Les fondamentaux
Le Japon a adopté les produits laitiers relativement tardivement, le régime alimentaire traditionnel tournant plutôt autour des produits à base de soja (tofu, natto, etc.).
L’occidentalisation des mœurs a amené progressivement les Japonais à consommer des produits laitiers. La croissance de la consommation de produits laitiers est lente et régulière, même si elle reste en dessous du niveau des pays occidentaux.
Parallèlement à cette hausse de consommation de produits laitiers, le Japon reste historiquement dépendant de ses importations de ressources agroalimentaires et notamment en produits laitiers. Les importations couvrent ainsi 60 % des besoins alimentaires du Japon sur une base calorique et le taux d’autosuffisance pour les produits laitiers est évalué à seulement 27 %.
En effet, la ferme standard japonaise a une faible surface et productivité, avec un grand nombre d'exploitations familiales, à l'exception de la grande île d'Hokkaido au nord du pays : la surface de cette dernière permet un autre type d'agriculture et d'élevage et représente ainsi plus de 50 % de la production laitière japonaise.
Par ailleurs, la production de lait est en baisse régulière : suite à une réorganisation, elle avait eu un sursaut en 2019 mais a été à nouveau affectée par la crise du Covid, Elle s'établit à 6,28 millions de tonnes en 2022.
Part de marché des pays fournisseurs en valeur
Opportunités pour l'offre française
Les tendances annoncées en 2021 se confirment globalement en 2022.
- Le beurre français a plus que jamais le vent en poupe : s'il existe des excès historiques de stock de beurre japonais, le beurre français a une position bien à part. La reprise de l'activité post-covid s'ajoute à la belle santé des boulangeries de telle sorte qu'il existe un relatif déficit chronique de beurre français. On commence à voir apparaître une offre alternative japonaise de haut niveau (Takanashi Milk à Hokkaido avec des vaches françaises) mais à moyen terme, les perspectives sont bonnes pour le beurre français.
- Les fromages à pate fondue - le fromage s'est inséré dans les mœurs et le Covid a déplacé la consommation à la maison/favorise la cuisine ;
- Les ingrédients laitiers : la caséine française a pulvérisé son précédent record passant de 3,84 à 8,59 M EUR (+ 123,6 %).
Source :
S&P Global – GTA Connect, BusinessFrance, ministère de l’agriculture japonais (09/07/2023)
Responsabilité sociétale
Innovation et expertise attendues
Il existe une réglementation pour les produits biologiques au Japon : le label JAS, pour Japanese Agricultural Standard. Le bio reste toutefois considérablement limité au Japon de par les coûts, particulièrement en produits laitier/animaux (où il existe une équivalence pour les systèmes australiens et américains depuis 2021).
De manière générale, Euromonitor évaluait la part du bio des produits certifiés à un peu moins de 0,2 % du marché des produits alimentaires transformés en 2021.
En ce qui concerne l'innovation, il existe une réelle attente sur les produits laitiers mais elle est plus sur des considérations technologiques/santé : les lactobacilles font en effet l'objet d'une abondante recherche par les groupes japonais. 2022 a ainsi vu l'apparition de plusieurs yaourts pour "sommeil" et anti-stress comme le yakult 1000 qui a été un énorme succès et s'est retrouvé en rupture de stock.
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
Le Japon dispose d’une réglementation encadrant les produits biologiques et d’un label Organic JAS Japanese Agricultural Standard.
L’équivalence JAS Organic au Japon pour les produits européens est limitée aux seuls produits végétaux et sous conditions (- de 5 % d'ingrédients d'origine animale).
L'équivalence pour les produits d’origine animale européens n'est pas encore admise à la différence des Etats-Unis, Canada, Suisse et Australie. La négociation entre l'UE et le Japon est toujours en cours en 2022.
Labels et certifications
Les produits européens d’origine animale contenant plus de 5 % d’ingrédients d’origine animale (exemple : fromage, yaourts…) ne peuvent actuellement pas obtenir la certification JAS Organic par équivalence.
Ainsi, la seule voie pour être autorisé à apposer le logo JAS Organic et revendiquer la mention « yuki » ou organic est de faire certifier de nouveau le produit à la norme japonaise.
Source :
ministère de l’Agriculture, Euromonitor (09/07/2023)
Clés d'accès
Le profil des partenaires / approche commerciale à privilégier
Il existe un certain nombre d’importateurs spécialisés dans les fromages de spécialité. Le Japon dispose ainsi de plusieurs chaînes spécialisées comme Fromage Fermier ou Hisada, faisant également l’importation.
Les commodities type lactosérum (petit lait), etc. et produits spécialisés, utilisés par les grands transformateurs comme Meiji (chocolat) sont traités selon les cas par des importateurs spécialisés et généralistes de type maison de commerce « sogo shosha ».
De manière générale, il est très difficile de changer de partenaire au Japon : il est souhaitable de bien étudier le profil des prospects et d'avoir une discussion en profondeur sur leur activité.
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
Le secteur laitier est particulièrement protégé par des droits de douane élevés et des contingents tarifaires.
L’original du certificat sanitaire doit systématiquement accompagner les produits laitiers.
Les produits laitiers suivants font l’objet d’un examen par la quarantaine animale : la crème, la poudre de lait, le petit lait, le beurre, le fromage, tout produit contenant de la lactalbumine ou du petit lait concentré, lait cru.
Le bénéfice des tarifs privilégiés de l’accord APE entre UE et Japon demande de respecter certaines conditions faute de quoi ce sera le tarif OMC qui s'appliquera. Les dispositions habituelles concernant les produits alimentaires s'appliquent.
Niveau de taxation
Droits de douane : les produits laitiers faisaient traditionnellement partie des produits importés les plus taxés.
L’accord UE-Japon (APE) a permis d’obtenir de nombreuses concessions même si ces produits font toujours l’objet d’importantes protections : dans la plupart des cas, les éliminations de droits interviennent dans un contingent limité et attribué aux seuls produits européens, au terme d’un calendrier de plusieurs années et uniquement aux importateurs ayant obtenu une allocation du contingent.
Par exemple sur le code fromage 040610.020 les droits sont a 14 % en 2023 dans une limite de 23200 tonnes.
Source :
BusinessFrance, Douanes japonaises, Accord APE (09/07/2023)