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Avec la prise de conscience collective des hongkongais de prioriser leur santé, une population vieillissante (18,4% de la population a plus de 65 ans en 2019) et le manque de spécialistes médicaux (1 oncologue pour 2 175 patients dans le secteur hospitalier public), le gouvernement cherche à optimiser le système de santé à Hong Kong, afin de mieux soigner et surtout mieux prévenir. Au-delà de contrôler la pandémie et isoler les personnes contaminées, c’est toute la gestion des autres patients, atteints de cancer ou d’autres maladies chroniques en attente d’examens cliniques et/ou de traitements, qui reste l’enjeu. Le prix à payer pour les retards accumulés dans les dépistages et traitements de ces patients pourrait s’avérer dévastateur.
Qu’en est-il pour les patients privés de dépistage avec l’arrivée de la Covid-19 et qui ont été tardivement diagnostiqués à un stade déjà très avancé de leur pathologie ? Hong Kong ne fait pas exception à ce cas de figure. Récemment un ancien ouvrier en bâtiment a exigé des dommages et intérêts à Hospital Authority (organisme statutaire en charge de la gestion des hôpitaux publics) pour négligence, avec diagnostic et traitements tardifs. Il aura fallu presqu’un an à ce patient hongkongais pour effectuer un test sanguin d’antigène prostatique spécifique (PSA), révélant un cancer de la prostate à un stade très avancé, alors même qu’il s’était rendu à plusieurs reprises dans le même hôpital public pour les mêmes symptômes. Cette négligence médicale a inévitablement réduit la période de survie du patient comme le souligne le Dr. Yiu Ming-Kwong (expert en urologie) : « le retard dans le diagnostic et le traitement a raccourci l’espérance de vie du patient d’une estimation de trois à quatre ans ».
En 2019, on dénombrait en moyenne 96 nouveaux cas de cancer diagnostiqué par jour à Hong Kong, soit un total de 35 082 nouvelles personnes atteintes d’un cancer sur l’année, en augmentation de 3,1% par rapport à l’année 2018 selon les données de Hong Kong Cancer Registry. Première cause de mortalité sur le Territoire, représentant 30,5% des décès, ce fléau ne fait que croitre, privilégiant en premier lieu les cancers du sein pour les femmes (4 793, en hausse de 3,2% par rapport à 2018) et les cancers des poumons pour les hommes (5 575 nouveaux cas, en hausse de 6,2% par rapport à 2018). Signe alarmant, les cancers de la prostate sont en augmentation (hausse de 15% par rapport à 2018), même s’ils restent encore en deçà des autres types de cancer (2 532 nouveaux cas en 2019). Quant aux cancers du côlon, on note une baisse du nombre de nouveaux cas par rapport aux années précédentes, même si le taux de patients reste toujours important (5 556 nouveaux cas en 2019). L’une des explications de cette baisse est les campagnes de dépistage mises en place par le gouvernement dès 2016, pour détecter assez tôt les personnes à risque dans la tranche des 50 à 70 ans.
Le département de la santé à Hong Kong estime qu’un homme sur quatre, et une femme sur cinq, auront un cancer avant 75 ans dans les prochaines années. Pronostique préoccupant qui tire la sonnette d’alarme sur la nécessité d’instaurer des campagnes de prévention avec accès gratuit aux programmes de dépistage le plus tôt possible. Prévenir pour mieux guérir est déjà le leitmotiv de certaines sociétés hongkongaises en biotechnologie, qui développent de nouveaux tests performants pour la détection au stade précoce de cancer et l’élimination des polypes précancéreux. A l’exemple d’une des sociétés pionnières dans les biosciences à Hong Kong, Sanomics ( https://www.sanomics.com), qui s’appuie sur l’innovation biotechnologique pour fournir aux médecins des tests génétiques à l’efficacité prouvée dans la détection des mutations de certains gènes induisant des risques de cancer, afin d’élaborer des plans de traitement personnalisé pour les patients. L’application de la biopsie liquide est une alternative moins traumatique et plus rapide que la biopsie traditionnelle souligne Stanley Ming Yiu SY (PDG de Sanomics) : « La nouvelle méthode de test génétique gagne en confiance et en reconnaissance pour son exactitude, d’où sa popularité croissante parmi les médecins. ». Fort de son succès Sanomics, spécialisée dans le domaine des tests génétiques pour les cancers du poumon, vient de fusionner avec une société similaire, Act Genomics (https://www.actgenomics.com/index.php), plus orientée sur les autres typologies cancéreuses. Complémentaires, la fusion de ces deux entités favorisera leur expansion rapide en Asie du Sud-Est et sur la zone de la grande Baie au Sud de la Chine Continentale comme l’indique Tony MOK (président d’Act Genomics) : « Nous sommes déjà établis à Taiwan, à Hong Kong, en Thaïlande, et nous sommes impatients de nous établir au Vietnam et en Indonésie.». Stratégie efficace pour renforcer ses positions et acquérir de nouvelles parts de marché en Asie, alors même que les concurrents nationaux et internationaux sont de plus en plus actifs et innovantes dans ce segment (tests de diagnostic). En somme, un partenariat gagnant sachant que les dépenses mondiales en médicaments oncologiques ont atteint 164 Mds USD en 2020. En plus de proposer une large gamme de tests oncologique, le groupe Act Genomics-Sanomics assistera leur clientèle pharmaceutique dans le développement de diagnostics et d’analyse de données grâce à leur base de données génomique spécifique aux cancers en Asie.
Parallèlement, New Life Medicine Technology Company Ltd (NLMT) a commercialisé un test (Pure index) complémentaire au test sanguin d’antigène prostatique spécifique (PSA), dans la détection précoce du cancer de la prostate. NLMT est une entreprise dérivée de Hong Kong Baptiste University (HKBU), sachant que le fondateur NLMT (Gary Wong) est à la tête du département de chimie à HKBU. En collaboration avec des consultants internationaux spécialisés en chimie organique fluorescente et synthétique, l’équipe de recherche de NLMT (https://nlmedtech.com.hk) a développé ce test de détection précoce et réalisé les essais cliniques au sein de son propre centre de recherche dans le parc technologique de soins de santé à Zhongshan. Pure Index est un test urinaire innovant et non invasif qui mesure les taux de polyamines urinaires chez les hommes, au taux de PSA élevé, pour évaluer le risque de cancer de la prostate et éviter une biopsie inutile. Il est déjà utilisé au sein du réseau des hôpitaux publics depuis un an, à Hong Kong.
De son coté, le gouvernement a déjà lancé son programme de dépistage préventif du cancer du sein dans trois centres publics de santé depuis septembre dernier. Les femmes à risque paieront autour de 24 EUR la mammographie par épisode. L’échographie mammaire sera optionnelle en tant qu’examen complémentaire et proposée selon les résultats obtenus à la mammographie.
Depuis janvier 2021, un programme de dépistage du cancer colorectal, subventionné par le ministère de la santé, est proposé aux résidents hongkongais entre 50 ans et 75 ans. Une première consultation auprès d’un médecin de soins primaires avec test de dépistage immunochimique fécal a lieu. Si le résultat du test est positif, alors le participant devra subir un examen de coloscopie (subventionné par le gouvernement). Parmi ceux qui ont passé une coloscopie , environ 64,4% avaient des adénomes colorectaux et 6,3% confirmait un cancer colorectal, avant même de présenter des symptômes. De fait, une détection précoce, suivi d’un traitement adapté, optimise les chances de guérison.
Source: 04/10/2021, Nadia LAM – South China Morning Post