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La Chine domine aujourd’hui le marché mondial des EV avec plus de 57% de part de marché en 2021 et maîtrise largement la chaîne d’approvisionnement des batteries.
Pourtant, cette position de leader n’est pas encore gravée dans le marbre. La concurrence continue de s’intensifier à mesure que d’autres pays renforce leurs investissements dans les métaux rares, les batteries et les véhicules électriques. Et la Chine, malgré son avance, possède ses propres faiblesses.
D’après Miao Wei, ancien chef du ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information, l’industrie EV fait face aujourd’hui à deux défis majeurs : le manque de semi-conducteurs et le manque de système d’exploitation.
Concernant les semi-conducteurs, cette limitation est déjà bien connue et pas uniquement pour ce secteur. La Chine continue de construire pièce par pièce le puzzle de son indépendance vis-à-vis des puces étrangères mais rencontre jusqu’à présent un succès mitigé. Cet effort est d’ailleurs compliqué par les restrictions récentes américaines.
Pourtant, une autre contrainte moins discutée subsiste : les logiciels.
D’après Miao, qui a aussi été à la tête du groupe d’état Dongfeng Motor, la Chine risque de perdre la course au développement de son propre système d’exploitation EV capable de concurrencer et mener le marché mondial. Un parallèle se trace selon lui avec le cas des duopoles existant pour les PC et Smartphones. Pour Miao, les marché logiciel pour véhicules est encore trop fragmenté. Or les enjeux actuels sont forts car un système d’exploitation leader pourrait permettre à son propriétaire d’exercer une influence considérable sur les différents constructeurs automobiles.
Le problème selon Andrew Grant, responsable de la mobilité intelligente chez BloombergNEF, vient du fait que les EV nécessitent plus de couches logicielles que les smartphones. En dessous des simples couches d’interactions et connexions, se trouvent la couche de navigation, ainsi que la « couche critique » qui coordonne les myriades de puces du véhicule et s’assure de son bon fonctionnement. Ce sont ces deux dernières couches qui posent un danger pour le développement chinois. Et, au final, il y a peu de chances qu’un seul pays ou une seule entreprise parvienne à imposer son propre système : se concentrer sur les matériaux et les batteries, c’est prendre le risque que d’autres éléments ou logiciels soient déjà développés ailleurs.
Source : Quartz, 14/10/2022