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Les éléments présentés dans l’article ci-dessous résultent de l’étude de FranceAgriMer disponible ici.
Les principaux pays producteurs de produits carnés dans le monde sont le Brésil, les Etats-Unis, la Chine et l’Union Européenne. Pour chaque filière, que ce soit la filière bovine, ovine/caprine, porcine ou la volaille, des dynamiques de production, d’exportations et de consommation se distinguent.

Brésil : 1er cheptel bovin, 1er exportateur de viande porcine et 1er exportateur de viande de volaille
Ainsi, pour le Brésil les dynamiques sont très positives et se poursuivent depuis plusieurs années avec tout d’abord une hausse du cheptel bovin (+1,8%, soit +4,3 M de têtes) qui lui permet de maintenir sa position de 1er cheptel mondial. Au niveau de la production de viande bovine, il se retrouve en seconde position, derrière les Etats-Unis bien qu’il progresse de 8,2% en 2024 par le biais notamment de la hausse des poids de carcasse. Cette forte production brésilienne a eu deux impacts majeurs : d’une part l’importante disponibilité du produit a induit une pression sur les prix intérieurs et a en partie favorisé la hausse de la consommation de +2,7%, d’autre part le Brésil a pu maintenir sa place de 1er exportateur mondial de viande bovine avec des exportations en hausse de 23,4% pour atteindre ¼ des volumes mondiaux (combiné à une dépréciation du real). Côté viande porcine, le Brésil continue à développer son cheptel (+1%) et à diversifier ses clients à l’export tels que les Philippines, le Chili, le Japon ou encore Singapour pour totaliser une hausse de 5% de ses exports en 2024. La Chine, qui absorbait depuis plusieurs années d’importants volumes de viande porcine, est en effet en recul – mais reste 1er importateur d’abats – en raison de la reprise de sa production intérieur initiée à la suite de l’épizootie de peste porcine africaine. Enfin, pour le secteur de la volaille de chair, malgré un ralentissement au niveau mondial de la production, le Brésil a connu une progression de son cheptel suivi d’une hausse des volumes exportés de +2,8% et détient encore une fois la place de 1er exportateur mondial pour cette filière (données estimées de l’USDA oct 2024).
Etats Unis : 1er producteur de viande bovine et dynamique positive sur les filières porcine et volaille de chair
Les Etats-Unis ont rencontré plusieurs difficultés sur les filières d’élevage en 2024 tels que des conditions climatiques défavorables combinés à des coûts de production élevés et un niveau de rentabilité relativement bas pour les élevages porcins. Ces différentes contraintes ont induit une baisse du cheptel bovin national, 3ème cheptel mondial, de 3,2%, soit 2,9 M de têtes en moins qu’en 2023. Ils gardent néanmoins la 1ère place de producteur mondial de viande bovine, facilité, comme pour le Brésil, par une hausse des poids carcasse, avec 12,3 M de tonnes équivalent carcasse (tec) en 2024. Malgré la hausse de la production, les Etats-Unis sont de grands importateurs de viande bovine. Ces importations, +17,6% en 2024 (soit +298 000tec) jouent un rôle double : assurer la disponibilité des produits face à une population qui augmente sa consommation de viande bovine (+2%) et limiter la hausse des tarifs de la viande bovine sur le marché intérieur. Sur la filière porcine, les Etats-Unis sont dans une dynamique de croissance avec +2,4% de production supplémentaire sur 2024 qui permettent de répondre à la hausse de la demande (+1,4%) et aux exportations de prospérer (+4,8%). Avec la baisse des importations chinoises, les volumes exportés ont été redirigés vers le Mexique, la Corée du Sud, la Colombie
et l’Australie. Côté volailles de chair, la production a connu une augmentation en 2024 mais qui n’a pas été transcrite dans ses exportations en raison de la forte concurrence avec le Brésil.
