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L’industrie 4.0 allie objets réels et technologies numériques pour aboutir à des produits ou processus de production encore plus performants, grâce à une activité optimisée. Les robots, l’impression 3D, la réalité augmentée et l’intelligence artificielle peuvent révolutionner le processus productif. Par exemple, la mise en place de capteurs intelligents, qui surveillent et contrôlent en temps réel les machines, permet de rationnaliser la production. La numérisation permet aussi de réduire la consommation d’énergie et les coûts de la main d’œuvre, tout en augmentant l’efficacité des processus industriels. Les consommateurs en ressortent également gagnants, pouvant avoir accès à des produits personnalisés et moins onéreux. Un des objectifs de cette 4ème révolution industrielle est en effet de réussir à connecter les besoins du client aux entités de production.
Des investissements massifs dans l’industrie 4.0 permettent à l’Autriche de maintenir son haut niveau d’industrialisation. 51 % des entreprises industrielles autrichiennes utilisent dans leur processus productif au moins une technologie dotée de l’intelligence artificielle, contre 42 % pour l’Union européenne (UE) des 27. Aussi, 37 % utilisent au moins deux technologies dotées de l’intelligence artificielle contre 25 % pour l’UE des 27.
Alors que l’Autriche vise le top 3 des Etats européens aux économies les plus numérisées aux côtés de l’Allemagne et des Pays-Bas, on estime que le passage à l’industrie 4.0 entrainera dans le pays une hausse de 30 % de la productivité, assortie de 20 000 emplois créés chaque année, d’ici 2035.
Pour cela, le pays peut compter sur la plateforme Industrie 4.0 qui anime les acteurs et la recherche dans le domaine, un soutien des autorités mais surtout des entreprises qui font le choix d’investir pour transformer leurs processus de production.
1. L’association autrichienne de l’Industrie 4.0 : une plateforme dédiée à la transformation numérique du secteur industriel
La plateforme Industrie 4.0 est une initiative qui résulte de la mobilisation des entreprises autrichiennes. Elle révèle une prise de conscience du secteur entrepreneurial sur la nécessité de numériser le système productif pour rester compétitif sur la scène internationale.
Fondée en 2015, la plateforme Industrie 4.0 (https://plattformindustrie40.at/) a en fait pour objectif de rassembler les acteurs sociaux, politiques, économiques et scientifiques les plus importants de l’industrie du futur. En les rassemblant, la plateforme veut dynamiser cette activité et orienter la recherche vers des thématiques stratégiques. Elle encourage également le monde politique à créer un univers juridique stable et accompagne les entreprises dans la numérisation de leur système productif.
C’est l’interlocuteur clé pour l’industrie 4.0 dans le pays alpin.
2. Innover : une nécessité pour numériser le système productif autrichien, bien comprise des autorités et des entreprises
L’Etat fédéral et les Länder autrichiens s’impliquent dans le développement de l’innovation en développant diverses mesures de soutien. Une grande partie des investissements fédéraux autrichiens cible des centres de recherche qui développent des solutions numériques aux problèmes clés de l’avenir comme la protection du climat, la mobilité de demain ou les ressources utilisées dans les processus industriels. A titre indicatif, le nouveau fonds fédéral pour la numérisation dispose d’un budget de 80 M EUR pour les années 2021 et 2022. De leur côté, les COMET Centers (Competence Centers for Excellent Technologies), qui traitent des différents aspects thématiques de l'Industrie 4.0 et de l’Internet des objets (IoT), sont financés à hauteur de 752 M EUR conjointement par le ministère fédéral de la protection du Climat, de l'Environnement, de l'Energie, de la Mobilité, de l'Innovation et de la Technologie (BMK), par le ministère fédéral du Numérique et des Entreprises (BMDW), tout comme par les Länder concernés.
Les entreprises se mobilisent aussi et financent notamment la recherche appliquée. Elles sont d’ailleurs impliquées dans le financement des COMET Centers. A titre d’exemple on peut citer l’entreprise Siemens AG Autriche qui développe à Vienne, dans son usine Siemens Industrial Manufacturing, Engineering and Applications (SIMEA), des produits et systèmes dédiés à l'automatisation industrielle. Le groupe technologique ABB a, lui, construit un campus de recherche en Haute-Autriche pour 100 M EUR, où 1 000 employés étudient le développement de l'usine du futur.
Outre certains grands noms du secteur industriel, les start-ups autrichiennes jouent également un rôle décisif dans la transformation industrielle. Plus de 31,2 % sont spécialisées dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Elles développent des solutions dans les domaines du « machine learning » (45 % des start-ups NTIC), des logiciels intelligents et technologies décisionnelles (45 %) ou des nouvelles méthodes de génération et de traitement des données (33 %). Ces start-ups sont en outre très prisées par les investisseurs, comme en témoignent les 237 M EUR levés en 2018 par les 99 start-ups les plus prometteuses d’Autriche (tous secteurs confondus).
