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Secteur Produits alimentaires

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Marché de qualité, l’Autriche voit sa consommation de fruits, légumes et pommes de terre augmenter depuis 10 ans. Encore grandement dépendant des importations pour répondre à ses besoins en produits végétaux, le pays offre des opportunités certaines aux produits français, d’ailleurs reconnus pour leur qualité.
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I/ Consommations directe et indirecte de fruits, légumes et pommes de terre en hausse sur une décennie

1.1. En moyenne, les Autrichiens consomment 78 kg de fruits

Pendant la saison 2022/2023, dernière à avoir été enregistrée, la consommation finale de fruits en Autriche a atteint 710 000 tonnes, ce qui représente une consommation annuelle par habitant de 78 kg. Cette statistique place les fruits au cœur des habitudes alimentaires autrichiennes, avec une préférence marquée pour les bananes (152 000 tonnes), les pommes (150 000 tonnes), les oranges (53 000 tonnes) et enfin les framboises et poires qui ont chacune été consommées à hauteur 33 000 tonnes à l’échelle du pays.

Sur une décennie, la consommation de fruits a connu une augmentation de 11,5 % en volume, la consommation nationale ayant été estimée à 637 000 tonnes au moment de la récolte 2012/2013. La consommation par habitant, était alors de 75,5 kg, soit 3,3 % de moins qu’actuellement. Cela souligne une appétence croissante pour ces aliments riches en nutriments et illustre la volonté déjà à l’œuvre depuis plusieurs années des Autrichiens d’adopter une alimentation plus saine, équilibrée et diversifiée.

1.2La consommation de légumes clairement tirée par celle de tomates

Au même moment, la consommation de légumes s’élève à 1,1 M de tonnes, soit une moyenne de 120 kg par habitant et par an. Comme pour les fruits, la consommation de légumes des Autrichiens est variée. Les tomates, avec 289 000 tonnes consommées, sont de loin le légume préféré[1], suivies des carottes (93 000 tonnes). Les oignons (92 000 tonnes) ainsi que les concombres (50 000 tonnes) et les choux (47 000 tonnes) font eux aussi partie des légumes les plus appréciés.

L'augmentation de la consommation de légumes est notable, avec une progression de 14 % en valeur absolue sur dix ans et une hausse de 6 % par tête. Les valeurs de départ étaient respectivement de 959 000 tonnes pour la consommation totale et de 113 kg par habitant en 2012/2013. La consommation de légumes des Autrichiens illustre une nouvelle fois leur désir de s’alimenter mieux et plus sainement. Cette tendance est d’autant plus remarquable après la vague d’inflation qu’a connue l’Autriche et qui a particulièrement impacté les denrées fraîches.

1.3Hausse de 19 % de la consommation de pommes de terre en dix ans

Produit de base dans de nombreux foyers, la consommation de pommes de terre s’est élevée à 491 000 tonnes en 2021/2022, dernière année de recensement statistique communiquée, soit 52,7 kg par personne.

En 10 ans, la consommation totale de pommes de terre a cru de 19 %, plus rapidement que la consommation par habitant qui elle n’a progressé que de 7 %. En 2021/2022, 413 000 tonnes avaient été consommées soit 49,4 kg par personne.

​​​​​​​1.4. Des opportunités également sur le secteur de la transformation

L'Autriche se distingue non seulement par sa consommation directe de fruits, légumes et pommes de terre, mais aussi par l’importance de son secteur de la transformation alimentaire.

Pour les fruits, en 2022/2023, toujours selon Statistik Austria, c’est environ un quart de la consommation totale qui était tirée par le secteur de la transformation (224 000 tonnes de fruits, sur un total de 998 000 tonnes, consommation directe et indirecte confondues). Les pommes, avec 165 000 tonnes transformées, dominent ce segment, constituent environ les deux tiers du total des fruits transformés. Le taux de transformation, stable sur la dernière décennie, s'établit à 23 %, ce qui reflète une constance dans l'utilisation des fruits pour la fabrication de produits finis.