Chine : retour de la production nationale et baisse des importations
Le marché chinois a fortement orienté ses politiques publiques vers la production de produits carnés, notamment à la suite des différentes épizooties qui se sont développées sur le territoire telles que l’influenza aviaire et la peste porcine africaine. 2024 a été une année de transition vers un équilibre de moins en moins dépendant des importations sur les filières de la viande porcine et de la volaille. Sur le secteur de la viande bovine, malgré une hausse de la production nationale – la Chine a le 5ème plus important cheptel de bovins au monde – de 2,9% (soit environ 2 M de têtes), les importations ont progressé de 5,5% soit 185 000 tec supplémentaires par rapport à 2023. La hausse de ce besoin est en partie liée à l’expansion de la classe moyenne en Chine et ainsi à l’intégration dans le quotidien de cette viande bien qu’elle soit plus coûteuse que la viande porcine ou de volaille. Concernant la filière porcine, la Chine, 1er producteur mondial, voit une contraction de sa production de 2,1% (soit -1,2 M tec) combinée à une décapitalisation du cheptel ainsi qu’une baisse de la demande intérieure (-3%). Au niveau des importations, après avoir attiré près de la moitié des flux de viande porcine mondiale en 2020, elles ont baissé de 31,5% en 2024, et incitent les grands exportateurs de ces produits à trouver de nouveaux partenaires. Au niveau des prix, la viande porcine chinoise se maintient au-dessus des prix des principaux producteurs mondiaux en raison de coûts de production élevés. La Chine reste par ailleurs le 1er importateur mondial d’abats porcins. Alors que la reprise de la production de volaille en Chine atteint ses objectifs, elle applique la même méthode que pour la viande porcine et baisse fortement ses importations (-32,5%). La Chine connait également un léger recul de la consommation pour cette viande qui garde néanmoins le meilleur rapport coût/poids.
Focus filière ovine : La Chine détient le cheptel ovin le plus important au niveau mondial avec 193 M de têtes, devant l’Inde avec 77 M de têtes.
Océanie : hausse des cheptels bovins et ovins pour l’Australie
L’Océanie est composée de deux pays majeurs dans la production carnée mondiale que sont l’Australie, avec son cheptel bovin de 29,9 M de têtes en 2023 (+22.5%) et son cheptel ovin de 72,1 M de têtes, et la Nouvelle-Zélande avec son cheptel ovin de 24,4 M de têtes, fortement tournés vers l’exportation. Pour l’Australie, la production de viande bovine s’est fortement développée en 2024 avec une hausse des abattages de 14,9% (soit + 331 000 T) bien que cette hausse soit légèrement plus faible que l’année passée liée à des poids carcasse plus faibles, contrairement au Brésil et aux Etats-Unis. Les exportations de cette viande bovine sont fortement destinées au marché américain, 1er client de l’Australie (28% des volumes exportés), et ont progressé de 62,6%, ainsi que vers le marché japonais (+22,3% vs 2023) et le marché chinois (-11% vs 2023). Sur le secteur ovin, alors que l’Australie a augmenté son cheptel de 2,7%, celui de la Nouvelle-Zélande s’est replié de 3,1%. L’Australie a ainsi vu ses abattages augmenter et a atteint un nouveau record dans les volumes exportés avec 614 300t, soit une hausse de 15%. Avec la baisse de la demande chinoise, ces volumes se sont déplacés vers les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Moyen Orient (Qatar, Koweït et Oman). Pour la Nouvelle-Zélande, la dynamique est tout autre mais la nécessité d’identifier de nouveaux débouchés fait également parti de la stratégie. Les volumes d’exportations, en baisse de 2,2%, s’orientent désormais plus vers l’Union Européenne et le Royaume-Uni.
Union Européenne : baisse du cheptel bovin et porcin et reprise de la production et des exports de volaille de chair.