Enfin, pour accompagner la transition de l’industrie en Autriche, des centres de recherche, comme Fraunhofer Austria, aident leurs clients à développer et mettre en place des solutions d’industrie 4.0.
3. Investir dans l’industrie 4.0 : une priorité des entreprises autrichiennes
Selon un récent sondage, 53 % des entreprises autrichiennes devraient investir en priorité dans la numérisation de leur système productif. Elles prévoient d’investir en moyenne 3,8 % de leur chiffre d'affaires annuel dans des solutions industrie 4.0 au cours des cinq prochaines années. De plus, 95 % affirment qu’elles veulent augmenter leurs investissements en 2022 par rapport à l’année précédente. A titre indicatif, en 2021, les investissements totaux des entreprises s’élèvent à 7,22 Mds EUR contre 6,3 Mds EUR en 2020 et 7,66 Mds EUR en 2019.
4. Un système productif en pleine mutation, quelques exemples de solutions intelligentes et novatrices conçues et adoptées par des entreprises autrichiennes
De grandes entreprises autrichiennes ont déjà numérisé une partie de leur processus productif et de plus en plus de PME se lancent dans cette transformation liée à l’industrie du futur. C’est par exemple le cas des entreprises ci-dessous.
- Zoerkler Gears et BHDT créent des usines intelligentes, grâce aux solutions développées par Kapsch BusinessCom
Zoom sur Zoerkler Gears (www.zoerkler.at) et BHDT (www.bhdt.at) qui, avec l’aide de Kapsch BusinessCom (www.kbc-group.net), numérisent et automatisent leur production.
Spécialisée dans les systèmes de moteurs innovants destinés aux industries aéronautique et automobile, Zoerkler Gears a choisi d’intégrer des systèmes de capteurs intelligents à ses outils de production.
De son côté, BHDT, entreprise fabricant de composants à haute pression pour l’industrie chimique, était confrontée à un enjeu de lecture simultanée des données du parc de production, ses machines étant diverses. Kapsch BusinessCom a commencé par relier les machines via un réseau centralisé permettant de mieux visualiser les processus de production. Ce système permet à BHDT de continuellement optimiser sa production, de planifier en temps réel et d’automatiser la maintenance de ses équipements.
Les deux sociétés se sont appuyées sur l’expertise de la société autrichienne Kapsch BusinessCom qui développe des systèmes de récolte de données sur la base de senseurs (caméras 3D, microphones de haute précision). L’analyse effectuée à l’aide du Big Data et de l’intelligence artificielle permet d’optimiser les systèmes de production. Des outils de cybersécurité doivent prévenir les attaques cyber et l’espionnage industriel. Kapsch BusinessCom a développé son propre centre de compétences sur l’usine numérique et travaille par ailleurs en étroite collaboration avec l’usine pilote de l’Université technique de Vienne.
- Palfinger repense la communication avec ses fournisseurs
Palfinger (www.palfinger.com), groupe spécialisé dans la construction de grues hydrauliques auxiliaires pour camions et matériels mobiles, a décidé d’installer un logiciel nommé Clevercure, développé par Curecomp (www.curecomp.com). Celui-ci permet la transmission de prévisions, commandes et spécifications aux fournisseurs via une plateforme web. Palfinger souhaite ainsi optimiser ses achats et assurer une connexion électronique plus fiable avec ses fournisseurs. Désormais, 15 usines Palfinger et 145 fournisseurs dans 15 pays sont connectés via Clevercure.
- Evva : un processus de production entièrement numérisé grâce aux jumeaux numériques
L'entreprise familiale EVVA (www.evva.com), spécialisée dans les systèmes de fermeture et d'accès, possède 10 robots qui travaillent en collaboration avec leurs 200 employés de production pour l’assemblage et l’emballage des pièces. L’objectif premier est d’augmenter la flexibilité et l’efficacité de sa production tout en réduisant ses délais et ses erreurs. Tous les processus (bon de commande, production et livraison) sont déjà enregistrés comme des jumeaux numériques. La société communique avec ses fournisseurs et ses clients via des portails en ligne. L'exécution des commandes peut être contrôlée numériquement et modifiée à tout moment en utilisant des informations en temps réel. Ces solutions d’industrie 4.0 sont concluantes et l’entreprise s’est engagée à intégrer deux fois plus de robots au cours des trois prochaines années.
