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Secteur Produits alimentaires

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Dans un communiqué de presse publié le 12 septembre 2024, la DGE (Deutsche Gesellschaft für Ernährung), Société Allemande pour la Nutrition, adopte une nouvelle attitude quant aux alternatives végétales pouvant remplacer le lait de vache. Après avoir dressé un tableau d’inconvénients et d’avantages, la DGE valorise de manière inédite dans son rapport la consommation de laits végétaux. Toutefois sa réponse reste nuancée.
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La Société Allemande pour la Nutrition, société scientifique ayant pour but de publier de manière officielle des recommandations pour contribuer à une alimentation saine des Allemands, s’est prononcée en ce début de mois de septembre aux sujets des substituts végétaux au lait de vache. Un sujet qui en touche plus d’un, étant donné l’actuelle baisse de la consommation de lait de vache et de produits laitiers dans l’alimentation quotidienne en Allemagne. En effet, depuis plusieurs années, les Allemands se tournent progressivement vers des alternatives végétales de plus en plus variées, telles que le lait de soja, d’avoine, d’amande, de riz ou même de pois. 

C’est dans ce contexte que la DGE a publié au début du mois de septembre une étude pour mettre en lumière les avantages mais aussi les points de vigilance existant dans une alimentation basée sur des substituts végétaux de lait. Que ce soit sur le plan nutritionnel ou environnemental, la société scientifique dresse un tableau censé éclaircir les consommateurs allemands dans un rapport inédit.

Inédit en particulier car la DGE valorise désormais l’incorporation des laits alternatives végétaux dans l’alimentation quotidienne des Allemands avec des recommandations d’actions concrètes. Bien qu’elle rappelle qu’il est conseillé de consommer 2 portions de laits de vache ou de produits laitiers par jour pour un adulte, elle apporte certaines nuances : la société scientifique allemande reconnaît que la consommation de laits végétaux peut s’avérer utile lorsqu’une personne consomme trop, ou au contraire pas assez de lait de vache, comme par exemple dans le cas de régime végétarien, végétalien, ou d’allergies alimentaires. D’après le journal Vegconomist et selon l’experte en nutrition Anna-Lena Klapp de l’association ProVeg, « La nouvelle position de la DGE sur les alternatives au lait d’origine végétale est un signal clair de la nécessité d’un soutien politique pour les produits d’alternative d’origine végétale en Allemagne ».

Toutefois, la DGE souligne dans son étude l’importance que les substituts végétaux au lait de vache soit enrichis en nutriments, au risque d’avoir une carence nutritionnelle. En effet, les produits laitiers apportent de riches nutriments tels que l’iode, le calcium ou encore la vitamine B2 et la vitamine B12, alors que le profil nutritionnel des alternatives végétales au lait est bien différent. Si la teneur en sucre et en glucide des laits végétaux est généralement inférieure à celle du lait de vache, la teneur en vitamine et en minéraux varie beaucoup en fonction du produit et de son enrichissement. Il est donc nécessaire pour des consommateurs souhaitant compenser leur consommation de lait de vache par une alternative plus végétale de consulter la liste d’ingrédients et la proportion nutritionnelle propre aux produits végétaux. Ainsi, la consommation de substituts végétaux au lait de vache n’a un sens selon la DGE que si les alternatives détiennent un plan nutritionnel riche, nécessitant donc souvent d’être enrichies en nutriments, et ne pouvant pas, par conséquent, être bio.

Dès lors, la DGE reconnaît que le lait de vache n’est pas l’unique produit capable de couvrir certains nutriments comme le calcium. Les laits végétaux ont également leur rôle à jouer sur le plan nutritionnel. Cependant, cette recommandation de la DGE reste subtile étant donné le manque d’études et de données quant aux bienfaits des laits végétaux. Leur commercialisation nationale encore récente en Allemagne limite pour le moment la connaissance sur leur avantages nutritionnels. Toutefois, le journal Vegconomist, en réaction à la publication du rapport, souligne que la DGE n’a pas utilisé dans son rapport une récente étude qui mentionne que les substituts végétaux sont bénéfiques pour « les lipides sanguins, de la pression artérielle et de l’inflammation ».

Malgré tout, la DGE conseille bel et bien la consommation de laits végétaux pour remplacer dans certains cas le lait de vache, et se justifie également par un argument reposant sur la durabilité. Effectivement, la production du lait de vache a un impact environnemental beaucoup plus lourd. Produire des laits végétaux génère moins de gaz à effet de serre, consomme moins d’eau et occupe moins de terre, bien que cela varie en fonction du type de lait végétal. De manière générale, que ce soit pour des raisons éthiques pour certains consommateurs, ou des raisons de durabilité pour d’autres, les substituts végétaux apparaissent comme une réelle solution.

Finalement, la prise de position en faveur des laits végétaux enrichis en nutriments traduit une avancée sur l’opinion portée sur les substituts végétaux au lait de vache. Malgré tout, cette conclusion reste encore trop légère et vague pour certains. D’après l’experte Klapp dans le Vegconomist, la situation n’est pas satisfaisante : « J’aimerais voir des recommandations d’enrichissement encore plus précises pour les fabricants, comme celles déjà données par la Société néerlandaise de nutrition. Les consommateurs doivent savoir, par exemple, comment une portion de lait de soja enrichie en calcium contribue aux besoins quotidiens en calcium ». Il n’est donc pas impossible que la DGE se prononce à nouveau sur le sujet dans les prochains temps, en se basant sur de nouvelles données avec une étude beaucoup plus avancée, portant non pas uniquement sur le lait mais également toute la gamme de produits laitiers ainsi que leurs substituts végétaux.

 

Sources : 12/09/2024, DGE ; 13/09/2024, Vegconomist ; Agrarheute, 17/09/2024; Thomas Klaus, 13/09/2024, Lebensmittel Praxis