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Comme chaque année, FranceAgriMer publie son rapport « Les marchés des produits laitiers, carnés et avicoles – Bilan 2024, Perspectives 2025 », analyse fine des données marchés en France, au sein de l’UE et à l’international. Consultez le rapport pour tous les détails !

Voici un aperçu des principales données qui ressortent sur l’international, enrichies de nos analyses complémentaires. Si le marché des produits laitiers n’a globalement pas beaucoup évolué cette année, de fortes disparités entre les différents pays sont apparues au cours de l’année. En France, on observe une légère hausse de production laitière pour la première fois depuis 10 ans.

Les échanges mondiaux

Le marché mondial des produits laitiers a progressé de 2% en valeur pour atteindre 107 milliards d’euros en 2024, soit une continuité à la déflation observée pendant l’année 2023 (de 6,1%) puisque côté volumes, le marché s’est montré très dynamique avec 18,3% d’augmentation pour atteindre ainsi 46,2 millions de tonnes. Comparée à 2019, les échanges ont augmenté de 20,7% en volume et 32,2% en valeur, cela montre les restes de l’inflation notable de 2022, même si elle s’effrite depuis 2023.

Cette augmentation des échanges se remarque sur la plupart des grands pays exportateurs dont la valeur et le volume des exportations a augmenté, malgré la déflation observée. De plus, les tendances ont varié selon le type de produits échangés.

Côté exportations, le rapport de FranceAgriMer apporte un éclairage permettant de comprendre les variations observées entre pays. Ainsi, d’après son rapport, les États-Unis ont vu leurs exportations progresser de 2,5% en valeur (2,56Mds €) avec une vente de fromages très dynamique, notamment vers le Mexique où 29,8% des volumes supplémentaires ont été envoyés, la Corée du Sud avec 25,7% ou d’autres pays d’Amérique centrale. Ils ont ainsi été moteurs dans la progression des exportations de fromage cette année. La production laitière s’est pourtant vu diminuer de 0,5%, notamment en raison de l’épidémie de IAHP (d’influenza aviaire hautement pathogène).

En Argentine, la baisse de la consommation et le contexte économique ont largement poussé les exportations qui ont progressé de 14% que ce soit en volume ou en valeur pour atteindre 897M€. La production a été elle impactée par les conditions climatiques défavorables et une dévaluation de la monnaie locale, ces facteurs ayant conduit à une diminution du cheptel et ainsi de la production de 6,7%, donnant un manque de 728 000 tonnes par rapport à 2023.

En Europe, l’UE a vu ses échanges régresser de 2,2%, notamment en ce qui concerne les produits comme les beurres et MGLA (-2,5% à 270k T), les poudres de lait grasse (-19,8% à 202k T), tandis que les fromages se sont montrés stables avec 0,1% d’augmentation. Pourtant, malgré une baisse du cheptel laitier européen en berne de 0,8%, la production a augmenté de 0,5% pour atteindre 145,5 millions de tonnes. L’augmentation de la productivité des vaches due aux conditions climatiques plutôt favorables ont aidé à maintenir les chiffres. 

En Australie, les exportations ont progressé de 11,3% pour atteindre une valeur de 2,56Mds €, et ce dans l’ensemble des produits (fromages, PLE, poudres de lait, beurres), mais le cheptel laitier s’est vu se dégrader tandis que la production progresse tout de même de 2,5% par rapport à 2023.

En Nouvelle-Zélande, les exportations ont peu évolué, avec des exportations globales progressant de 0,77%, dont des envois de poudre grasse en progression malgré la demande moins élevée en Chine, les envois se sont ainsi reportés vers Oman, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis.

Côté importations, la Chine reste en tête mais a diminué ses achats de poudres de lait, qui a en conséquence empêché la montée des prix et la redirection des flux vers des produits plus valorisés comme le fromage. Néanmoins, la production de lait chinoise a baissé de 0,1% pendant les 3 premiers trimestres de 2024, atteignant 21,9M T. Cette baisse de production n’a pas empêché les importations chinoises de décroître de 12,9% par rapport à l’année précédente, représentant ainsi 8,63 Mds €, en réponse à une consommation domestique peu dynamique et suite à l’établissement de stocks conséquents. Le gouvernement chinois lance cependant des campagnes pour élargir la demande nationale de produits laitiers, ce qui devrait la stimuler en 2025.

De leur côté, les États-Unis ont connu une augmentation de leurs importations de 7,3%, en réponse à une demande forte en produits laitiers sur le marché nationale.

D’autres grands importateurs européens comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique ont vu leurs importations diminuer au cours de l’année, pouvant s’expliquer par une collecte plus importante. Les flux se sont ainsi redirigés vers d’autres pays cibles comme le Royaume-Uni (+11%), le Canada (+7%) dont le marché est rendu accessible par le CETA, l’Espagne (+7,2%), la Grèce (+16,5%) ou la République Tchèque (+15%).  Les produits les plus touchés par l’augmentation des importations sont les beurres et MGLA (+27,8%), les fromages (+9,9%) et les crèmes (+9,5%), tandis que le marché des caséines (-19%) et produits de lactose (-24%) a diminué pour ces pays-là.

