Date de publication :

Secteur Tech et Services
Pays concerné
Allemagne
Thématique Grands projets
Le nouveau projet informatique du service de la police criminelle (Landeskriminalamt, LKA) de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (RNW) repose sur un moteur de recherche simple et efficace, par le biais duquel des données peuvent être inspectées : casier judiciaire, données des téléphones portables, historiques, profils sur les réseaux sociaux.
Image info sectorielle

Un accord avait été trouvé avec l’entreprise américaine de Big Data Palantir. Malheureusement, celui-ci a fortement dérapé en termes de coûts et de calendrier. D’après l’appel d’offre, la valeur du contrat s’élevait à 14 M EUR. En réalité, le Land a déjà dû débourser près de 39 M EUR pour ce projet.

Le système, basé sur la plateforme « Gotham » de Palantir, est un outil de lutte contre le terrorisme et la grand banditisme. Cependant, il n'a fonctionné qu'en mode « test » pendant un an et demi. Pour cause, un désaccord oppose la commissaire à la protection des données de RNW et le Ministre de l’Intérieur M. Herbert Reul. A l'origine, le système devait être opérationnel pour les premiers utilisateurs dès l'automne 2020.

Herbert Reul fait remarquer que le logiciel est désormais utilisé avec succès. Plusieurs délits ont déjà été empêchés grâce à son utilisation, comme des explosions de distributeurs automatiques de billets et des violences sexuelles sur des enfants.

Jürgen Bering, de la Société pour les droits et  libertés [Gesellschaft für Freiheitsrechte], a toutefois critiqué le fait que la loi de Rhénanie-du-Nord-Westphalie autorise l'utilisation du système d'exploration de données même pour des délits moins graves comme la fraude, la corruption de fonctionnaires ou l'incitation à la haine. L'organisation de défense des droits civiques entend donc déposer un recours constitutionnel début octobre.

Palantir, cofondée par Peter Thiel, un partisan de Trump, est controversée depuis des années. L'organisation américaine de défense des droits civiques ACLU parle d'une « entreprise clé dans l'industrie de la surveillance », qui a démarré ses activités grâce à la filiale de capital-risque de la CIA, In-Q-Tel. Selon les critiques, elle est profondément impliquée dans le complexe militaro-numérique industriel des Etats-Unis. D’après ses dénonciateurs, le modèle commercial est le suivant : Big Data pour Big Brother. Les transferts de données ne sont pas explicités clairement. En d’autres termes, on ne sait pas quelles données sont actuellement transmises aux Etats-Unis.

Source : Heise, 27/09/2022, www.heise.de