Les fondamentaux
Le secteur de la Fintech au Cameroun enregistre une croissance soutenue, portée par une dynamique de transformation numérique. En 2025, le pays compte 87 entreprises Fintech actives, principalement dans les secteurs du paiement (47 %), du crédit (32 %), de l’assurance (12 %) et de l’épargne (9 %).
Cette expansion s’inscrit dans un contexte où 97 % des transactions bancaires urbaines sont désormais digitales, tandis que le mobile banking atteint 8 millions d’utilisateurs. On compte 21 millions de comptes mobile money au Cameroun.
GIMACPAY, lancé en 2020 par le Groupement Interbancaire Monétique de l’Afrique Centrale (GIMAC), est devenu un pilier de l’inclusion financière dans la zone CEMAC. Ce système de paiement instantané et interopérable permet aux populations des 6 pays membres (Cameroun, Tchad, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Centrafrique) de transférer de l’argent entre comptes mobiles ou bancaires, régler leurs achats, retirer des fonds sans carte et recevoir des transferts internationaux. GIMACPAY connecte plus de 40 millions de portefeuilles électroniques et regroupe 106 participants, dont des banques, opérateurs de mobile money et établissements de microfinance. Depuis sa mise en œuvre, il a traité plus de 40 millions de transactions pour un montant cumulé dépassant 3,05 milliards EUR.
Ce système a profondément transformé les habitudes financières dans la sous-région, facilitant les échanges commerciaux et réduisant la dépendance aux espèces, dans des pays dont < 40% de la population a un compte bancaire.
Typologie des fintech au Cameroun
Opportunités pour l'offre française
- USSD et SMS : La technologie USSD reste dominante au Cameroun pour le Mobile Money, car la majorité des utilisateurs n’a pas de smartphone ou de connexion internet stable.
- Applications mobiles : pour smartphones, avec interfaces de paiement, suivi, microcrédit. On observe une migration progressive vers les applications mobiles (Sara, MyMTN, MyOrange), surtout dans les grandes villes.
- API bancaires/open Banking : l’Open Banking est encore émergent au Cameroun. Les banques locales commencent à expérimenter des API, mais la majorité des transactions électroniques passent par les opérateurs télécoms (Orange, MTN). L'inter-opérabilité n'est pas évidente et les coûts de transactions bancaires ajoutés aux délais d'exécution sont un réel frein au développement des services bancaires en ligne.
- Cloud et sécurité : hébergement sécurisé et chiffrement pour protéger les transactions. Les fintechs manipulent des données sensibles et de l’argent.
Source :
Business France, colloques financiers organisés localement (19/08/2025)
Responsabilité sociétale
Innovation et expertise attendues
Malgré la réglementation en vigueur, des problèmes d’opérationnalisation, de financement, de compétences et de culture startup freinent encore le développement du secteur. Aussi, des experts ayant éprouvé leurs solutions dans d'autres pays africains sont à privilégier.
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
La réglementation des Fintech au Cameroun repose principalement sur le cadre communautaire de la CEMAC, avec des évolutions récentes visant à structurer un secteur en pleine expansion.
Le Règlement N° 04/18/CEMAC/UMAC/COBAC de décembre 2018 encadre les services de paiement dans la zone CEMAC. Il impose aux fintechs de :
- Obtenir un agrément en tant qu’établissement de paiement auprès du Ministère des Finances,
- Se conformer aux règles de la COBAC (Commission Bancaire de l’Afrique Centrale),
- Garantir la traçabilité et la sécurité des transactions.
En mai 2025, le gouvernement camerounais a lancé une opération de mise en conformité :
- Les fintechs non agréées ont trois mois pour régulariser leur situation.
- Les partenariats publics et privés avec des plateformes non conformes doivent être suspendus.
- Les activités de collecte de fonds ou de prêts en ligne non autorisées doivent cesser immédiatement.
Labels et certifications
Un agrément en tant qu’établissement de paiement auprès du Ministère des Finances est obligatoire pour les fintech.
Source :
ministère des Finances (19/08/2025)
Clés d'accès
Le profil des partenaires / approche commerciale à privilégier
Le marché étant assez compétitif (plusieurs acteurs locaux et étrangers identifiés), privilégier une présence physique en direct ou via un partenaire local est un atout non négligeable.
Favoriser des partenariats commerciaux (sous forme de représentation d’entreprises) et techniques (pour assurer la complémentarité des offres) dans l’objectif d’adresser les besoins locaux.
Cibler les banques, assurances, établissements de microfinance ou opérateurs de télécommunications actifs localement est l'approche à privilégier.
Il est vivement conseillé à moyen/long terme d’être présent sur place via une filiale, un V.I.E et de venir régulièrement.
La réglementation spécifique
Cybersécurité et protection des données
Lois applicables :
Loi n° 2010/012 du 21 décembre 2010 relative à la cybersécurité et à la cybercriminalité
Loi n° 2010/021 du 21 décembre 2010 régissant le commerce électronique
Obligations :
Protection des données personnelles des clients
Mise en place de mesures de sécurité appropriées pour prévenir les cyberattaques
Lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme
Réglementation : conformité aux normes de la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC) et aux directives de la COBAC
Niveau de taxation
Une taxe de 0,2 % sur les transferts et retraits d'argent par voie électronique (TTA) est en vigueur depuis 2022.
Un droit spécifique de 4 XAF (soit 0,006 EUR) par transaction mobile money et une hausse de la taxe sur les opérations de jeux de hasard et autres paris sportifs (TTA) à 1 % ont été introduits dans la loi de Finances depuis le 1er janvier 2025.
Source :
ministère des Finances, Business France, Investir au Cameroun (19/08/2025)