Date de publication :

Secteur Santé
Pays concerné
Tunisie
Thématique Actualités du secteur
Image info sectorielle

La crise sanitaire a mis en évidence les défaillances du système de santé tunisien. Elle a également permi une accélération de la digitalisation du secteur ainsi que de son cadre légal régulateur. Devant la surcharge des structures de soins, la télémédecine a permis aux citoyens, notamment les plus éloignés, de bénéficier de consultations à distance. 

Dans les villes de l’intérieur, les citoyens doivent se déplacer vers les grandes villes pour accéder à une médecine complète et polyvalente. Les centres de santé de base offrent, en général, des consultations spécialisées périodiques et espacées incapables de drainer la totalité de la demande. 

La première expérience de télémédecine a eu lieu en 1996 et cette même année, le ministère de la Santé a inscrit l'introduction de la télémédecine dans les établissements publics dans sa stratégie du plan informatique stratégique. La Société arabe de télémédecine et e-santé a été fondée en 1999. Pourtant, 25 ans plus tard, la Tunisie ne compte aujourd’hui que quelques ébauches de projets de télémédecine inachevés dans quelques services hospitaliers ou dans le cadre de projets communs avec l’UE qui étaient pourtant prometteurs. Pour réduire les disparités régionales d’accès aux soins, la solution ne peut venir que d’une optimisation des ressources à travers la formation continue du personnel et une gouvernance basée sur la digitalisation et, donc, sur la télémédecine. 

Actuellement, il y a une volonté de réguler cette pratique et les textes qui la régissent. Dans le secteur privé, les plateformes médicales se lancent dans un exercice anarchique de la téléconsultation sans aucun cadre légal régulateur. Le risque n’est pas seulement médical, mais également éthique. Les bases de données et les données personnelles des patients ne sont ni sécurisées ni reconnues légalement par les autorités sanitaires. Le secret médical n’est pas protégé et les contrats médecins-plateformes, patients-plateformes sont absents et ne garantissant ni les droits du médecin ni le consentement d’un patient éclairé, comme l’exige la déontologie médicale. La télémédecine est une médecine qui  obéit aux mêmes conditions que la médecine et doit donc être protégée de la dérive commerciale. Les textes de loi qui régissent la médecine en Tunisie sont aujourd’hui une obligation urgente, le législateur doit suivre le rythme du monde, libéraliser et réguler la santé de ses citoyens en dépend.

(Source : La presse le 04/01/22)