Les fondamentaux
L'Indonésie compte 121 909 établissements de santé, dont 3 282 hôpitaux, 10 300 "Puskesmas" ou encore 22 471 cliniques. Fin 2024, l'archipel comptait ainsi 389 000 lits, soit 1,2 lit pour 1 000 habitants ; ce taux demeurant parmi les plus faibles d'Asie du Sud-est. Avec des dépenses de santé par habitant à peu près 4 fois inférieures à celles de Malaisie, le potentiel d'investissements - tant publics que privés - dans le secteur est inexorable, avec une diversification observée de conglomérats privés dans le secteur hospitalier.
Outre les réseaux d'hôpitaux privés en développement, les soins publics de santé en Indonésie reposent actuellement et principalement sur les centres de santé communautaires dits "Puskesmas". Etablissements publics, ce sont des centres points de contact où des infirmières qualifiées fournissent les premiers soins et services de santé de base : vaccination, fourniture de suppléments vitaminiques aux femmes enceintes, etc. Les "Puskesmas" servent également de système de filtrage pour renvoyer, au besoin, les patients vers des hôpitaux généralistes régionaux dits "RSUD" ou des hôpitaux de spécialité.
Le nombre de médecins enregistrés auprès de l’Association des médecins indonésiens (IDI - Ikatan Dokter Indonesia) était de 287 390 en 2024, avec 179 000 médecins généralistes et 55 000 médecins spécialistes, et une importante hétérogénéité de niveau. Le nombre de dentistes et de dentistes spécialistes reste faible à 46 000 dentistes et moins de 6 000 dentistes spécialistes.
Dans ce contexte, le marché des dispositifs médicaux - importés en majorité - progresse et était évalué à 2,5 Mds USD en 2024.
Opportunités pour l'offre française
L’Indonésie reste un important importateur de dispositifs médicaux ; pour exemple, les importations de dispositifs médicaux sur les seuls codes SH de 9018 à 9022, se sont élevées à 1,28 Md USD en 2024.
Peuvent être mentionnés comme opportunités - en dehors des besoins induits par les extensions de réseau des chaînes d’hôpitaux privés indonésiennes - des programmes de modernisation d'hôpitaux militaires qui ont besoin toutefois de distributeurs habilités à vendre aux acteurs de la défense.
Diagnostic in vitro, imagerie médicale, blocs opératoires, équipements de rééducation ou dispositifs de soins à domicile font partie des catégories les plus dynamiques.
Par ailleurs, mis en lumière par la crise de la Covid-19, la question du traitement des déchets infectieux reste un enjeu majeur, du fait du sous-équipement chronique des établissements de santé et de leurs prestataires.
L’Indonésie appelle également -avec des incitations- à des investissements dans des secteur médicaux de pointe comme des laboratoires de séquençage du génome. Le pays a, en outre, été sélectionnée comme Hub de production (pour l’Asie du Sud-est) de vaccins mRNA par l’OMS.
Source :
Ministère indonésien de la Santé (Kemenkes) ; Ministère indonésien de l'Environnement (Kementerian Lingkungan Hidup)
Photo de Umanoide sur Unsplash (18/09/2025)
Responsabilité sociétale
Innovation et expertise attendues
Le marché, qui monte en gamme, d'autant plus avec de premiers projets d'établissements hospitaliers internationaux (Bali International Hospital dans la zone économique spéciale de Sanur, à Bali) visant à réduite le tourisme médical sortant, recherche, de manière générale, des dispositifs innovants, compacts, connectés, adaptés à un environnement tropical et avec une maintenance simple. L'expertise française dans la robotique chirurgicale, l'imagerie avancée ou l'IA appliquée au diagnostic représente un atout. Les établissements de santé apprécient les solutions modulaires intégrées avec des services (calibration, formation et maintenance).
NB : pour les sociétés de services médicaux, la Loi dite "Omnibus" de fin 2020 autorise les investisseurs étrangers à détenir jusqu'à 67 % du capital d'hôpitaux privés ou cliniques.
