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Les températures augmentant, certaines surfaces et notamment les vignobles en pente sont de moins en moins adaptés à la culture du riesling. Ceci s’illustre notamment dans la région de Freiburg, frontalière de la France. Si, pour certains cépages comme le chardonnay ou le burgunder, ceci a des avantages, ce n’est pas le cas pour le vin phare du pays.
De même, les épisodes climatiques sont de plus « extrêmes » et demandent aux vignerons de continuellement s’adapter. Cette année par exemple, la saison estivale a été exceptionnellement pluvieuse, entraînant à certains endroits des attaques de champignons et d'insectes. S’il peut alors paraître judicieux d’effeuiller les vignes, cela devient problématique dès lors qu'il se met à soudainement faire très chaud. « Tout est devenu beaucoup plus compliqué, notamment parce que nous avons certes plus de chaleur, mais toujours des gelées tardives qui mettent à mal les jeunes pousses. Pour y remédier, certains viticulteurs ont recours à des chauffages. Ici et là, on utilise même des hélicoptères pour brasser les couches d'air froid » souligne l’œnologue Monika Christmann en interview avec le quotidien Der Spiegel.
En conséquence, le riesling, ce vin phare de l'Allemagne, va subir d'importants changements. S’il ne devrait pas disparaître du paysage allemand, de nouvelles vignes voyant le jour dans les régions de Moselle, Rheingau ou Pfalz, une augmentation du sucre ainsi qu’une « note d’alteration » risque de modifier son goût. Pour Monika Christmann, « alors qu'auparavant, de nombreux viticulteurs devaient ajouter du sucre pour que le vin développe suffisamment d'alcool lors de la fermentation, il s'agit désormais de plus en plus de réduire les teneurs élevées en alcool ; c'est tout aussi autorisé, mais plus difficile et plus coûteux. Malgré tous ces efforts, on ne pourra pas empêcher le riesling allemand de changer quelque peu. À l'avenir, nous n'aurons plus de qualité légère, mais plutôt du corsé. Je suis curieuse de voir comment les clients vont réagir ».
Néanmoins, le changement climatique a aussi du bon pour le secteur allemand de la vigne. « Certains viticulteurs sont même devenus des gagnants de la crise en raison de la hausse des températures » estime Monika Christimann, « certains ont soudainement pu produire des vins rouges de qualité supérieure, capables de rivaliser avec la concurrence d'Europe du Sud et d'outre-mer ».
Source : Guido Kleinhubbert, 17/10/2021, Der Spiegel