Dans le domaine des tubercules, les pommes de terre ne sont pas en reste. La saison 2021/2022 a vu 207 000 tonnes dédiées à la transformation sur 898 000 tonnes consommées au total. Avec 166 000 tonnes transformées sur un total de 780 000 tonnes en 2011/2012, le taux de transformation de 23 % s’est maintenu.

L’industrie agro-alimentaire autrichienne étant diversifiée on peut ici notamment penser au géant Agrana, spécialiste de l’amidon, au tyrolien Darbo pour les confitures, sirops et gelées ou encore à l’entreprise Rauch du Voralberg, connue pour sa production de jus de fruits.

​​​​​​​1.5. L’Autriche reine du bio

La demande des Autrichiens pour les produits biologiques est importante. L’Autriche est même le 1er pays de l’UE en termes de part du bio dans la surface agricole utile, avec 27 % certifiés bio, un chiffre en croissance régulière depuis des années. Les volumes biologiques écoulés croissent également avec une augmentation de 27,2 % en 5 ans dans la grande distribution. Sur la même période, le chiffre d’affaires a crû de 50,4 %. Pour les fruits, la part en valeur des produits biologiques est de 16,2 %, en croissance de 2 points depuis 2021. Les légumes ont eux aussi enregistré une croissance de 2 points pour atteindre 22,7 %. Les pommes de terre, quant à elles affichent un taux de produits bio stable à 20,4 %.

II/ Une dépendance aux importations elle aussi croissante avec le temps

L’Autriche peine cependant à atteindre l'autosuffisance pour ces produits essentiels toujours plus demandés.

2.1. Des opportunités claires pour les producteurs de fruits à noyaux

Avec un taux d'autosuffisance global de 45 % pour les fruits, en baisse par rapport aux 49 % enregistrés en 2012/2013, le pays dépend significativement des importations. Cette dépendance varie considérablement selon le produit. Pour les pommes, le pays est ainsi autosuffisant à 93 %. En revanche, pour les pêches et nectarines, il l’est seulement de 11 %. Si les poires et les prunes affichent chacune un taux de 72 %, celui-ci ne dépasse pas 44 % pour les framboises. Quant aux abricots, très prisés des consommateurs autrichiens, la production locale couvre seulement 37 % de la demande nationale. Le cas des cerises est aussi tout particulièrement préoccupant pour l’économie autrichienne, leur taux d'autosuffisance ayant chuté de 111 % à 65 % entre les récoltes 2012/2013 et 2022/2023.

2.2. Du potentiel sur presque l’ensemble des catégories de légumes

La situation des légumes est légèrement moins critique pour l’économie autrichienne, avec un taux d'autosuffisance de 58 % en 2022/2023. Néanmoins, la situation varie considérablement d'une variété à l'autre. Certains légumes, comme les oignons et les carottes, affichent des taux d'autosuffisance très élevés, respectivement de 134 % et 100 % tandis que d'autres, tels que les tomates et les champignons, peinent à dépasser les 20 % avec respectivement 19 % et 18 %. D’autres légumes affichent des taux d’autosuffisance élevés sans pour autant parvenir à franchir le seuil fatidique des 100 %. Les épinards par exemple voient la production nationale répondre à 96 % des besoins nationaux, 87 % pour le céleri et 86 % pour le chou. A la manière des fruits, certains légumes présentent des situations d’auto-approvisionnement dégradées, sans pour autant être aussi catastrophiques que celles des tomates et champignons. Concombres avec 67 %, asperges avec 47 % et chou-fleur avec 40 % sont à citer dans cette catégorie chroniquement déficitaire mais pour laquelle l’offre nationale répond déjà partiellement à la demande.

2.3. Des opportunités nouvelles sur le segment des pommes-de-terre

Les pommes de terre, quant à elles, affichaient en 2021/2022 un taux d'autosuffisance de 86 %. Ce taux est inférieur à sa valeur de 105 % constatée 10 ans plus tôt. Cette baisse structurelle s’explique par la prolifération de taupins qui viennent grignoter les cultures, la baisse de la surface cultivée et les intempéries de plus en plus fortes et fréquentes sous l’effet du réchauffement climatique.

