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Ce rendez-vous biannuel avait convié les grands industriels du secteur, des représentants gouvernementaux, des chercheurs et académiciens, ainsi que du personnel militaire, avant d’ouvrir ses portes le temps d’une journée au grand public dont la curiosité était attisée par les ballets aériens d’avion de chasse et les différents appareils et engins exposés. Plus de 440 entreprises, dont 171 étrangères, provenant de 28 pays ont assisté à cette nouvelle édition de l’ADEX. Il s'agit du plus grand nombre d'entreprises participantes depuis le lancement du salon en 1996, malgré le contexte de crise, ce qui témoigne de la résilience du secteur aérien en Corée du Sud.
L’ADEX a offert la possibilité aux entreprises présentes de faire le point sur les progrès et innovations en lien avec les secteurs aérospatiaux et de la défense. La pandémie de COVID-19 ayant entravé jusque-là les échanges en personne, ce sont près de 700 réunions B2B et G2B qui se sont déroulées en présentiel, tandis qu’une vingtaine de symposiums et de conférences ont eu lieu en marge de l’évènement.
Les acteurs du secteur ont capitalisé sur l’évènement pour présenter leurs derniers projets et innovations. L’accent était mis cette année sur les équipements et technologies dits de la quatrième Révolution Industrielle : drones à hydrogène, véhicules polyvalents sans pilotes, plateformes métavers destinées aux formations et entraînements militaires, robots munis de jambes, systèmes de communication Li-Fi, etc. De manière plus conventionnelle, plusieurs dizaines d'avions militaires étaient exposés, dont les chasseurs FA-50 et des jets d'entraînement de base KT-1.
A cette occasion, Korea Aerospace Industries (KAI), plus grand acteur de l’industrie coréenne, a présenté son KF-21 Boramae, le premier avion de chasse indigène développé par l’industrie coréenne, ainsi que l’avion de combat léger FA-50 Fighting Eagle, qui se déclinera bientôt dans une nouvelle version, cette fois-ci sans pilote, pour assister le KF-21.
LIG-Nex1, acteur coréen de référence dans la défense, a présenté des prototypes de drones cargo à piles à hydrogène pouvant transporter des charges pesant jusqu'à 200 kg. Ces derniers seront destinés aux marchés civils et militaires.
L’Aéroport International d’Incheon est venu présenter les futurs drones taxis qui opéreront la liaison entre Séoul et son principal aéroport. Déclinés en plusieurs formats et capables de transporter plusieurs passagers ainsi que leurs bagages, ces taxis doivent circuler dans les airs à partir de 2025. Ces engins seront dans un premier temps exploités avec un pilote à bord, avant d’être pilotés à distance dès 2030, puis devenir autonome à partir de 2035.
Côté français, neuf entreprises étaient présentes, bénéficiant de la levée partielle des restrictions sanitaires à l’entrée du territoire coréen pour les exposants étrangers. Les grands noms de l’industrie tricolore tels que Airbus, Safran et MBDA étaient présents, ainsi que les équipementiers Axon Cable, Crouzet et Interface Concept. Associés depuis 2019, Latécoère et son partenaire, le groupe coréen Huneed Technologies, ont également participé à l’ADEX afin de présenter des prototypes de leurs solutions de communication Li-Fi1 développés conjointement.
Les retours des différents acteurs suite à la crise subie par le secteur de l’aéronautique et les espoirs d’une reprise rapide étaient plus qu’hétéroclites. Si les acteurs purement tournés vers le marché coréen estiment que l’impact de la crise a été assez limité sur leurs activités, la disparité est plus importante pour les acteurs internationaux. Pénurie de composants clefs et ralentissements des chaînes d’approvisionnement ont affecté de nombreuses entreprises dépendantes des chaînes logistiques mondiales. Les acteurs positionnés majoritairement sur l’aviation civile ont dû faire face à une baisse drastique de leurs commandes, alors que les entreprises positionnées sur le segment de la défense ont peu souffert des effets du Covid-19. Les premiers ont souvent fait le choix de diversifier leur gamme de produits et se sont tournés partiellement vers la défense pour maintenir leur niveau d’activité.
Selon les organisateurs de l’ADEX, les entreprises coréennes présentes ont signé des contrats commerciaux d'une valeur totale de 110 M EUR. En plus des contrats finalisés, les entreprises locales ont eu l’occasion d’échanger avec des clients étrangers concernant d’éventuels partenariats pour un montant cumulé estimé à 19,3 Mds EUR.
Par ailleurs, cette semaine dédiée aux technologies aérospatiales et de défense a été ponctuées par le lancement de la première fusée de conception coréenne, le Korean Satellite Launch Vehicle 2 (KSLV-2) également surnommée « Nuri », ayant bénéficié d’une dizaine d’années de développement et d’un budget total de 1,5 Mds EUR. Cette tentative de lancement s’est soldée par un semi-échec. Si le décollage de la fusée s’est déroulé sans encombre, sa charge utile factice n’a pas pu être placée en orbite. Bien qu’en retard en matière de conquête spatiale, l’industrie spatiale coréenne se veut optimiste, annonçant une nouvelle tentative de lancement en mai 2022 et réitérant son objectif d’être en mesure d’envoyer une sonde coréenne sur la Lune d’ici 2030.
A noter que KAI et Airbus ont signé fin octobre un accord de coopération afin de développer conjointement de petits satellites d’orbite basse qui serviront aux télécommunications 5G, opérations de surveillance et observations météorologiques. Cette décision s’inscrit dans la tendance constatée dans le secteur spatial dans son ensemble, qui consiste à déployer davantage de nanosatellites.
(Sources : Yonhap News, Korea JoongAng Daily, SME Daily, Business France Corée du Sud – Octobre 2021)