Date de publication :

Secteur Transition écologique
Pays concerné
Belgique
Thématique
Bernard Pinatel, membre du Comité exécutif et responsable de TotalEnergies pour la Belgique, affirme dans une interview à Trends-Tendances que son groupe peut jouer un rôle crucial dans la décarbonation de l'économie. En charge de la stratégie belge, il souligne l'ambition du groupe de contribuer à la décarbonation des activités, tout en restant fidèle à ses fondamentaux. En 2014, Patrick Pouyanné, Directeur de Total Energies a pris ses fonctions avec une intuition : "en plus de notre cœur de métier (le gaz et le pétrole), nous devons créer un nouveau pilier autour de l'électricité décarbonée, qui sera l'énergie du 21e siècle. Nous avons identifié cet axe et l'avons développé de manière significative". En effet, même si Total Énergies se porte très bien (résultats récents excellents et  investisseurs satisfaits). Le groupe s'engage à la fois dans les énergies renouvelables et dans les énergies fossiles à faible émission de carbone. TotaleEnergies affirme que ses résultats dans le gaz et le pétrole lui permettent de financer la transition énergétique et de développer un deuxième pilier axé sur l'électricité décarbonée. L'approche du groupe est intégrée : il utilise des sources renouvelables ou du gaz comme complément pour produire de l'électricité dans des centrales. Cette électricité est ensuite agrégée avec du trading et distribuée aux clients de TotalEnergies. En Belgique, c'est ce qui a justifié le rachat de Lampiris. Cette stratégie d'intégration est comparable à celle que TotalEnergies a menée dans le pétrole avec le raffinage et la distribution via les stations-services.
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Le système énergétique mondial repose encore à 80 % sur les énergies fossiles, une part qui ne diminue pas. La demande en énergie continue d'augmenter, tout comme la population. Plus d'1,5 md de personnes n'ont pas accès à l'énergie, et la part fossile de la demande a même augmenté. L'année dernière, la production de pétrole a augmenté d'environ 2 M de barils par jour, et cette croissance devrait se poursuivre cette année. question est posée de savoir si la hausse de la production d'énergies renouvelables est suffisante pour absorber la croissance de la demande énergétique globale. La réponse est claire : non, la croissance de la production d'énergies renouvelables ne fait qu'absorber la croissance de la demande énergétique. En d'autres termes, le mix énergétique mondial n'a pas changé depuis 20 ans : il est toujours composé de 80 % d'énergies fossiles et de 20 % d'énergies renouvelables. C'est une réalité dont il faut tenir compte lorsqu'on réfléchit à la transition énergétique et à la lutte contre le changement climatique. Il est nécessaire d'accélérer le développement et le déploiement des énergies renouvelables pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et atteindre les objectifs de neutralité carbone.

Total Énergies affirme que son discours est cohérent et constant : il s'agit de répondre à un besoin en énergie. Le groupe s'efforce de le faire en utilisant du pétrole et du gaz à faible émission de carbone, tout en reconnaissant que ces ressources émettent toujours du carbone. Selon Total Énergies, le système énergétique mondial va évoluer à partir de 2030, avec une stabilisation de la demande avant son déclin. Le groupe anticipe cette évolution en investissant dans l'électricité décarbonée, notamment via le solaire, l'éolien, les biocarburants et l'hydrogène. L'objectif de Total Énergies est d'atteindre le top 5 mondial des énergies renouvelables d'ici 2030. Cependant, le groupe continue d'investir dans le maintien de la production de pétrole et de gaz. Total Énergies explique que cela est indispensable pour compenser le déclin naturel de la production des champs de pétrole, qui est d'environ 3 à 4% par an. Si le groupe n'investissait pas pour maintenir la production, cela se traduirait par une baisse de la production et une augmentation des prix.

Total Énergies annonce un investissement de cinq milliards d'euros cette année dans les énergies renouvelables et les énergies bas carbone. Face à l'objectif européen de neutralité carbone en 2050, Total Énergies affirme que cet objectif est non seulement tenable mais nécessaire. Le groupe s'est lui-même fixé l'objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050, à condition que le cadre réglementaire suive. Total Énergies souligne que les entreprises privées ne font pas les lois, mais qu'elles doivent s'adapter au contexte réglementaire. Le groupe a déjà défini une feuille de route pour atteindre cet objectif, en investissant dans les énergies renouvelables, l'éolien en mer, les carburants aériens durables, la capture de CO2 et l'hydrogène vert. L'hydrogène vert est considéré comme un axe de développement majeur pour Total Énergies en Belgique.

