Date de publication :

Depuis 2016 et l’instauration d’un contrat de filière regroupant les acteurs institutionnels et privés du secteur, le Sport français s’est structuré économiquement pour atteindre 2,6% du PIB, dont une part croissante à l’international. Aujourd’hui auréolées du succès des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, les entreprises pourraient transformer l’essai sur de nouvelles destinations ou niches de marchés : en charge des relations avec l’écosystème Sport pour Business France et contributrice du guide "Où Exporter en 2025, filière Sport", Viviane Silberstein revient sur les opportunités export du secteur en 2025. Téléchargez votre guide gratuit dès maintenant!

Quels sont les critères qui permettent de qualifier une destination de « prioritaire » dans le domaine du Sport ?

La filière Sport est si composite qu’une comparaison globale entre marchés est un défi à part entière : il est en effet complexe de trouver des pays capables d’offrir des débouchés à la fois pour des équipements sportifs, des infrastructures et des offres de services. Pour structurer la réflexion, nous avons donc retenu trois facteurs clés de succès du pays : l’organisation de grands événements sportifs, le développement de la pratique sportive et l’accélération de niches porteuses (vélo, ski, sportech…). Ces critères nous donnent une cartographie de pays-cibles dans lesquels toute entreprise du secteur, quelle que soit son offre, peut envisager de se projeter, y compris dans une stratégie fédérée.

Quelles sont, du coup, les régions du monde qui concentrent le plus d’opportunités ?

Incontestablement : l’Amérique du Nord (États-Unis, Canada, Mexique) en raison de l’organisation de la Coupe du monde 2026 et des futurs Jeux Olympiques de 2028, mais aussi grâce au développement de nombreuses disciplines sportives. Pour ces mêmes raisons, il faut également citer l’Australie, avec seize événements majeurs accueillis de 2022 à 2032 et des besoins importants en infrastructures locales. Cependant, ces marchés restent très disputés et difficiles à percer, sans compter la problématique douanière américaine qui risque de peser sur les articles et équipements. Du coup, nous invitons les exportateurs à s’intéresser davantage aux pays africains où la multiplication d’événements internationaux entraîne une course aux équipements et aux expertises sportives (particulièrement dans la formation événementielle ou la professionnalisation du sport), sans compter un réel développement de la pratique individuelle : le Maroc (Mondial 2030, CAN 2025), le Kenya (CAN 2027) ou le Sénégal (Jeux Olympiques de la Jeunesse 2026) font ainsi partie des pays mis en lumière dans le guide Où Exporter.

Que penser des pays en pleine phase d’accélération comme l’Arabie Saoudite ou l’Inde ?

Sur la cartographie, ils figurent comme des marchés prioritaires mais ils restent, à mon sens, des destinations prospectives, c’est-à-dire que leur potentiel est bien présent mais il faudra encore concrétiser les projets annoncés. L’Arabie Saoudite fourmille de chantiers, à commencer par la station de ski Trojena en plein désert ou le Sports Boulevard à Riyadh (135km d’aires sportives) : les entreprises tricolores ont bien compris l’intérêt à se positionner et commencent à créer des partenariats avec des pouvoirs publics locaux. Quant à l’Inde, c’est un marché immense mais encore balbutiant sur la pratique sportive : très spécialisés sur le cricket, les Indiens découvrent tout juste certaines disciplines sportives et les besoins en infrastructures s’accumulent. Reste à trouver comment dimensionner ces projets…

Curieusement, les pays européens, marchés naturels de la France, ne figurent pas dans les marchés-cibles…

Il est vrai que, parmi les marchés prioritaires, seule l’Allemagne vient représenter l’Europe, avec un besoin de modernisation important sur des infrastructures jugées vétustes. D’autres pays, comme l’Italie, l’Espagne ou l’Autriche, sont également considérés comme « porteurs » mais il faut comprendre que, sur ces marchés matures européens, les opportunités se situent plutôt autour de niches à forte valeur ajoutée – par exemple sur la filière montagne, sur les sports nautiques ou bien sur la Sportech qui explose littéralement depuis les JO.

Justement, en quoi la Sportech représente-t-elle un vivier d’opportunités à l’international pour les années à venir ?

Parmi les sous-secteurs de la filière Sport, la Sportech est probablement le segment qui a connu la plus forte accélération : de grands noms comme Vogo, Kinomap ou Sport Heroes ont pu bénéficier de la surface d’exposition des JOP pour tester leurs solutions à grande échelle et se présenter aux partenaires, y compris étrangers. Aujourd’hui, ce volet innovation est au cœur de la proposition de valeur de la filière France sur les JO de Los Angeles par exemple, ou sur des destinations européennes comme le Royaume-Uni, l’Espagne ou l’Allemagne. Une logique de filière s’est même mise en place avec la création de SporTech FR qui témoigne de la diversité des innovations proposées, depuis les solutions d’engagement des fans jusqu’au suivi de performance et aux technologies d’immersion – l’emblématique licorne Sorare étant une locomotive de cet écosystème. Il reste donc à structurer ces jeunes pousses et à leur assurer un financement pérenne, sachant que, selon Bpifrance, 50% des membres de son accélérateur Sportech souhaiteraient partir à l’international.

Pourquoi la prospection internationale est-elle particulièrement complexe dans le milieu du sport ?

Parce qu’il n’y a pas de mode d’emploi uniforme pour tous les pays ! Dans certains pays, l’organisation du secteur sportif va relever des pouvoirs publics : ce sont les maillons administratifs centraux qui prennent les décisions et le secteur privé n’intervient que sur la partie opérationnelle – c’est le cas, par exemple, sur plusieurs marchés africains. Alors que, dans d’autres pays, les instances sportives ont tendance à déléguer très tôt les projets aux entreprises privées, les laissant maîtres d’œuvres dans la sélection des prestataires – c’est le cas aux États-Unis par exemple. La conséquence pour les entreprises françaises, c’est qu’il faut savoir décoder chaque marché en avance pour se positionner auprès du bon interlocuteur et répondre aux appels d’offres en connaissance de cause.

Outre le guide Où Exporter, comment continuez-vous à informer et accompagner la filière Sport tricolore ?

Les Rencontres Internationales des Grands Evènements Sportifs (RIGES) constituent le principal rendez-vous export de la filière Sport : ne le manquez pas, c’est le 18 juin prochain, à Paris, autour d’un programme de conférences et de rencontres B2B de haut niveau[1]. En attendant cet événement, le guide Où Exporter est un très bon outil de cadrage qui donne à voir la vitalité de la filière France et les nombreux projets à prospecter sur les marchés internationaux. Téléchargez gratuitement le guide "Où Exporter en 2025, filière Sport"

[1] Pour s’informer et s’inscrire : Rencontres Internationales des Grands Événements Sportifs 2025 | Enregistrement