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Initialement basée sur le volontariat, la RSE est désormais attendue, voire exigée, pour accéder à certains marchés. Dans un contexte mondial marqué par le changement climatique, l’évolution des attentes des consommateurs et le durcissement des réglementations, la capacité à intégrer les principes du développement durable devient en effet un levier incontournable de compétitivité dans les stratégies export des entreprises agroalimentaires.

La RSE, nouveau standard et levier de croissance pour l’export agroalimentaire français

Les consommateurs internationaux sont de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux et sociaux et attendent des entreprises une transparence accrue sur ces sujets. La durabilité environnementale cristallise particulièrement ces attentes, la priorité étant donnée à la neutralité carbone – bien que la réduction du gaspillage alimentaire et la préservation de la biodiversité restent importantes.  Ainsi, 46 % des individus affirment adapter leurs achats pour réduire leur empreinte environnementale [1]. Au niveau des entreprises, cet intérêt se matérialise par le fait qu’environ 63% des consommateurs internationaux des 22 premiers marchés à l’international privilégient celles qui sont respectueuses de l’environnement ; pour 27%, il s’agit même du premier critère d’achat [2].  La réputation des entreprises sur ces sujets constitue un critère déterminant pour une majorité de consommateurs : ainsi, certains affirment qu’ils changeraient de fournisseur si celui-ci « ne prenait pas de mesures visibles pour un impact social positif - par exemple en matière d'inclusion et de diversité, de protection de l'environnement ou de protection de la santé publique » [3].

Cette dynamique ouvre des perspectives concrètes de conquêtes de nouveaux marchés, notamment dans les zones sensibles aux enjeux de durabilité, comme l’Europe du Nord, le Canada et l’Asie. Les entreprises françaises ont parfaitement compris ces nouveaux enjeux, puisque 57 % d’entre elles estiment que la RSE constitue un avantage compétitif à l’international et 90 % en font un critère de sélection de leurs partenaires commerciaux [4].

Ainsi, de plus en plus de pays conditionnent désormais l’accès à leurs marchés aux entreprises capables de démontrer la réduction de leur impact sur l’environnement, la société et la gouvernance. Ainsi, en Union Européenne, si la directive CSRD (Directive relative à la publication d'informations en matière de durabilité par les entreprises, 2017) impose un reporting extra-financier, plusieurs états vont plus loin et requièrent des engagements plus fermes. C’est le cas par exemple de l’Allemagne, où la loi du 16 de juillet 2021 sur le devoir de vigilance dans les chaînes d’approvisionnement, entrée en vigueur en janvier 2023, impose aux entreprises de plus de 1 000 salariés de s’assurer du respect des droits humains, du droit du travail et, dans une moindre mesure, de l’environnement chez leurs fournisseurs étrangers.

Côté extra-européen, le Royaume-Uni impose depuis avril 2022 une « taxe plastique », qui s’applique aux emballages contenant moins de 30 % de plastique recyclé, y compris pour les produits importés ; au-delà des obligations légales, des initiatives privées se multiplient sous la pression de la société civile, favorisant les entreprises engagées dans une démarche RSE. De l’autre côté du globe, en Australie, les entreprises doivent prouver l’absence de travail forcé dans leur filière.

Même des pays traditionnellement peu portés sur ces sujets commencent à développer une véritable conscience RSE. Ainsi, en Chine, les entreprises des bourses de Shenzen et de Shanghaï ont désormais une obligation de tenir un reporting RSE, et les populations, confrontées à la dégradation de leur environnement, se montrent de plus en plus soucieuses d’acheter auprès d’entreprises responsables.

D’une manière plus générale, afin de vous aider dans l’évaluation de la portée de la RSE sur chaque marché, Business France a développé un indicateur permettant de classer les pays selon leur sensibilité RSE dans un contexte commercial. La carte ci-dessous illustre ces résultats.