III/ Les principaux fournisseurs de l’Autriche

3.1. Italie, Espagne, Allemagne comme principaux fournisseurs en fruits

En 2023, l'Autriche a importé 995 000 tonnes de fruits, soit 55 % de plus qu’en 2013 (642 000 tonnes). Ces importations sont essentiellement assurées par l'Italie, qui a maintenu ses exportations vers l'Autriche à hauteur de 111 000 tonnes au cours de la décennie, tandis que l'Espagne, autrefois en première position, a vu ses exportations vers l'Autriche diminuer, passant de 124 000 à 110 000 tonnes. Tous les autres fournisseurs restent en dessous de la barre des 100 000 tonnes par an. Notons tout de même que les exportations fruitières de l’Allemagne à destination de l’Autriche ont triplé au cours de la dernière décennie pour atteindre 96 000 tonnes en 2023.

Les fruits les plus importés par l'Autriche incluent les bananes (182 000 tonnes), les pommes (61 000 tonnes), les oranges (54 000 tonnes), les pêches (28 000 tonnes) et les fraises (20 000 tonnes). Les principaux fournisseurs de bananes sont l'Équateur, la Colombie, et le Costa Rica, représentant ensemble 81 % du marché autrichien à l'importation. Pour les oranges, l'Espagne et l'Italie forment un duopole qui détient 59 % des parts de marché à l'importation. Les fraises voient l'Espagne conserver sa position de 1er fournisseur, bien que ses volumes aient baissé de 11 000 à 7 500 tonnes sur dix ans. L'Allemagne et l'Italie complètent le podium avec des valeurs de départ et d'arrivée similaires, passant de 3 300 à 4 600 tonnes de fraises exportées de 2013 à 2023.

3.2. Pour les légumes, les exportateurs français doivent faire face aux concurrents turcs, espagnols et italiens

Les importations de légumes ont également connu une hausse, bien que plus faible que celle du secteur des fruits, passant de 480 000 tonnes en 2013 à 579 000 tonnes en 2023, soit une augmentation de 21 % sur dix ans.

L'Allemagne (134 000 tonnes) suivie de l'Italie (83 000 tonnes) et l'Espagne dont l’attractivité s’est quelque peu ternie avec une baisse des importations en sa provenance de 68 000 à 64 000 tonnes, sont les principaux fournisseurs de l’Autriche en légumes.

Les tomates figurent parmi les légumes les plus importés en Autriche, avec une hausse des volumes importés de 48 000 tonnes à 60 000 tonnes de 2013 à 2023. Notons, qu’en dix ans, les exportations turques de tomates vers l’Autriche ont été multipliées par vingt pour atteindre 24 000 tonnes en 2023. La Turquie est ainsi devenue le 1er fournisseur de tomates de l’Autriche. Derrière elle, l'Italie et l'Espagne ont vu leurs volumes d'exportation de tomates vers l'Autriche baisser, passant respectivement de 17 000 à 10 000 tonnes et de 14 000 à 6 000 tonnes en 10 ans. Les poivrons sont aussi très demandés, avec 38 000 tonnes importées. L'Espagne et la Turquie forment un duopole important, représentant 53 % du marché autrichien des importations de poivrons. Concernant la citrouille, autre légume populaire, un second duopole se démarque avec l'Espagne et l'Italie qui dominent le marché des importations autrichiennes, se partageant 61 % des volumes. Enfin, pour les champignons, la Pologne et la Hongrie ont une position prédominante, fournissant 96 % des champignons importés par la République alpine.

3.3. La France, fournisseur important de pommes-de-terre pour l’Autriche

L’Autriche a également importé 157 000 tonnes de pommes de terre en 2023, soit une augmentation de 13 % par rapport aux 139 000 tonnes importées en 2013. Le segment est dominé par l'Allemagne (94 000 tonnes) et la République-Tchèque, dont les volumes écoulés (26 000 tonnes) bien que 3,5 fois moins importants pèsent tout de même 15 % du marché.

