Depuis la cyberattaque de 2018 qui avait visé SingHealth, exposant les données personnelles de 1,5 million de patients à Singapour - dont le Premier ministre de l’époque - les Singapouriens ont pris conscience de la menace des cyberattaques sur la stabilité des services publics de la cité état .

Face à ces évolutions, Singapour fait le choix de la cybermaturité un concept qui va au-delà de la cybersécurité traditionnelle puisqu'il intègre des capacités d’anticipation, de gestion des risques systémiques, de coopération régionale et de développement durable des compétences. Cette stratégie repose sur les actions de la Cyber Security Agency (CSA), créée en 2015, qui pilote un cadre réglementaire solide (Cybersecurity Act, stratégie nationale de cybersécurité, Masterplan Safe Cyberspace) et promeut une culture de prévention à tous les niveaux. Le programme SG Cyber Safe propose des outils concrets, comme les labels Cyber Essentials et Cyber Trust, pour aider les entreprises, en particulier les PME, à renforcer leur posture de sécurité. En 2024, Singapour a également lancé un cadre pionnier pour évaluer et encadrer les risques liés à l’usage de l’intelligence artificielle dans les systèmes critiques.

Sur le plan international, la cité-État joue un rôle moteur dans la gouvernance du cyberespace. Elle participe aux discussions aux Nations Unies, où elle milite pour l’établissement de normes de comportement responsable entre États. Elle soutient également la coopération régionale, notamment via l’ASEAN-Singapore Cybersecurity Centre of Excellence, qui forme les autorités des pays voisins.

Consciente des limites de la lutte publique contre les cyberattaques, Singapour adopte une posture pragmatique et discrète, privilégiant le renforcement de ses défenses plutôt que la confrontation. Le pays identifie également le développement des compétences comme un pilier essentiel de sa stratégie pour faire face à une pénurie mondiale d’experts en cybersécurité.

Source : Dr Shashi Jayakumar, 5/06/2025, Channel News Asia