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En remplacement des aides de la PAC, l’Agriculture Act adopté fin 2020 prévoit la mise en place de l’Environmental Management Schemes (ELM), censé permettre de passer du système des paiements directs, considéré par le gouvernement britannique comme bureaucratique et injuste, à un système de « public money for public goods ». Alors que l’an dernier le département de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales (Department for Environment, Food and Rural Affairs ou DEFRA) avait présenté les premiers éléments du dispositif Sustainable Farming Incentive qui prévoit une rémunération des agriculteurs en fonction de mesures favorables à l’environnement prédéfinies au niveau national, le ministre a insisté sur les deux autres volets du ELM que sont le Local Nature Recovery scheme et le Landscape Recovery scheme.
Ces deux dispositifs seront déclinés au niveau local en fonction des enjeux : le premier visera à inciter les agriculteurs à mettre en place des actions ciblées (replantations d’arbres, protection de zones humides existante, restauration d’habitats pour des espèces identifiées) ; le second prévoit des actions "plus radicales" avec la création de réserves naturelles, de forêts ou encore de zones humides. Le ministre a notamment indiqué l’objectif de restaurer à termes 300 000 hectares d’habitats en Angleterre. A horizon 2028, le DEFRA prévoit que chaque volet représente une part égale de l’enveloppe totale consacrée au ELM (2,4 Mds d’€ aujourd’hui). Lors de son discours, le ministre Eustice a également annoncé que les taux de paiement du Countryside Stewardship augmenteraient de 30 %, tant pour les agriculteurs déjà impliqués que pour ceux qui n'ont pas encore déposé de demande.
Les ONG ont réagi plutôt favorablement tout en demandant des précisions sur le fonctionnement et la mise en œuvre de ces dispositifs, qui seront à la disposition des agriculteurs comme des propriétaires terriens sur la base du volontariat. Les agriculteurs, et notamment la NFU (National Farmers' Union of England and Wales), sont plus mitigés, considérant qu'ils sont déséquilibrés en ne traitant que la question environnementale et non l’enjeu de production et de souveraineté alimentaire. Elles craignent que ceci ne conduise à diminuer les surfaces dédiées à l’agriculture - et donc la production agricole - sur le territoire anglais, ce qui amènera à augmenter les importations de denrées produites avec des normes de production moins-disantes.
Lors d’un exercice de question-réponse avec le public, le ministre a indiqué que les réflexions visant à faciliter le recours aux NBT ne concernent dans un premier temps que les cultures végétales et non l’élevage pour lequel des questions éthiques restent à résoudre. Il a par ailleurs évoqué la possibilité d’introduire une réglementation secondaire (possible via l’agriculture act) pour accroître la transparence des prix et l’équité de répartition de la valeur dans la filière porcine, alors que cette dernière subit une crise importante au Royaume-Uni.
Source : Service Economique Régional, Ambassade de France à Londres, 12 janvier 2022