Carte de la sensibilité des pays à la RSE

La France, un argument en politique RSE à faire valoir à l’international

Avant même de s’engager dans une stratégie RSE, les entreprises françaises partent avec un double avantage : un territoire jouissant d’un mix énergétique décarboné, favorable à une production moins émettrice de gaz à effets de serre (GES) et un cadre législatif fort en matière sociale et environnementale, garant d’un certain standard dans ces domaines. Grâce à ces atouts, la France se positionne parmi les pays les plus avancés au monde en la matière (4e rang mondial selon le baromètre EcoVadis [5]), et dispose donc d’une formidable carte à jouer sur l’export en valorisant ses engagements nationaux.

Niveau réglementation, la loi « Climat et résilience » de 2021 est notamment venue renforcer les obligations RSE déjà existantes, en excluant par exemple des marchés publics les entreprises qui ne mettent pas en place de politique RSE ou de plan de vigilance ; de plus, elle a étendu les mesures de RSE aux entreprises de plus de 50 salariés. 

Par ailleurs, la BPI France a mis en place des actions pour accompagner et financer ces mesures de RSE dans les entreprises : en coopération avec l’ADEME, ils proposent par exemple le « Plan Climat » qui consiste en un prêt, garantie ou prise de participation afin d’accompagner les entreprises. La BPI propose aussi par exemple le prêt Eco-Energie, dont le montant peut atteindre 500 000 euros permettant de financer des projets de transition écologique et énergétique. De son côté, l’ADEME propose des mesures comme le « tremplin pour la transition écologique », proposant des subventions pouvant couvrir 70% des coûts éligibles. Des banques privées proposent également des solutions de financement avantageuses pour les projets dits ISR (investissements socialement responsables).

 

Les outils pour transformer la RSE en avantage compétitif à l’export

Pour qu’une entreprise agroalimentaire réussisse à l’export, la RSE doit être intégrée à toute la chaîne de valeur, bien en amont de toute démarche d’exportation. En effet, sur des marchés exigeants comme la Suède ou le Royaume-Uni, un produit mal conditionné, non recyclable ou sans traçabilité peut être écarté malgré sa qualité. Pour répondre à ces attentes, il est indispensable de s’appuyer sur des outils de pilotage reconnus et alignés avec les standards internationaux, qui facilitent la construction d’une image responsable à l’export.

Parmi les outils existants, notons principalement le Bilan Carbone® qui vise à quantifier les émissions de gaz à effet de serre, et l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), qui vise à évaluer tous les impacts environnementaux d’un produit, service ou procédé tout au long de son cycle de vie. Les deux permettent d’alimenter le reporting ESG, outil de communication des performances et pratiques ESG d’une entreprise, de manière multidimensionnelle. Divers labels et certifications à rayonnement international existent de manière complémentaire à ces 3 outils, comme B Corp (reconnu dans plus de 90 pays), ou les labels basés sur la norme ISO 26 000, permettant de renforcer la légitimité des engagements auprès des acheteurs étrangers. Enfin, les notations tierces (comme EcoVadis) apportent une preuve indépendante de maturité RSE, souvent exigée dans les appels d’offres ou la grande distribution internationale.

A noter que le dispositif V.I.E représente également un levier concret pour les PME agroalimentaires souhaitant structurer leur stratégie export responsable. Il permet d’assurer une présence locale maîtrisée en termes d’empreinte carbone, tout en facilitant les échanges avec les partenaires commerciaux et institutionnels. Au-delà de l’appui commercial, le V.I.E peut aussi être mobilisé pour coordonner des actions RSE sur le terrain, telles que des projets de biodiversité, d’économie circulaire ou d’inclusion sociale, en lien avec les attentes spécifiques des marchés cibles. Si vous voulez en savoir davantage sur le VIE, rendez-vous sur notre site internet.

Pour en savoir davantage sur comment orienter votre stratégie RSE à l’export, consultez notre livre blanc « L’impact de la RSE sur votre performance export – Filière Agro » (édition 2024), accessible gratuitement aux entreprises françaises sur simple téléchargement.

 Sources :

[1] 2024 Voice of the Consumer — Report | PwC Ireland

[2] Rapport d’Accenture, The resilient consumer: how companies can embrace

human complexity to unlock value

[3] 16ème rapport annuel d’Accenture, Life Reimagined: Mapping the motivations that matter for today’s consumers

[4] 7e Observatoire du Développement International : le développement international et la RSE

[5] 5e édition de l’étude Ecovadis / Médiateur des entreprises