En effet, les raffineries du groupe en Europe consomment 500 000 tonnes d'hydrogène carboné par an, ce qui représente 5 millions de tonnes de CO2 émises dans l'atmosphère. Total Énergies a lancé un appel d'offres massif pour remplacer cet hydrogène carboné par de l'hydrogène vert, produit localement ou importé. Cet appel d'offres a rencontré un succès important, avec 60 propositions reçues pour des volumes représentant sept à dix fois les besoins du groupe. Une grande partie de cet enjeu se situe sur la raffinerie d'Anvers, la plus grande plateforme de Total Énergies en Europe. Le groupe ambitionne de créer un hub d'hydrogène vert à Anvers, qui permettra non seulement de décarboner la raffinerie, mais aussi de créer un système économique pour la production et l'importation d'hydrogène vert. Ce projet contribuera à la décarbonation de l'industrie belge et européenne et à la création d'une nouvelle économie verte.

Total Énergies confirme son engagement envers la Belgique, en soulignant l'importance de ses installations dans le pays. Le groupe a pris note de la stratégie hydrogène présentée par le premier ministre Alexander De Croo en octobre dernier, et y voit une opportunité de collaboration. Total Énergies se positionne comme l'acteur capable de concrétiser la vision du gouvernement belge en matière de hub d'importation d'hydrogène. Le groupe est enthousiaste à l'idée de contribuer au développement de l'économie de l'hydrogène en Belgique et de jouer un rôle actif dans la transition énergétique du pays.

Total Énergies souligne l'importance du soutien des autorités belges dans le développement de ses projets d'hydrogène vert. Le groupe reconnaît que si les incitants nationaux ne sont pas au même niveau que ceux d'autres pays, cela pourrait dissuader certains acteurs d'investir en Belgique. Cependant, Total Énergies se montre confiant que le gouvernement belge actuel comprend l'enjeu et est prêt à mettre en place les mesures nécessaires.

Le groupe est particulièrement motivé par le projet de hub d'hydrogène vert à Anvers, qui pourrait être un véritable moteur de la transition énergétique en Belgique. Anvers est un site stratégique pour Total Énergies, car il abrite sa plus grande raffinerie en Europe, ainsi que d'autres infrastructures importantes Le groupe voit également un grand potentiel dans le domaine de la capture, du transport et de la séquestration du CO2 (CCS) à Anvers. Total Énergies participe à un consortium avec d'autres acteurs majeurs pour développer une infrastructure de collecte de CO2 dans la région. Le groupe reconnaît que les investissements nécessaires pour la décarbonation sont importants, mais il estime qu'ils sont essentiels pour atteindre les objectifs climatiques. Total Énergies est en dialogue avec les autorités belges pour obtenir le soutien nécessaire à ses projets. Le groupe est optimiste quant à l'avenir de l'hydrogène vert et du CCS en Belgique et espère que les premiers projets concrets pourront être réalisés d'ici 2030.

La Belgique est-elle un point majeur de la stratégie du groupe ?

TotalEnergies répond clairement par l'affirmative. Le groupe souligne l'importance d'Anvers, où se trouve sa plus grande raffinerie en Europe, ainsi que de Feluy, qui abrite son plus grand laboratoire de recherche en matière de polymères. TotalEnergies est également actif dans le domaine de l'électricité en Belgique, avec des installations éoliennes, une centrale à gaz, une centrale hydraulique et une présence auprès des clients via Direct Energie. Le groupe souhaite continuer à investir dans les énergies renouvelables en Belgique, et voit le projet de l'île Princesse Elisabeth en mer du Nord comme un élément important de sa stratégie. Total Énergies souhaite également participer à l'appel d'offres pour la nouvelle zone éolienne offshore en Belgique. Le groupe souligne l'importance de la Belgique pour sa stratégie de mobilité, avec 10 000 bornes de recharge installées entre Bruxelles, Anvers et Gand.

En résumé, Total Énergies considère la Belgique comme un concentré de sa stratégie multi-énergie à l'échelle mondiale. Le groupe est convaincu que la Belgique a l'ambition et les atouts nécessaires pour réussir la transition énergétique, et il est prêt à y jouer un rôle actif. Total Énergies est présent en Belgique depuis plus de 100 ans et y dispose d'équipes de qualité. Le groupe est convaincu que la Belgique est un bon endroit pour investir et pour préparer l'avenir de l'énergie.

Source : Trends Tendances - 29/02/2024