L’Union européenne

La production européenne a connu une augmentation de 0,5%, principalement tirée par le dynamisme des collectes laitières de la Pologne (+3,6%), l’Italie (+3,1%) et la France (+1,1%). D’autre part, les productions se sont réorientées vers des produits plus valorisés comme les fromages et produits frais qui ont connu une année plus propice que les poudres de lait. Enfin, les exportations européennes vers les pays tiers ont globalement baissé cette année, notamment les beurres et MGLA, ainsi que les poudres (-19,8% (202k T) pour la poudre grasse, -8,5% (666k T) pour la poudre de lait écrémée). Les importations ont suivi cette tendance avec 42% (28,9k T) d’importations de beurres et MGLA en moins et 17,8% (10k T) de poudre grasse en moins.

Solde commercial français

Le solde commercial français de produits laitiers n’a pas évolué entre 2023 et 2024. Il cache néanmoins de grands écarts selon les produits concernés et une augmentation à la fois des importations (5,1% à 6Mds €) et des exportations (2,4%).  La tendance s’inverse ainsi puisqu’elles étaient en recul de 6% en volume en 2023, cela pouvant s’expliquer par le regain de la production laitière de 1% cette année.

Ce regain de production est en grande partie dû à la pluviométrie importante de l’année qui a permis une pousse de l’herbe largement supérieure (+30%) par rapport à la base de référence 1989-2018. Malgré les différentes difficultés engendrées par cette pluviométrie très intense, la production n’a pas été finalement entravée, la qualité des maïs étant tout de même convenable. Néanmoins, la fin d’année montre des signes de faiblesse de production, en corrélation avec la présence de la fièvre catarrhale FCO-3, dont la propagation s’accentue et atteint le bassin de production breton. La production française montre d’ailleurs une véritable stagnation, variant entre 1,75M de m3 et 1,9M de m3 par mois depuis juillet, à voir donc comment va se profiler la production pendant l’année 2025.

Sur le marché de la poudre maigre, les exportations se sont largement réduites vers la Chine et l’Algérie, mais les flux ont réussi à contourner cette baisse en se réorientant vers la Lybie notamment. L’Algérie cherche en effet à réduire drastiquement ses importations de poudre de lait en construisant en partenariat avec une entreprise qatarienne une méga ferme de 200 000 vaches laitières.  Quant aux poudres infantiles, les exportations n’ont pas réussi à contourner la baisse de la demande de ces 2 pays et la production française baisse ainsi de 6,6%. En parallèle, les importations ont baissé de 16,6% à 35 000 tonnes, tandis que les exportations ont diminué de 3,6% à 159 000 tonnes.

Si le marché des fromages s’est amélioré en volume (+5% en volume), il s’est néanmoins dégradé en valeur. Cela s’explique par deux éléments : d’abord, en volume, le solde commercial de fromages s’est amélioré de 5100 tonnes, soit une augmentation du solde de 2,8% sur l’année. D’un autre côté, il faut observer une augmentation de 2,7% des exportations en valeur (à 3,9Mds) et surtout une augmentation des importations de 4,2% (à 2,9Mds). L’ensemble des types de fromages ont contribué à l’amélioration de la balance, excepté pour les fromages à pâte pressée non cuite (-6,0%). Mais ce sont les fromages à pâte molle qui se montrent comme les plus dynamiques, avec une progression des échanges de 10,6%.

De leur côté, les beurres et MGLA montrent une dynamique encore plus importante au niveau du solde commercial, avec une progression des exportations de 14,9% tandis que les importations baissent de 4,8%, alors même que la production de ces matières a diminué de 1,3% cette année.

Tendances pour 2025

Selon la commission européenne, l’augmentation de la productivité des élevages devrait continuer à compenser la baisse du cheptel européen estimée à 0,7% en 2025. Néanmoins, les estimations restent prudentes quant à la reprise européenne de la consommation de produits laitiers. Les prévisions de Rabobank prédisent une augmentation de 0,5% de la production à l’échelle de la zone UE et du Royaume-Uni, sous réserve de la résorption des maladies FCO-3 et MHE, qui pourraient pénaliser la production dans certains gros pays exportateurs (Pays-Bas, Allemagne, France).

 De même, l’IAHP menace les États-Unis : l’USDA prévoit ainsi une légère baisse de production due à la réduction du cheptel en début d’année.

Côté Chine, Rabobank estime la chute de la production chinoise à 0,5% au deuxième semestre 2024, et la baisse pourrait atteindre 1,5% en 2025. Ainsi, même si la Chine limite la prise de stocks de poudre de lait, et si la consommation reprend, le marché pourrait repartir à la hausse autour de 2%.

En ce qui concerne les prix, ceux du beurre qui ont flambé en 2024 redescendent doucement après avoir atteint 8 180€ la tonne en août. Cette baisse, également constatée par l’USDA sur d’autres produits dont le lait écrémé en poudre ou le lactosérum sont en baisse à la suite d’une offre plus abondante et une demande plus faible.

Source : données issues des données douanières pays, selon les données disponibles au 27 février 2025.