévenir et traiter d'autres maladies qui freinent l'économie. Les preuves sont claires : fournir aux patients les médicaments auxquels ils ont éligibles aidera les gens à vivre plus longtemps et en meilleure santé, tout en développant l'économie et en augmentant les recettes fiscales pour le gouvernement.
L'investissement dans les médicaments permet déjà de créer des services de santé plus efficaces dans les pays du monde entier, ce qui se traduit par de meilleurs résultats en matière de santé et de meilleurs taux de survie. Nous devrions nous efforcer de faire de même."
Sources :
13 mai 2022, ABPI Association of the British Pharmaceutical Industry
EFPIA Patients W.A.I.T Indicator 2021 Survey, avril 2022, IQVIA
https://www.efpia.eu/media/636821/efpia-patients-wait-indicator-final.pdf
Annual Report and Accounts 2020/21, janvier 2022, Public Health England
Taux de chancellerie GBP: 1,202