Le changement climatique pousse les producteurs de vins à toujours s’adapter et innover, même en Allemagne. Les saisons avec des fortes températures estivales et la sécheresse ne sont plus une exception. Cette problématique demande plus d’efforts d’irrigation pour maîtriser le stress hydrique de la vigne.

L'irrigation goutte par goutte semble s’être imposée en Allemagne. Les avantages sont clairs : une répartition précise de l'eau, une réduction significative de la quantité d’eau nécessaire, et donc des coûts énergétiques.

Une nouvelle méthode encore récente se développe sur le marché et suscite actuellement l'intérêt des producteurs : l’irrigation goute par goutte sous terre. Des goutteurs souterrains spéciaux sont posés à une profondeur de 30 à 40 cm et à 10 à 20 cm du rang de vigne. L'eau parvient ainsi de manière ciblée là où elle est nécessaire : directement aux racines de la vigne.

Les avantages de cette nouvelle méthode :

- L'évaporation est réduite ;
- La consommation d'eau réduite ;
- Moins de travail lors de l'installation ;
- Moins de mauvaises herbes dans la partie inférieure de la plante.

Pour une efficacité maximum de cette méthode, le timing est décisif :  l'irrigation complémentaire ne devrait commencer qu'environ 20 jours après la floraison de la vigne. À partir de la fermeture de la grappe, l'approvisionnement en eau influence surtout le stockage des substances dans les baies. Ainsi, une irrigation à partir de ce moment du développement des baies favorise particulièrement la qualité et stabilise le rendement.

Les jeunes plantations situées hors pente ou les vignes haute-tige présentent souvent un stress hydrique, bien avant que celui-ci ne soit visible dans les plantations productives. Pour cette raison, il est primordial de pouvoir observer et de disposer d’outils de données permettant de mieux gérer les besoins en irrigation.

La région de la Franconie (Bavière) est la plus touchée par la sécheresse en Allemagne et a mis en place un programme de recherche (jusqu’en février 2027) dont l’objectif est d’utiliser l’eau le plus efficacement et le plus économiquement possible, l'utilisation de l'eau doit être réduite et ramenée à un minimum productif. D'une manière générale, il s'agit de proposer aux producteurs des aides à la décision et des solutions pratiques afin de pouvoir réagir, d'un point de vue écologique et économique, aux conséquences du changement climatique, aux exigences accrues du marché et aux contraintes législatives. Pour cela une application spécifique gratuite a été développée et sert d’outil de planification, de calcul et de documentation des mesures d'irrigation.

Dans le cadre de ce projet, la pertinence de la mesure thermométrique par drone est également en cours d’étude. En effet, l'évaluation à grande échelle de l'état hydrique d'une surface ou d'une commune entière pose jusqu'à présent encore certains problèmes. Pour ce faire, on utilise des caméras haute résolution, des caméras multispectrales et des caméras thermiques. L'objectif est d'obtenir des informations sur l'état de la vigne – celles-ci restant invisibles à l'œil nu. Cette méthode permet de recueillir de très nombreuses informations sur l'alimentation en nutriments ou l'état de santé de la vigne.

Dans le Bade-Wurtemberg ce sont des réservoirs d’eau ou des puits (construits il y a des décennies pour la protection contre le gel par aspersion d'eau) qui sont maintenant utilisés pour lutter contre la sécheresse. Durant les périodes critiques, des files de tracteurs viennent s’y approvisionner en eau, ce qui n’est pas sans poser des problèmes d’arbitrage.

Dans d’autres régions, on mise plutôt sur la plantation de cépages plus résistants à la sécheresse.

Les Allemands sont donc à la recherche de solutions d’irrigation efficaces, secteur à potentiel pour les entreprises françaises qui souhaitent approcher ce marché.

Source : Institut bavarois de la viticulture et de l'horticulture, magazine Der Deutsche Weinbau, magazine Der Badische Winzer, avril 2024