Date de publication :

Secteur Equipements et Solutions pour l'Agriculture et l'Agroalimentaire
Pays concerné
Algérie
Thématique Actualités du secteur
L’Algérie est le 2ème consommateur de blé en Afrique et le 5ème importateur mondial de grain, sous toutes formes. Le pays s’est engagé dans un processus de diversification de ses sources d'approvisionnement en céréales, entraînant une baisse des parts de marché françaises
Image info sectorielle

Les achats de blé en provenance de France par l’Algérie sont en forte baisse et ce, en dépit d’une forte diminution de sa récolte de céréales pour la campagne 2020-2021. Traditionnellement, la France est le principal fournisseur de blé tendre du marché algérien, mais la donne a changé, pour deux raisons principalement.

 

Tout d'abord, l’Algérie a modifié son cahier des charges pour l’achat de blé, afin de diversifier ses fournisseurs dans un contexte de hausse des prix sur le marché mondial. Cette décision a été prise sous l’influence des lobbyistes russes dont les efforts ont conduit l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), le plus grand importateur de blé en Algérie, à élever en 2020 les seuils de taux d’endommagement du blé par les punaises, de 0,1% à 0,5% , et plus récemment de 0,5% à 1%. Dans le même temps, les seuils des taux protéiques ont été revus à la hausse. Ces modifications sont défavorables au blé français, qui dispose historiquement d’un très faible taux d’endommagement par les punaises, mais d’un taux protéique relativement bas.

 

Cela favorise un retour sur le marché algérien du blé russe, pourtant absent depuis 5 ans. Les exportations de blé russes vers l’Algérie ont ainsi repris en juin dernier, avec une première expédition de 28 000 tonnes. Ce volume a depuis atteint 363 500 tonnes, a indiqué le Service fédéral de surveillance vétérinaire et phytosanitaire russe (Rosselkhoznadzor) dans un communiqué.

Par ailleurs, selon l’agence américaine Bloomberg, l’Algérie a signé en novembre 2021 un accord de fourniture par la Russie de 200 000 tonnes de blé. La Russie ambitionne d’augmenter ses volumes d'exportation vers le marché algérien pour atteindre 1 M de tonnes d’ici juin 2022, mais devra néanmoins faire face au duo franco-allemand, les deux pays actuellement premiers fournisseurs européens de l’Algérie.

 

D'autre part, les tensions politiques entre la France et l’Algérie qui ont abouti en octobre dernier au rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris ont également participé à la baisse des exportations françaises de blé vers l’Algérie.

 

Les relations se sont depuis quelque peu réchauffées entre les deux pays. En effet, le dialogue a repris après la visite en décembre dernier du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en Algérie. L’ambassadeur d'Algérie en France a regagné Paris début janvier 2022. De plus, l’Algérie a décidé de rouvrir son marché aux génisses et bovins d’engraissement français, après une année de suspension en raison des tensions politiques entre les deux pays. Ces signes d’apaisement peuvent présager d’un futur favorable au blé français sur le marché algérien, effet qui pourrait également être renforcé par les répercussions de la crise ukrainienne.

 

En effet La Russie et l’Ukraine figurant parmi les principaux fournisseurs du marché mondial, cette crise devrait impacter les approvisionnements, ainsi que les prix, qui sont déjà très élevés. Les livraisons russes ont déjà baissé de 20%, et des hausses des cours directement liées à la crise sont signalées.

 

Selon les prévisions de l’Organisation de Nation Unies pour l’Alimentation (FAO) en août dernier, la production algérienne de céréales devrait baisser de 38%, en raison notamment des sécheresses qui ont marqué l’année 2021. En parallèle, l’organisation onusienne prévoyait une augmentation des importations algériennes de céréales, essentiellement de blé, qui devraient connaître une hausse de 25% par rapport à l’année passée, et de 7% durant la saison de commercialisation 2021/2022.

 

Pour l’Algérie, il s’agit d’un « enjeu crucial pour la nation » comme l’a indiqué le président Abdelmadjid Tebboune lors d’un conseil des ministres. Pour réduire la dépendance de l’Algérie aux importations, le président Tebboune a demandé au gouvernement de « développer la production céréalière en réorientant les efforts dans le secteur agricole, notamment dans le Sud ». Cela devrait offrir de nombreuses opportunités aux entreprises françaises, notamment sur les marchés des intrants et des équipements agricoles.

 

 

Sources :

https://www.algerie-eco.com/2022/01/27/ble-les-exportations-francaises-vers-lalgerie-en-forte-baisse/#:~:text=Les%20exportations%20fran%C3%A7aises%20de%20bl%C3%A9%20vers%20l'Alg%C3%A9rie%20ont%20fortement%20baiss%C3%A9.&text=Selon%20les%20donn%C3%A9es%20de%20l,plus%20de%2090%20%25%20des%20cargaisons.

https://www.tsa-algerie.com/crise-ukrainienne-quelles-repercussions-sur-lalgerie/

https://maghrebemergent.net/ble-les-exportations-russes-vers-lalgerie-multipliees-par-13/

https://www.tsa-algerie.com/ble-forte-baisse-des-exportations-francaises-vers-lalgerie/

Fourniture de l’Algérie en céréales : Les ambitions russes contrariées, El Watan 29/01/2022

La filière céréales verrouillée par le quasi-monopole de l’OAIC, El Watan 01/02/2022