Le changement climatique, l'inflation mondiale, les coûts logistiques en hausse et des consommateurs de plus en plus exigeants sont quelques-uns des défis auxquels l'industrie vinicole argentine est actuellement confrontée. Groupe Peñaflor, un des 10 les plus importants au niveau mondial, nous explique leur stratégie.

Le Groupe Peñaflor est classé parmi les 10 premiers producteurs de vin au niveau mondial. Il est le 1er exportateur de vins embouteillés en Argentine (vers plus de 95 pays) et le principal producteur de malbec au monde. Il travaille avec plus de 700 producteurs de raisins indépendants, emploie 2 900 personnes, possède 3 200 hectares de vignobles, dispose de 12 installations de production et est présent dans 6 provinces viticoles argentines. Il se distingue par sa culture de raisins en dehors des zones les plus traditionnelles, telles que le sud et la province de Buenos Aires. Son objectif est de devenir le 5e groupe vitivinicole au niveau mondial.

Dans la province de San Juan, il possède Finca Las Moras, une cave jeune et innovante qui remet en question le statu quo de l'industrie en pensant davantage aux consommateurs qu'aux connaissances techniques. Sur ce site de production, le groupe aborde la production de vins de manière plus décontractée et dispose des vignobles sur différentes vallées : celle de Tulum, de Calingasta et de Pedernal, cette dernière étant une des vallées emblématiques de l'Argentine.

Dans la province de Mendoza, il dispose de Bodegas Trapiche, Navarro Correas, Bodega Santa Ana, Bodega Suter et d'autres producteurs. Trapiche est leur cave emblématique qui, bien qu'elle se trouve à Maipú, dépasse le cadre de Mendoza. C'est une sorte de cave "exploratrice" : avec elle, le groupe a pu mettre un pied sur Costa y Pampa, à Chapadmalal. Ce site fête bientôt ses 140 ans et est la 1ère cave à produire des vins océaniques. Toute l'industrie est établie dans l'ouest de l'Argentine, qui est plutôt désertique, mais l’Argentine possède une côte très étendue et encore peu explorée. Peñaflor détient également des vignobles sur la côte atlantique argentine. Dans cette région, il faut revenir aux bases de la connaissance, étudier le climat, les sols et déterminer quelles variétés peuvent s'adapter. Sur la côte et à Pampa, ce sont principalement des variétés blanches à cycle court et du pinot noir. Le groupe a réalisé une étude de similarité climatique, en comparant les zones climatiques du monde. Bien sûr, elles ne sont jamais identiques à 100 %, mais c'est ce qui rend la question intéressante. Dans ce cas, les paramètres étaient similaires à ceux de la Nouvelle-Zélande et on obtient des profils de vin très bons, moins alcoolisés que dans l'ouest de l'Argentine.

Il y a environ 3 ans, le Groupe Peñaflor a acheté une cave à San Patricio del Chañar. Les responsables du groupe soutiennent que l'industrie vinicole argentine va migrer de plus en plus vers la Patagonie pour différentes raisons. Il reste encore de nombreuses zones à explorer en Argentine. Le plus grand défi est probablement la qualité des informations météorologiques, qui est la 1ère étape pour analyser le potentiel d'une région viticole et le profil du vin qui peut être produit.

En plus d’une vaste côte atlantique, le pays bénéficie aussi d’une Patagonie très diversifiée. On découvre des choses plus intéressantes lorsque l'on pousse la vigne dans des situations plus extrêmes. Il y a des zones, comme les montagnes de San Luis et de Córdoba, et toute la région de la Mesopotamie, où la culture de la vigne n'est pas possible en raison des températures élevées, de l'humidité relative et des précipitations. La vigne est originaire d'une zone au climat continental avec des pluies plutôt hivernales.

Cependant, dans le cas de la province de Buenos Aires, à partir de Chapadmalal vers le sud, les températures deviennent plus fraîches. Bien qu'il y ait des précipitations pendant le printemps et l'été, le vent permet la culture de la vigne car il sèche rapidement les raisins. C'est un processus très intéressant d'essais et d'erreurs.

Du point de vue de la production, cette année présente de nombreux défis en raison des gelées qui ont eu lieu jusqu'à la fin d'octobre et au début de novembre. Un front froid polaire a causé des dommages à la production dans toute l'Argentine, ce qui se traduira par une récolte en volume plus réduite. L'Argentine connaît des récoltes plus courtes ces dernières années. Les productions moyennes qui tournaient autour de 24 millions de quintaux atteignent maintenant 21 millions de quintaux. Cela est dû à divers facteurs, tels qu'une série de plus de 10 ans de sécheresse et de manque de chutes de neige suffisantes dans la cordillère. Dans les zones d'irrigation, où l'on dépend de l'eau des rivières et des nappes souterraines des aquifères de haute montagne, cette situation a eu un impact significatif.

Malgré ces défis, l'industrie vinicole argentine continue d'explorer de nouvelles zones et de s'adapter aux conditions changeantes. La diversité géographique du pays offre des opportunités pour découvrir et produire des vins uniques dans différentes régions, ce qui élargit l'offre et la diversité du vin argentin.

Source : Forbes Argentina, 17 mai 2023