Les fondamentaux
L'Indonésie, pays de près de 280 M d'habitants en forte croissance démographique, connaît un phénomène d'urbanisation rapide. La population urbaine, qui s'élevait à 58,6 % en 2023, est inégalement répartie dans l'archipel et se concentre principalement à Java (152 M d'habitants), qui génère près de 60 % du PIB national. À l'exception de Medan, Palembang et Makassar, les 10 principales villes (toutes de plus de 1 M d'habitants) se trouvent également sur l'île de Java, avec en point central l'aire urbaine de Jakarta, 3e plus grande aire urbaine mondiale avec 35 M d'habitants.
La croissance de la population va de pair avec le phénomène d'urbanisation (324 M d'habitants à 80 % urbains selon les prévisions 2045) et pose de véritables défis à l'échelle du pays. Les grandes villes indonésiennes présentent ainsi des lacunes inhérentes aux pays émergents : planification urbaine imprécise engendrant une mauvaise fluidité du trafic routier, réseaux de gestion des eaux insuffisants, transports publics peu développés, gestion des déchets quasi inexistante et habitations à l'efficacité énergétique médiocre. Jakarta, pour sa part, est en proie à la montée des eaux depuis sa côte nord, notamment en raison du pompage de ses nappes phréatiques.
Consciente de la nécessité de répondre à ces enjeux, l'Indonésie met actuellement en place des plans de développement urbain pour rectifier sa trajectoire. Il en résulte des opportunités pour d'éventuels investisseurs et les entreprises offrant des solutions efficaces et compétitives pour répondre aux besoins du pays. Seules Bandung et Jakarta disposent en effet de "centres de commande".
Top 10 des villes indonésiennes les plus peuplées
Top 10 des villes indonésiennes les plus peuplées (population résidente, hors villes et zones périphériques) selon le recensement de 2020. 14 villes de plus de 1 M d'habitants et 85 de plus de 100 000 habitants sont plus généralement recensées.
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Opportunités pour l'offre française
Urbanisme et construction :
- Projet de nouvelle capitale politique ("Nusantara") : 33 Mds USD d’investissements minimum visés d'ici à 2045, dont une majorité de financements privés ou de partenariats public-privé (PPP).
Ville connectée et intelligente :
- Smart City : Les principales villes d’Indonésie se dotent d’agences Smart City chargées du développement de la numérisation de l’ensemble des services urbains.
Energie et environnement :
- Gestion des déchets ;
- Gestion des eaux (traitement des eaux usées, système d'approvisionnement, sanitation, etc) ;
- Contrôle de la qualité de l’air (systèmes AQMS, etc.) ;
- Développement des ENR ;
- Gestion des réseaux électriques ;
Transport et mobilité :
- Véhicules électriques / Stations de recharge électrique : l’Indonésie ambitionne d’installer 98 000 stations de recharge d’ici 2030, essentiellement dans les villes (seulement quelques centaines sont installées aujourd’hui) ;
- Transports verts / ferroviaires urbains.
Service public :
- Renforcement des moyens destinés à la sécurité civile.
Source :
Service économique de Jakarta ; Jakarta Post ; Indonesia Investment Authority (INA) ; IKN Authority ; Ministère indonésien de l'Environnement et des forêts (KLHK) (09/06/2024)
Responsabilité sociétale
Innovation et expertise attendues
L’Indonésie accuse globalement un retard certain sur la maîtrise de ses problématiques sociales et environnementales.
Parmi les principales expertises attendues, citons :
- l'infrastructure de base : assainissement de l’eau, traitement des déchets, approvisionnement en électricité.
- Les solutions de numérisation des services publics et Smart City.
- Le développement des systèmes de transports en commun.
- l'amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments.
Le Forum Mondial de l'Eau, dont l'édition s'est tenue en 2024 à Bali, a mis en avant les enjeux du développement des infrastructures autour du secteur de l'eau en Indonésie. Les besoins d’investissement dans les infrastructures hydrauliques jusqu’en 2030 sont estimés à 1,7 Md USD en vue de financer barrages, pipelines, systèmes d’assainissement et d’approvisionnement en eau potable.