Pour autant, la France se veut 6e fournisseur en volume et 4e en valeur. En dix ans, les exportations françaises de pommes de terre ont été multipliées par 5 en volume pour atteindre 4 900 tonnes en 2023. En valeur, les pommes de terre françaises pesaient pour 2,6 M EUR sur un marché de 45 M EUR.

 

IV/ La distribution des fruits et légumes

La vente au détail de fruits et légumes se fait en grande majorité dans la grande distribution. Elle est très concentrée en Autriche avec 3 groupes regroupant près de 85 % du marché. Le groupe autrichien Spar est avec 35 % de parts de marché, leader de la grande distribution en Autriche. Le n°2, REWE (filiale du groupe allemand), possède 31 % des parts de marché et Hofer (filiale de l’allemand Aldi Süd) est 3e avec 18 %. Les achats de ces 2 groupes allemands sont bien décidés par les acheteurs basés en Autriche. D’autres acteurs moins importants comme l’allemand Lidl ou le leader régional au Tyrol, MPreis, sont également présents. La part de marché cumulée des discounters d’environ 30% est, à titre de comparaison, inférieure à celle de l’Allemagne (environ 40%).

Spar possède différentes enseignes selon la taille des magasins : Spar (supérettes/petits supermarchés), Eurospar (grands supermarchés) et Interspar/Maximarkt (hypermarchés). Quant à REWE, il est constitué de Billa (supérettes/petits supermarchés), Billa Plus (grands supermarchés), Penny (discounters) et Adeg (supérettes/petits supermarchés indépendants). De plus, il existe également, dans chacun des 2 groupes, une sous enseigne haut de gamme, Spar Gourmet et Billa Corso (REWE).

L’Autriche est un pays très touristique, il y a beaucoup plus de restaurant par habitant qu’en France. Le réseau d’hôtels et de restaurants y est donc particulièrement dense. L’Horeca est donc aussi un canal de distribution de choix pour la distribution de fruits, légumes et pommes de terre.  

 

V/ Des opportunités pour les producteurs français

Les produits français bénéficient d’une bonne image de qualité et sont souvent plus valorisés que les produits concurrents. Ainsi, la France est le 6e fournisseur de pommes de terre en volume, mais 4e fournisseur en valeur. De même, pour les pommes, la France se place en 9e position en volume, mais 5e en valeur.  Les produits haut de gamme français sont demandés.

D’autre part, l’offre française est demandée pour certains produits. La France est le 4e fournisseur en valeur de laitues de l’Autriche, le 5e d’abricots ou encore le 6e en oignons. Elle est encore mieux placée sur certains produits moins consommés en Autriche. Elle est ainsi le 2e fournisseur d’artichauts de l’Autriche et le 3e d’échalotes.

En termes de distribution, les producteurs français peuvent s’appuyer sur un réseau d’importateurs-grossistes spécialisés plutôt ouverts aux nouveaux produits. L’offre française, souvent haut-de-gamme, peut ainsi intéresser aussi bien des importateurs-grossistes spécialisés en Horeca, au positionnement premium, que la grande-distribution qui importe certains produits en direct.

En conclusion, des opportunités restent à saisir sur ce marché qualitatif qui dépend grandement des importations, notamment pour des produits premium et/ou fruits et légumes, pour lesquels la France est connue, comme les abricots ou les échalotes. Les pommes de terre françaises sont également demandées.

Sources : Bureau Business France de Vienne ; Statistik Austria, consultées le 15/03/2024, www.statistik.at ; GTA Connect, consultées le 14/03/2024, www.spglobal.com ; AMA Marketing, consultées le 19/04/2024, www.amainfo.at

 

[1] Les tomates sont en effet catégorisées par Statistik Austria (institut national de collecte et de production de statistiques) comme un légume.