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Secteur Tech et Services
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Certaines questions font l’objet de débats en Allemagne depuis des années, sans qu’une réponse claire ne se dégage. Jusqu’à présent, personne, ni les politiciens ni les scientifiques, n’ont pu répondre à la question de savoir si les tablettes et les smartphones étaient vraiment utiles dans l’enseignement, et comment les utiliser au mieux dans les écoles allemandes. La seule chose certaine, c’est qu’avec le programme de soutien allemand « Pacte numérique pour l’école », ils devaient faire leur entrée dans les établissements scolaires et aider les enfants à apprendre.

Entre-temps, la Suède, grand modèle en matière de numérisation, a fait marche arrière depuis 2023. Le pays mise à nouveau davantage sur les livres, car une étude de l’Institut Karolinska de Stockholm a révélé que les performances des élèves du primaire équipés d’outils numériques tendent à se dégrader. Cela a considérablement refroidi le marché allemand déjà sous-financé. En Allemagne, seuls 4 % des créateurs d’entreprise dans le domaine de l’EdTech sont soutenus par du capital-risque d’investisseurs, contre 19 % des start-ups allemandes en général. Pourtant, il existe environ 500 jeunes entreprises qui souhaitent numériser l’enseignement avec des plateformes d’apprentissage, des programmes en ligne et des applications. Plus de la moitié d’entre elles sont basées à Berlin, Munich, Hambourg, Cologne et Düsseldorf, et un peu moins de la moitié sont subventionnées par l’État. Malgré cela, beaucoup échouent en raison d’obstacles bureaucratiques et reçoivent beaucoup moins souvent du capital de la part d’investisseurs que les start-ups en Allemagne en général. C’est ce que montre l’EdTech Monitor 2024, une étude de l’association des start-ups et de l’organisation à but non lucratif Founders Foundation de Bielefeld.

Mais à quoi cela tient-il ? D’une part, beaucoup d’écoles et d’universités rechignent à introduire des solutions numériques. C’est ce qu’ont indiqué 89 % des fondateurs interrogés dans le domaine de l’éducation. De plus, il n’est pas facile de mettre en place des plateformes d’apprentissage ou des applications dans différents Länder, car chacun travaille avec son propre programme scolaire. Rajoutons à cela que de nombreux enseignants ou même directeurs d’école n’ont même pas d’adresse électronique et ne sont pas joignables de manière fiable. Ainsi, le chemin entre la présentation du produit et sa mise en place s’étend sur plusieurs mois. Enfin, les investisseurs potentiels sont généralement sceptiques en matière d’éducation. « Celui qui investit dans une start-up dans le domaine de l’éducation ne s’enrichit pas dans la plupart des cas », déclare Dominik Gross, directeur de la Founders Foundation. Pour cela, il faut être plutôt idéaliste, comme la plupart des fondateurs de ces jeunes entreprises. C’est également ce qui ressort de l’étude : le pourcentage de femmes fondatrices (36 %) est nettement plus élevé que celui de toutes les start-ups en général (18 %). « Cela s’explique par le fait que de nombreuses femmes ont le sentiment de pouvoir faire bouger les choses dans ce domaine », explique Gross. Certaines auraient également vu avec leurs enfants ce qu’il en était du système éducatif. Le nouveau pacte numérique allemand pourrait peut-être représenter un pas dans la direction des startups EdTech.

Source : Rheinische Post du 23/10/2024