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
A titre non-exhaustif :
La réglementation impose aux distributeurs de dispositifs médicaux de déclarer les composants dangereux et de mettre en oeuvre des politiques de reprise ou recyclage de ceux-ci, en cohérence avec la loi concernant les déchets B3 (matières dangereuses et toxiques).
Les dispositifs médicaux concernés par des normes "SNI" doivent aussi répondre aux exigences de consommation énergétique minimale.
Les autorités compétentes suivent de près certaines substances comme les PFAS, incitant les fabricants à adopter des alternatives plus sûres et écologiques.
Labels et certifications
Les dispositifs médicaux doivent faire l'objet d'un enregistrement auprès du ministère de la Santé.
Si les normes CE et FDA sont connues, l'obtention de normes "SNI" est fortement recommandée, sinon obligatoire, s'agissant des dispositifs médicaux. Celles-ci visent à garantir la sécurité et la qualité des dispositifs médicaux, et la certification "SNI" est le plus souvent exigée pour accéder aux procédures d'achat public. L'obtention d'un certificat "SNI" nécessite le recours à l'un des organismes accrédités par l'Agence nationale de la Standardisation (BSN).
Les étiquettes et instructions d'utilisation des dispositifs médicaux doivent être en langue indonésienne.
Source :
Agence de Standardisation nationale (BSN)
(18/09/2025)
Clés d'accès
Le profil des partenaires / approche commerciale à privilégier
Une société de droit étranger n'est pas autorisée à enregistrer auprès du ministère de la santé des dispositifs médicaux et chirurgicaux en Indonésie, sans entité légale dans l’archipel ; d'où le recours usuel (sauf pour établir une filiale ou co-entreprise) à des partenaires commerciaux locaux. Il pourra s'agir d'un pur importateur-distributeur, un Contractor ou encore un fabricant local avec une filiale de distribution.
Le choix de celui-ci est donc compliqué : capacité à enregistrer des dispositifs médicaux auprès du ministère de la Santé, licence d'importation dite "API-P" (pour les dispositifs médicaux destinés à la vente) ou "API-U" (pour les composants et matières premières), SAV, connaissance du marché, des réglementations, des procédures d'achats publics ou encore des circuits de distribution, etc.
La réglementation spécifique
Les dispositifs médicaux sont soumis à des procédures strictes d'importation et de distribution : enregistrement des produits auprès du ministère de la Santé, conformité - volontaire ou obligatoire selon les dispositifs médicaux - aux normes "SNI", etc. Pour les sociétés souhaitant commercialiser des dispositifs médicaux auprès d'établissements publics de santé, il est nécessaire d’enregistrer leurs produits sur le e-catalogue (système d’achat centralisé en ligne du gouvernement), administré par l'Agence des Politiques pour les Marchés publics (LKPP). Il convient toutefois de préciser que des restrictions à l'accès aux procédures d'achats publics touchent 79 catégories de dispositifs médicaux, susceptibles de nécessiter la localisation d'activités d'assemblage pour satisfaire aux obligations.
Niveau de taxation
A l'exportation de biens et services :
Des droits de douane s'appliquent sur les biens et marchandises physiques importés, fonction des codes SH et origines (0 à 30 % pour les dispositifs médicaux de France, variables pour les pièces détachées).
Une Withholding Tax ou "PPh" (Pajak Penghasilan), calculée sur la valeur CIF + droits de douane, est prélevée à la source par l’importateur pour les biens et marchandises (taux normal de 7,5 %, réduit à 2,5 % avec une licence d'importation "API") ou le client pour des services et Royalties (taux normal de 20 %, réduit à 10 % pour la France).
Une TVA de 11 % s'applique tant aux biens et services importés que ceux produits localement, supportée par le client final. A l'importation, une avance de TVA appelée "PPn" (Pajak Pertambahan Nilai) est due par l’importateur sur la valeur CIF + droits de douane.
En cas d'implantation en Indonésie, le taux normal de l'impôt sur les sociétés est de 22 %.
Source :
Business France (18/09/2025)