- Le groupe Zumtobel développe un système de gestion de l'éclairage innovant
Le groupe Zumtobel (www.zumtobel.com), leader dans le domaine des composants d'éclairage innovants, a lancé un projet pilote intitulé « Life Cycle Tower ONE » en partenariat avec Bosch Software Innovations (https://bosch.io/), Dassault Systèmes (leader mondial du marché des logiciels de conception 3D - www.3ds.com) et Modcam (startup spécialisée dans la reconnaissance d'images numériques). Dans un immeuble de Dornbirn au Vorarlberg, Land le plus occidental de l’Autriche, un système de gestion de l'éclairage innovant a été installé. Il offre des informations en temps réel sur les consommations d'énergie par luminaire, par étage, ainsi que sur la présence de personnes dans la pièce et de l'utilisation de l'espace. Ainsi, grâce à l’IoT, l’installation de solutions d’éclairage en réseau permet de réduire la consommation d’énergie, les coûts de fonctionnement et enfin l’impact environnemental d’une entreprise.
- Printstones : un robot du futur pour le BTP
La start-up viennoise Printstones (www.printstones.eu) a présenté sa nouvelle innovation dans le domaine de l’industrie du futur : une imprimante 3D mobile, nommée Baubot.
Le prototype a pour vocation d’être utilisé sur des chantiers de construction. Il est capable de transporter des matériaux, de visser, de faire des découpes plasma, de percer et de souder. Le robot se déplace à une vitesse maximale de 3,2 km/h, peut monter des marches grâce à ses roues chaînées et transporter une charge allant jusqu’à 500 kg, pendant maximum 8h.
Le robot est également capable de récupérer un grand nombre de données, retranscrites sur smartphone sous forme de plan numérique, pour améliorer la précision du chantier. Il participe donc à l’optimisation du processus de production en réduisant les coûts et en augmentant la sécurité.
Selon Printstone, le domaine d’application du robot pourrait même être étendu à l’inspection et à la maintenance industrielle, ainsi qu’à la construction navale et aéronautique.
- Réalité augmentée : Hirschmann Automotive et ses lunettes intelligentes
Fondé en 1959, Hirschmann Automotive (www.hirschmann-automotive.com) est un équipementier automobile originaire du Land de Vorarlberg. Depuis juin 2019, il utilise la réalité augmentée dans ses usines autrichiennes, tchèques et roumaines. Les plans de maintenance et les instructions d'utilisation se voient projetés dans les lunettes du personnel de maintenance de l'usine à tout moment, si nécessaire, pendant qu'un collègue soutient le processus en arrière-plan sur ordinateur.
L’équipementier a pour cela choisi les lunettes de données industrielles à commande vocale du fabricant américain Real-Wear.
Il note déjà une augmentation significative de son temps moyen de réparation de composants défectueux.
Hirschmann Automotive prévoit donc d’étendre la technologie aux domaines de la formation, de la réception des machines, des instructions de montage et de l’intralogistique.
5. La numérisation contribue à l’augmentation du PIB et est source de croissance verte
Enfin, si, en Autriche, ces mesures de numérisation augmentent la productivité et l'efficacité des entreprises, elles participent à une croissance durable de l’économie nationale. En utilisant l'intelligence artificielle, d'ici 2035, l'Autriche peut générer une valeur ajoutée supplémentaire de plus de 7 Mds EUR par an, soit une croissance annuelle supplémentaire de 1,6 %. On estime ainsi que chaque milliard d’EUR investi dans la transformation 4.0 de l’industrie génèrera 1,2 Md EUR supplémentaire dans l’économie autrichienne.
La numérisation est aussi reconnue comme un important facteur de réussite de la transition écologique, un enjeu cher au pays alpin. La Green Tech Valley, en Styrie (https://www.greentech.at/), est un exemple d'excellence technologique et de réussite économique dans le secteur de l'environnement. Avec un taux de croissance de 14 %, les entreprises de ce cluster connaissent une croissance rapide et grâce à l’exportation de ces nouvelles solutions numériques, plus 550 M de tonnes de CO2 sont économisées dans le monde entier.
En conclusion, la 4ème révolution industrielle est bien engagée en Autriche. Les acteurs rassemblés autour de la plateforme Industrie 4.0 se mobilisent, échangent et se coordonnent pour numériser les modes de production et les produits. Le passage à l’Industrie 4.0 apparaît comme une nécessité pour l’Autriche si elle veut maintenir sa compétitivité sur la scène commerciale internationale et retrouver une dynamique de croissance après la crise sanitaire. Les autorités comme les entreprises en ont conscience et s’appliquent donc conjointement à transformer l’outil de production industrielle à l’aide des nouvelles technologies.