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La mairie de Varsovie, s’appuyant sur un rapport intitulé « Évaluation des performances en matière d'émissions réelles des véhicules à Varsovie », part d’un constat sans équivoque : seuls 6 % des plus anciens véhicules à moteur diesel circulant dans les rues de la capitale polonaise sont responsables d'une importante et disproportionnée part d’émissions de CO2. Le rapport a été réalisé par l’ONG International Council on Clean Transportation (ICCT). A la demande de la mairie de Varsovie, il a été élaboré conjointement par les équipes de l'initiative TRUE (The Real Urban Emissions) de l’ONG ICCT et celles des autorités municipales locales.
Les auteurs du rapport recommandent d'introduire une LEZ à Varsovie. Ils recommandent, entre autres, de retirer immédiatement de la circulation les véhicules certifiés inférieurs à la norme Euro 4, quel que soit le type de carburant (c'est-à-dire ceux de 2005 et plus anciens) et d'étendre la zone aux véhicules des catégories Euro 4 et 5 (c'est-à-dire ceux de 2006 à 2014). Une enquête sur les émissions par télédétection a été réalisée en six endroits de la ville. 220 000 mesures ont été effectuées sur près de 150 000 types de véhicules différents. « Connaître les émissions réelles des véhicules dans la ville peut aider à identifier les tendances locales importantes, qui peuvent à leur tour être utilisées pour développer des politiques appropriées et efficaces en matière d'émissions dues au trafic » indique le rapport.
En effet, les résultats de l’enquête montrent que les voitures les plus anciennes circulant dans les rues de la capitale (véhicules de 2005 ou plus anciens, répondant à la norme Euro 3), bien qu'elles ne représentent que 17 % du trafic urbain, sont responsables de 37 % des émissions d'oxydes d'azote (NOx) et de 52 % des émissions de particules (PM). Les véhicules de tourisme, roulant au diesel et conformes aux normes Euro 4 et Euro 5, bien que ne représentant que 13 % de l'ensemble des mesures effectuées, étaient responsables de 27 % des émissions totales de NOx et de 28 % des émissions totales de particules.
L'étude a également porté sur les émissions des taxis et des autobus urbains. L'âge moyen des taxis de Varsovie est de sept ans, tandis que l'âge moyen des véhicules de transport de passagers à Bruxelles, ville qui a d’ailleurs instauré une LEZ en 2018, est de quatre ans. On peut lire dans le rapport que « les émissions de NOx et de particules des taxis diesel de Varsovie sont respectivement 1,8 et 4,1 fois plus élevées que celles des mêmes taxis à Bruxelles. Si la limite d'âge de sept ans pour les taxis actuellement en vigueur à Bruxelles était introduite à Varsovie, 43 % des taxis responsables de 58 % à 87 % des émissions actuelles de tous les polluants disparaîtraient des rues de Varsovie ».
On peut retenir des résultats de l'étude que la restriction de la circulation pour seulement 6 % des véhicules - en particulier les voitures équipées de moteurs diesel antérieurs à 2006 (c'est-à-dire des voitures qui ont déjà 17 ans) - améliorerait notablement la qualité de l'air à Varsovie. Lors d’une conférence de presse présentant les résultats du rapport, le directeur du bureau de gestion du trafic, Tamas Dombi, a annoncé qu'un plan de mise en œuvre de « zones de transport propre » devrait être présenté d'ici la fin de l'année. Les zones seront mises en œuvre sous forme de projet pilote d'ici la fin de 2023 et seront pleinement opérationnelles d'ici la fin de 2025. M. Dombi a toutefois souligné qu'avant que cela ne se produise, des consultations avec les habitants de Varsovie auront lieu. Des propos confirmés par Michał Olszewski, numéro 2 de la mairie de Varsovie : les différents scénarios de LEZ seront présentés aux conseillers municipaux et aux résidents et la décision finale reviendra au Conseil municipal de Varsovie… après consultations publiques.