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Si la France n’est que 7ème fournisseur du pays alpin, ses produits bénéficient d’une bonne image notamment lorsqu’ils sont issus de secteurs considérés comme typiquement français à l’image des produits de boulangerie, viennoiserie, pâtisserie (BVP).
1. L’Autriche, un pays fortement dépendant sur le plan alimentaire
Malgré le patriotisme alimentaire qui se veut fort en Autriche, le pays doit importer pour répondre à la demande de ses 8,9 M d’habitants. Sa faible autosuffisance s’explique notamment par la géographie de son territoire, montagneux. En effet, les Alpes représentent deux tiers de la surface au sol totale. De fait, en 2016, seul 1,5 %, soit 2,67 M d’hectares étaient cultivés en Autriche, contre 16,1 % pour la France, 13,4 % pour l’Espagne ou 9,6 % pour l’Allemagne. Pour garantir son approvisionnement alimentaire, l’Autriche doit donc importer des produits alimentaires.
2. Produits de BVP et fruits et légumes, catégories où la France s’exporte, constituent une part importante des importations autrichiennes
L'Autriche est traditionnellement un importateur net de fruits et légumes. C’est dans ce segment qu’elle importe le plus, ne produisant que 27 % de sa consommation totale de fruits et 54 % de sa consommation de légumes. En 2020, les importations en valeur de fruits, légumes, noix, oléagineux, tubercules et préparation à base de ces aliments se sont ainsi élevées à 3,64 Mds EUR. Les seuls légumes pour lesquels l’Autriche peut répondre entièrement à sa demande sont les oignons (151 %), les épinards (107 %), les pois (137 %) et les pommes (109 %). A noter que le taux d’autosuffisance est particulièrement faible pour les tomates (20 %), pourtant particulièrement appréciées des Autrichiens qui en consommaient 30 kg par personne en 2018. L’autosuffisance est également faible pour l’ail (20 %), les fraises (40 %) majoritairement importées d’Espagne (11 200 tonnes, soit 35 % de l’importation totale de fraises en 2019), les abricots (40 %) et les asperges (47 %). Pour les fruits, seules les prunes, les poires et les cerises bénéficient d’un taux d’autosuffisance supérieur à 50 % avec 80% pour les prunes et 74% pour les poires et cerises.
L’Autriche importe également beaucoup de produits réalisés à base de céréales. Le pays en a importé pour une valeur de près d’1,07 Md EUR en 2020, parmi lesquels les produits de BVP représentaient environ 651 M EUR. Le segment représente ainsi la deuxième catégorie de produits alimentaires importés, suivi des produits laitiers, des œufs et du miel (924 M EUR), catégorie principalement tirée par les produits laitiers (899,1 M EUR), des préparations comestibles diverses (842,3 M EUR) et des produits carnés (839,8 M EUR).
A titre indicatif, la catégorie du cacao et des produits chocolatés représentait des importations à hauteur de 532,2 M EUR, celle du café, du thé et des épices à hauteur de 476,7 M EUR, et celle du sucre et des produits sucrés à hauteur de 323,8 M EUR.
3. L’Allemagne, principal fournisseur de l’Autriche
En raison de sa proximité avec l’Autriche, l’Allemagne est de très loin le plus grand fournisseur du pays. Les importations alimentaires venues d’Allemagne représentaient en 2020 plus de 34 % des importations et une valeur d’un peu moins de 4 Mds EUR. Les préparations à base de céréales, farine, amidon et lait et les produits boulangers représentaient 16,17 % des importations autrichiennes en provenance d’Allemagne, soit 640,3 M EUR, suivi de la catégorie des produits laitiers, œufs, miel avec 12,5 % et 496 M EUR dont 440,5 M EUR. En 3ème position arrive la viande avec 11,1 %, soit 439,3 M EUR. A noter que les importations autrichiennes dans ces trois catégories ont néanmoins reculé l’an dernier, de respectivement 2,55 %, 5,77 % et 16,47 %.
L’Italie et les Pays-Bas, sont également des partenaires importants. Ils arrivent à la 2ème et 3ème place avec respectivement 10,67 % et 6,92 % des importations.
