Date de publication :

Secteur Equipements et Solutions pour l'Agriculture et l'Agroalimentaire
Pays concerné
Royaume-Uni
Thématique Retour d'expériences
Nouvelles taxes sur le plastique, évolution des mentalités, coûts des matières premières, changement de consommation... Comment le secteur de l'emballage évolue-t-il au Royaume-Uni et quelles sont les perspectives et opportunités sur les prochaines années ?
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En 2013, Tracy Sutton a fondé ROOT, une société de conseil, afin d'aider les organisations à utiliser moins de ressources et à se concentrer sur la régénération, l’inclusion et la bienveillance envers la société et la planète.

Conférencière régulière sur des évènements internationaux et commentatrice respectée par les médias nationaux, Tracy est une experte de l’industrie avant-gardiste de la conception d’emballages innovants et responsables, avec plus de vingt ans d'expérience dans ce domaine. Elle est également conférencière à l’Université de Falmouth et membre de la Royal Society of Arts.

Tracy et l’équipe ROOT travaillent avec des producteurs et utilisateurs de marchandises et d’emballages du monde entier (Diageo, Pukka, Nandos). Grâce à des années d’expertise technique, environnementale et créative, ils fournissent des analyses, stratégies et conseils de pointe, permettant de réduire l’impact de chaque produit et emballage. Tous les travaux sont guidés par leur méthode "Design for Life" et éclairés par la banque de connaissances de ROOT.

Nous avons tenté de comprendre, avec l'aide de Tracy, les évolutions du secteur de l'emballage et les opportunités qui s'offrent pour les années à venir. 

Business France Londres (BFL) : Pouvez-vous présenter ROOT et vos actions au Royaume-Uni ?

Tracy Sutton (TS) : Nous sommes une société de conseil spécialisée dans l’emballage durable. Nous accompagnons les entreprises dans leur stratégie d'emballage, en réalisant notamment une analyse d’impact de pointe pour générer un avantage concurrentiel, aider les clients à respecter leurs engagements en matière de durabilité et les aider à réduire l’impact de leur portefeuille d’emballage.

BFL : Quelles sont les entreprises que vous accompagnez et dans quels secteurs opèrent-elles ?

TS : 80% de nos clients sont des marques multinationales et mondiales opérant dans de nombreux secteurs, y compris les produits de luxe, l'alimentaire, les boissons et la cosmétique. Nous connaissons une augmentation de notre activité auprès des transformateurs d’emballages, que nous soutenons par l’élaboration d’une stratégie de développement durable et d’une stratégie de produits pour aider à stimuler l’innovation et l’orientation des emballages qu’ils développent et mettent sur le marché.

BFL : Quel a été l’effet du Brexit ou de la COVID-19 sur votre activité et sur l’industrie de l’emballage ?

TS : Il y a eu peu d’incidence sur l'activité de ROOT ; nous travaillons avec des clients établis dans de nombreux pays et l’incidence de la COVID-19 sur nos clients n'a pas vraiment été ressentie. Néanmoins, il y a eu un impact considérable sur le secteur en général. Des pénuries de personnel aux problèmes extrêmes d’approvisionnement en matières premières, l’industrie de l’emballage n’a jamais connu une telle période. Les répercussions de la COVID-19 sur les achats à domicile et l’augmentation de nombreux engagements "plastic free" ont exercé une pression sur l’approvisionnement en matières premières dont je ne pense pas que nous nous remettrons. L’accès aux matériaux papier et au plastique est sous pression comme jamais il ne l'a été auparavant.

BFL : Observez-vous des tendances au Royaume-Uni concernant les matériaux d’emballage?

TS : Malheureusement il y a une réaction impulsive des marques à cause de la couverture médiatique sur la gestion des déchets plastiques. Cela a attisé la haine du public à l’égard du plastique - un matériau qui offre souvent l’une des empreintes carbones les plus faibles de toutes. Dans le même thème, bon nombre d'entreprises se tournent vers l’aluminium, le verre ou le carton - ces matériaux ont tendance à avoir des impacts plus élevés sur le carbone, l’eau ou le sol. Cette tendance de "plastic bashing" empêche finalement les marques d’atteindre leurs objectifs mondiaux en matière de durabilité.

BFL : À votre connaissance, y a-t-il un format d’emballage qui fonctionne mieux au Royaume-Uni ? 

TS : Non. Néanmoins, en termes de typicité d'emballage, le Royaume-Uni a l’intention de rattraper les pays européens en ce qui concerne la collecte et le recyclage des emballages souples. Le projet est légèrement en retard du fait de la mise en place tardives d'infrastructures, prévu d'ici 2025-2026. Concernant les emballages compostables, ils ne sont pas bien vus par les autorités locales, comme dans de nombreux pays européens.

BFL : Observez-vous des tendances au Royaume-Uni en matière d’automatisation en raison de la pénurie de main-d’œuvre?

TS : Il y a certainement plus de pression sur la fabrication et l'automatisation à la suite du Brexit. Ces pressions sont à mettre en parallèle avec les défis de la chaîne d’approvisionnement et l’accès aux matières premières. De nombreuses entreprises de transformation n’ont cessé de fonctionner pendant la pandémie, beaucoup d’entre elles ont même atteint une capacité maximale en raison des prestations de services essentiels pendant la pandémie.

BFL : Quels conseils donneriez-vous aux entreprises françaises qui cherchent à pénétrer le marché britannique ?

TS : Les entreprises doivent s'informer sur les politiques à venir en matière de packaging, notamment la réforme sur la responsabilité élargie du producteur (EPR) et la taxe sur le plastique prévue pour avril 2022. Nous avons une politique cohérente de recyclage et des règlements en cours d’élaboration dans le cadre de la stratégie sur les ressources et les déchets. Nous espérons que l’étiquetage des emballages évoluera bientôt vers une approche obligatoire comme celle des autres marchés européens. Elles doivent également veiller à mettre en place une stratégie solide d’emballage durable pour atténuer les risques commerciaux, de marque et réglementaires, car ces pressions n’ont jamais été aussi importantes.

BFL : Enfin, quelles sont, selon vous, les principales opportunités pour les entreprises d’emballage françaises ?

TS : Il faut utiliser la politique environnementale française pour mener des programmes stratégiques solides pour leurs portefeuilles d’emballages et de produits. Il y a une course entre les fournisseurs d’emballages qui reconnaissent la nécessité d’avoir une stratégie claire pour pousser les clients à être écologiquement et socialement responsables. Pour réussir sur le marché, nous suggérons aux entreprises d’investir dès maintenant dans une politique de durabilité. Il y a un potentiel que la France peut mettre en œuvre par le biais d’une politique spécifique de réutilisation et de remplissage. Le développement de solutions permettant aux marques d’offrir des systèmes d’emballage réutilisables ou consignés plutôt que des emballages à usage unique / jetables est un facteur de réussite.

 

Traduit de l'anglais par Adèle CHABBERT, bureau Business France Royaume-Uni

Tracy SUTTON - Tracy@root-innovation.com