Ce phénomène coïncide avec la montée en puissance des secteurs du new space et de l'aviation du futur dans le pays. Hideki Shimomura, ancien ingénieur logiciel chez Sony, a largement contribué à la technologie robotique de la société, notamment du robot grand public Aibo. Ses compétences, largement transférables, ont été mises à contribution dans son nouveau rôle de CTO chez Ispace, un concepteur de véhicules spatiaux destinés à l'exploration lunaire. 

Un autre exemple est celui de Kazuhuro Mizuta, ancien ingénieur chez Toyota Motor, actuellement CTO de l'équipementier aéronautique startup AeroEdge. La jeune entreprise produit et sous-traite des pâles de turboréacteurs en utilisant sa flotte d'imprimantes 3D pour alliages. Le contrôle qualité est agrémenté de procédés utilisant l'intelligence artificielle.

Le CTO de SkyDrive, la startup japonaise la plus connue dans le domaine des aéronefs électriques à décollage et atterrissage vertical (eVTOL), est quant à lui un ancien de la R&D chez Mitsubishi Heavy Industries. Son expérience dans le développement du Mitsubishi Regional Jet jusqu'en 2019 a été essentielle pour sa maitrise des procédés industriels et le pilotage de la chaine d'approvisionnement pour le projet SkyDrive. Les épreuves endurées pour la certification-type du Mitsubishi SpaceJet par les autorités de l'aviation civile sont autant d'expériences transférables sur un projet d'aviation du futur, secteur nouveau où le développement des réglementations s'effectue de concert avec les acteurs privés précurseurs du domaine.

Ce phénomène témoigne de l'essence même de l'innovation au Japon, émanant avant tout de l'expertise technique de grands groupes industriels et dont le développement en démonstrateurs viables est sous-traité auprès de startups.

Source : Nikkei Asia, 1/12/21