La situation ne devrait pas s’améliorer à court terme, les pénuries actuelles de processeurs limitant les capacités d’assemblage des fabricants automobiles, et donc leurs commandes de batteries.

La pénurie en cours de semiconducteurs risque de se prolonger en 2022, plaçant les fabricants coréens de batteries dans une situation précaire. Un véhicule électrique standard requiert environ deux fois plus de processeurs embarqués qu’un véhicule thermique, aussi la pénurie actuelle impacte encore davantage l’industrie des véhicules électriques. Dans la mesure ou les fabricants de véhicules électriques ne sont pas en position d’assembler des véhicules à pleine cadence, les fabricants de batteries sont contraints de limiter leurs volumes de production en conséquence, affectant la rentabilité des usines de batteries qui ne peuvent plus fonctionner à des volumes optimaux.

La fabrication de batteries pour véhicules électrique est difficile à rentabiliser par nature, à moins de pouvoir atteindre des volumes élevés. De 2012 à 2019, Samsung SDI a cumulé près de 1,5 Mds EUR de pertes pour ses activités de batteries pour véhicules électriques, ne réalisant des bénéfices qu’à partir de 2019, année où le marché des véhicules électriques a réellement décollé. Entre temps Samsung SDI a été en mesure de compenser ces pertes grâce à ses activités dans les batteries de plus petite taille destinées à l’électronique (smartphones, tablettes, ordinateurs).

En plus des problématiques de volume, la fabrication de batteries pour véhicules électriques est également plus sensible au prix de certains métaux clefs comme le manganèse, le cobalt ou le nickel, qui peuvent représenter 70 à 80% du coût de fabrication des batteries. La spéculation autour des prix de ces matières premières a très longtemps affecté les fabricants de batteries, la situation s’étant néanmoins améliorée depuis 2019, depuis que les constructeurs automobiles ont accepté des mécanismes de compensation financière en cas de volatilité trop importante des prix des matières premières.

Les derniers facteurs limitant actuellement la rentabilité des fabricants de batteries sont les dépenses capitalistiques à réaliser afin d’anticiper la croissance de la demande, ainsi que certains coûts fixes. Actuellement, les fabricants de batteries ont pour pratique de provisionner 1 à 2% de leur chiffre d’affaires en cas de rappels de certains véhicules (tels ceux qu’a essuyé LG Energy Solutions avec la Chevy Bolt de General Motors). Les fabricants sont également contraints d’investir de manière importante dans de futures capacités de production, au risque de ne pas capter la demande future et de perdre de potentiels clients. Les volumes de dépense capitalistique des fabricants de batteries sont actuellement estimés entre 1,5 et 2,3 Mds EUR par an, plaçant les fabricants sous une pression financière importante.

Malgré les difficultés actuelles, les professionnels du secteur demeurent optimistes quant à la rentabilité future de l’industrie, lorsque les volumes de production seront suffisamment importants et que les dépenses capitalistiques auront ralenti. Selon les projections actuelles, la rentabilité future des fabricants de batteries devrait ainsi avoisiner les 5%, un niveau comparable aux équipements automobiles traditionnels.

(Source : Korea Herald – décembre 2021).