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
La protection et la gestion de l’environnement sont régis par la Loi n° 32/2009. Un principe général est que toute activité économique ayant potentiellement un impact substantiel sur l’environnement est soumise à l’élaboration obligatoire d’un plan détaillé de gestion environnementale (dit "AMDAL") devant être approuvé par le ministère de l'Environnement et des forêts. Outre les projets d'industrie lourde, tout projet dans une zone de conservation, ou proche d’une zone de conservation, est obligatoirement soumis à l’élaboration d’un "AMDAL", indispensable à tout nouveau projet auquel pourraient participer des entreprises françaises.
En matière socio-économique, l'Indonésie s’est dotée en 2012, dans ce domaine, d’une nouvelle règlementation dans le but de permettre une réalisation plus rapide des projets publics, notamment ceux qui concernent les infrastructures et qui sont notoirement longs à mettre en place.
Labels et certifications
- ISO 14001 : norme internationalement reconnue pour les systèmes de gestion de l’impact environnemental.
- Certification "Green Industry" : certification délivrée par le ministère de l’Industrie aux entreprises ayant mis en œuvre des pratiques respectueuses de l'environnement dans leurs opérations.
- Label "Ramah Lingkungan" : certifie les produits respectueux de l'environnement selon plusieurs critères définis par le Centre indonésien de l'Environnement et de l'énergie (IEC) et le ministère de l'Environnement et des forêts.
- Label "Green Product Council Indonesia" : certifie les matériaux de construction et les produits industriels verts et respectueux de l'environnement.
Source :
Ministère de l'Environnement et des forêts (KLHK) ; Ministère indonésien de la Santé (Kemenkes) (09/06/2024)
Clés d'accès
Le profil des partenaires / approche commerciale à privilégier
Les projets urbains en Indonésie, sauf financement externe, sont très généralement émis, contrôlés et gérés par des entités publiques. Il s’agit notamment des entreprises publiques nationales ("BUMN") ou locales ("BUMD"), de ministères techniques nationaux ou de gouvernements locaux. Il convient dès lors d’identifier les bons donneurs d’ordre pour chaque projet. A l'exception d'entreprises françaises en mesure de déployer des capacités de production locales, il est ainsi fréquemment recommandé de prospecter le marché indonésien par le biais de partenariats, a fortiori pour la vente d'équipements, matériaux ou encore services. Une stratégie de positionnement en tant que fournisseur de rang 2/3, derrière des Prime Contractors indonésiens / régionaux, peut également porter ses fruits.
La réglementation spécifique liée aux enjeux environnementaux
L’Indonésie est un pays présentant de nombreuses opportunités, mais son ouverture aux investisseurs étrangers est contrôlée. Selon la ville du projet, différentes réglementations peuvent s’appliquer, qu’elles soient issues du gouvernement central ou des gouvernements locaux. Ainsi, en cas d’absence de filiale, l’aide d’un agent / distributeur / intégrateur est souvent indispensable.
Il existe en Indonésie des dispositions spéciales réglementant l'octroi de licences dans le secteur des services de construction (capital minimum, seuil, etc.). 2 options d'implantation se présentent dans le domaine, à savoir créer un équivalent de société à responsabilité limitée ("PT. PMA"), permanente ou temporaire (Special Purpose), ou un bureau de représentation de société de construction étrangère ("BUJKA").
Niveau de taxation
- Pour les entreprises implantées en Indonésie, le taux standard de l'impôt sur les sociétés est de 22 %, mais il peut être réduit pour certains secteurs ou localités.
- Des droits de douane sont à prévoir pour l'importation de biens et marchandises, fonction des codes SH concernés.
- Pour les biens et services importés, une Withholding Tax ou PPh (Pajak Penghasilan) est également due, calculée sur la valeur CIF + droits de douane. Cette taxe est réglée par l’importateur au moment de l’importation du bien (ou le client pour le paiement d'un service ou d'un Royalty).
- La TVA s’élève à 11 %, appelée à augmenter à 12% au 1er janvier 2025. Elle est applicable tant aux biens et services importés que ceux produits localement, et est payée par le client final. Pour ce qui est des biens et services importés, une avance de TVA appelée PPn (Pajak Pertambahan Nilai) est due par l’importateur sur la valeur CIF + droits de douane de celui-ci.
Source :
Business France ; Ministères indonésiens (09/06/2024)