4. La France, 7ème fournisseur de l’Autriche, peut s’appuyer sur les segments où elle dispose d’une tradition reconnue
En raison de ces forts taux d’importation, l’Autriche apparaît comme un marché attractif pour les exportateurs français du secteur agroalimentaire. Mais, avec seulement 3,31 % des importations totales de l’Autriche qui proviennent de France, soit 436 M EUR, la marge de progression reste grande.
De France, l’Autriche importe principalement des boissons, spiritueux et vins. Cette catégorie représentait 81 M EUR en 2020, un montant en baisse de 20 % par rapport à l’année pré-pandémie de 2019 (101 M EUR).
Autre catégorie pour laquelle l’Autriche reconnaît le savoir-faire français : les produits de BVP, avec une valeur de 26,6 M EUR. Il s’agit majoritairement de produits considérés comme typiquement français comme les madeleines, les baguettes et autres pains ou encore les macarons.
Les produits laitiers représentent 10,39 % des exportations françaises vers l’Autriche avec une valeur de près de 40 M EUR en 2020. Toutes les gammes de fromages français sont présentes en Autriche et c’est la catégorie de produits alimentaires qui compte le plus de produits français dans les supermarchés autrichiens. Les bries, emmentals et camemberts sont des fromages très appréciés. Ils représentent respectivement 11,3 %, 5,8 % et 3,7 % des exportations de fromages.
Les produits gourmets et d’épicerie français sont également demandés. Mais ils connaissent des variations plus importantes (aussi bien à la hausse qu’à la baisse) du fait de volumes plus faibles. Par exemple, les importations de sucres et confiseries français ont explosé en 2020, l’Autriche ayant importé 386,28 % de plus de ces produits qu’un an plus tôt, principalement tiré par les importations de sucre de canne ou de betterave et le saccharose chimiquement pure. Les cafés, thés, matés et épices français ont également connu une forte progression en 2020 avec des importations à hauteur de 8,5 M EUR, soit 44,33 % de plus qu’en 2019 (5,91 M EUR) et plus du double d’en 2018 (3,62 M EUR). Les importations d’épices ont augmenté ou progressé dans des proportions moindres selon les produits. Par exemple, les importations d’anis, badiane, graines de fenouil, coriandre ou cumin ont progressé de 17,59 % en 2020 alors que celles de poivres ont reculé de 38,10 % pour revenir à un niveau sensiblement supérieur à celui de 2018.
On retrouve les produits gourmets et d’épicerie français dans diverses épiceries fines plutôt haut de gamme, spécialisées ou non en produits français, mais aussi dans des enseignes de grandes distributions. Certaines marques comme Bonne Maman pour les confitures se trouvent ainsi dans les rayons de supermarchés.
De même, certains produits identifiés comme typiquement français sont établis dans les rayons autrichiens, à l’image des moutardes de Dijon, du piment d’Espelette, des produits à base de marrons ou encore certains pâtés.
Souvent peu connus des Autrichiens, en dehors des secteurs pour lesquels la France jouit d’une réputation certaine, les produits français doivent aussi faire face à un fort patriotisme alimentaire, renforcé depuis le début de la crise sanitaire. En 2021, près de 22 % des consommateurs considéraient ainsi la régionalité comme le premier critère d’achat de produits alimentaires. Pour autant, ce marché de 8,9 M d’habitants offre des opportunités aux exportateurs français du fait de la faible autosuffisance alimentaire du pays, notamment, et de l’important pouvoir d’achat des Autrichiens.
Sources : Bureau Business France de Vienne, 11/2021 ; Global Trade Atlas, 01/2022 ; Ministère fédéral de l’Agriculture, des Régions et du Tourisme, 2021, Rapport Vert ; Greenpeace, 2020, Le mythe de l’indépendance alimentaire autrichienne ; Statista, 2021, www.de.statista.com ; Export Agence Adocc, 09/2021, export.agence-adocc.com ; Österreich isst informiert, 31/08/2021, www.oesterreich-isst-informiert.at ; Heinrich Böll Stiftung, 2021, Fleischatlas ; Alfons Deter, 25/08/2021, Top Agrar ; Versorgungsbilanzen, 2019/2020, Statistik Austria