Le cheptel bovin de l’Union Européenne, poursuit une lente mais constante érosion depuis 2016 et a atteint en 2024 un total de 30,2 M de vaches (-0,9% avec 2023). Une disparité de dynamique est visible entre les pays membres, ainsi la Pologne et l’Allemagne enregistrent des progressions de leurs cheptels avec respectivement +13 ,3% et +2,5% par rapport à 2023 alors que les deux pays sur le podium des cheptels européens les plus importants que sont la France (1er) et l’Espagne (2ème), connaissent des baisses structurelles qui se poursuivent en 2024 avec respectivement -2,4% et -1,1%. La production de viande bovine européenne a quant à elle progressé en 2024 en combinant une hausse du nombre de têtes abattues ainsi qu’une hausse du poids carcasse pour atteindre 6 M tec, soit +3,7%. Côté consommation, le ralentissement de l’inflation semblent avoir participé à une reprise de la consommation de viande bovine au niveau européen, avec une appétence particulière pour les viandes issues d’animaux mâles, tels que les jeunes bovins. L’Union Européenne privilégie les échanges intra-communautaires avec 84% de ses volumes dédiés aux pays membres mais ces volumes sont en baisse (-2 ,4%) au profit des exports vers les Pays-Tiers (+11,1%) dont la demande augmente, notamment sur le bassin méditerranéen. Au niveau des importations, le Royaume-Uni est le principal fournisseur de l’UE avec une hausse de ses envois en 2024 de +13,7%. Le Brésil, 2nd fournisseur de l’UE, poursuit également la progression de ses envois (+2,5% en 2024). Pour la filière porcine, bien que le cheptel de truies soit en relative stabilité, le cheptel global porcin est en recul en Europe de -1,4%. Les volumes ont légèrement progressé en raison d’une stabilisation des têtes abattues et d’une légère hausse du poids carcasse mais la persistance de la Peste Porcine Africaine en Europe centrale et en Europe du Nord impacte fortement la production européenne, tout comme le Syndrome dysgénésique respiratoire du porc en Espagne. Au niveau des exportations de l’UE, bien que la Chine ait baissé ses importations, elle reste la première destination pour les produits porcins de l’Union Européenne et l’UE est sont 1er fournisseur, que ce soit pour les viandes ou les abats. Le Japon est également une destination importante pour la filière porcine européenne qui en est le 1er fournisseur encore en 2024 bien que la concurrence du Canada et des Etats-Unis se rapprochent fortement. Tout comme dans la filière porcine, la filière volaille européenne est confrontée à des épizooties. L’Influenza aviaire, dont les conséquences sont désastreuses pour la faune aviaire, a réussi à être contenue depuis deux années de suite permettant une reprise de la production européenne ainsi qu’une réouverture de marchés grands export. Ces regains de volumes produits ont notamment été constatés en France (+11,9%), en Pologne (+5%) et en Espagne (+5 ,5%). Pour la filière canard, la 1ère position de producteur européen reste à la France suivie par la Hongrie et la Pologne. Les produits issus de la filière volaille de chair européenne sont positionnés à l’export notamment pour les ailes, les dos ainsi que les pattes. Le Royaume-Uni est le 1er marché grand export de cette filière (38% des volumes) suivi par l’Afrique subsaharienne, l’Asie de l’Est et enfin le Proche et le Moyen-Orient. Au sein des pays membres de l’Union Européenne, c’est la Pologne qui participe à ce développement des exportations avec 40% des volumes exportés par l’UE vers les Pays Tiers.
Focus filière ovine : les principaux pays membres de l’UE producteurs de viande ovine sont l’Espagne, suivie par la France, la Grèce, l’Irlande et l’Italie. Malgré la sécheresse et la reconstruction de son cheptel national, l’Espagne voit ses exports d’agneaux vivants progresser (+1 ,4% avec 51% des envois vers le Maroc) et pour la viande (+3,4% notamment vers la France). Pour l’Irlande, la baisse significative de la production (-9%) et la concurrence avec les viandes issues de l’Océanie avec des prix très compétitifs ont pénalisé les exports qui sont en baisse de 14,6%.
Perspectives
En 2025, l’inflation devrait ralentir permettant aux consommateurs de retrouver des équilibres de prix sur l’ensemble des viandes de boucherie. La gestion des épizooties, qui touchent toutes les filières de l’élevage, sera primordiale pour assurer le maintien et le développement des productions ainsi que d’assurer les débouchés, notamment sur le grand export. Enfin, l’issue de l’enquête anti-dumping de la Chine contre l’Union Européenne sera déterminante pour la filière porcine, notamment sur la partie des abats.