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Le temps presse pour parvenir à une solution politique sur la manière dont le ministère de l'agriculture mettra en œuvre les changements réglementaires imminents de l'UE sur l'approvisionnement en médicaments vétérinaires. Ces nouvelles réglementations de l'UE vont avoir un impact considérable en l'Irlande, notamment sur le secteur agroalimentaire et aux secteurs affiliés.
Techniquement, tous les médicaments vétérinaires nécessitent des prescriptions dans l'UE depuis le début des années 2000. Cependant, l'Irlande avait fait usage d'une dérogation au titre de ce règlement qui permettait la vente sans ordonnance de médicaments vétérinaires destinés à être utilisés sur des animaux producteurs de denrées alimentaires, si l'utilisation de ce médicament ne présentait pas de risque pour la santé humaine. A la suite d'un rapport publié en 2019 par la Health Products Regulatory Authority (HPRA), le secteur s'attend à ce qu'à partir de janvier 2022, cette exception ne s'applique plus à l'Irlande, signifiant que ces médicaments devront être prescrits par une ordonnance. On cite notamment la catégorie des antiparasitaires pour le bétail, en raison des preuves de résistance aux anthelminthiques chez les bovins.
Actuellement, des centaines de commerçants agréés, ayant une qualification QQI, fournissent un précieux service d'approvisionnement en médicaments aux agriculteurs dans plus de 900 magasins agréés et 300 pharmacies à l'échelle nationale. Ces personnes craignent aujourd’hui de perdre une partie de leurs revenus à cause de cette directive, qui entraînera un déplacement important des ventes des coopératives et des commerçants vers les vétérinaires. L’industrie souhaite que l’importance stratégique des coopératives, grandes et petites, soit davantage reconnue dans le domaine de la santé animale, et que le Conseil vétérinaire n’excède pas ses fonctions à cet égard. Les agriculteurs seront également probablement touchés par des frais supplémentaires pour ces demandes d’ordonnances, réduisant davantage leurs marges bénéficiaires déjà faibles.
Selon le Conseil vétérinaire, cette directive s’explique néanmoins par le fait que l’utilisation nationale globale d’antibiotiques a augmenté et que de limiter leur autorisation aiderait à en réduire l’utilisation à la ferme. Cependant, il n’est pas dans l’intérêt des coopératives de vendre plus de médicaments, mais seulement d’être en mesure de les vendre à leurs membres en temps opportun et de manière rentable.
La TD (Teachta Dála) de Roscommon-Galwaya (une circonscription parlementaire du Dáil Éireann, la chambre basse du parlement irlandais) a averti que certains agriculteurs risquent de se tourner vers l'Irlande du Nord pour l’achat de ces produits en raison de leurs coûts inférieurs.
Selon l’ICOS, l’Irish Cooperative Organisation Society, la meilleure solution serait d’étudier la possibilité d’étendre le droit de prescrire aux « personnes responsables » qui travaillent actuellement dans les coopératives et aux commerçants. Cependant, pour ce faire, la collecte de données et les contrôles associés à cela doivent être améliorés, afin que l'utilisation puisse être réduite.
Pour illustrer ses propos, l’ICOS a fait valoir que les coopératives ont fait preuve d'une « initiative importante » pour réduire l'utilisation des antibiotiques. Dairygold - l’une des plus grandes coopératives d’Irlande - a effectivement réduit ses ventes de tubes antibiotiques pour vaches taries de 35% au cours des 10 dernières années et a en parallèle augmenté de 64% ses ventes de scellants à trayons simples. Elles ont ainsi redoublé d’efforts au niveau national pour améliorer la qualité du lait et la santé mammaire grâce à des programmes coopératifs individuels de lutte contre la mammite, entrainant une réduction importante du nombre de cellules somatiques et de l'utilisation d'antibiotiques.
Des complications similaires liées à la lourdeur de la réglementation administrative ont aussi vu le jour dans d’autres secteurs dans le pays. ll semble que l'Irlande soit dans une course pour fermer ses industries autochtones afin d'être considérée comme bon élève ; mais ce faisant, elle laisse le pays extrêmement vulnérable et dépendant les uns aux autres.