En 2021, l'entreprise Novartis a réalisé un chiffre d'affaires de 30 milliards de dollars dans les cinq domaines thérapeutiques clés restants (cardiovasculaire, immunologie, neurosciences, tumeurs solides et l'hématologie). Dans ces conditions, Novartis ne sera plus à l'avenir qu'un fabricant de médicaments de taille moyenne. Son concurrent local,  Roche, actif non seulement dans le secteur pharmaceutique mais aussi dans le diagnostic, a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires de près de 63 milliards de francs suisses (environs 63,9 milliards d'euros) dont 45 milliards de francs suisses (environs 45,6 milliards d'euros) sont revenus à la division pharmaceutique.

Au sein de la division ophtalmologique, Novartis avait déjà fortement réduit sa taille en 2019. Après la scission d'Alcon, il ne restait plus chez Novartis que les médicaments délivrés sur ordonnance dans le domaine de l'ophtalmologie. Ce secteur a longtemps bénéficié du succès de Lucentis. Les ventes de ce médicament, utilisé contre la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), ont encore rapporté à Novartis 2,2 milliards de dollars en 2021, soit une hausse de 8 % en monnaies locales. Sur les neuf premiers mois de l'année 2022, le chiffre d'affaires a baissé de 2% à 1,5 milliard de dollars. Les ventes devraient davantage baisser à l'avenir, car Lucentis a perdu la protection de son brevet et est de plus en plus concurrencé par des produits d'imitation. Le médicament Beovu aurait dû remplacer le médicament Lucentis dans le traitement de la DMLA, selon les objectifs de Novartis mais s'est révélé être une grande déception pour les médecins en raison d'effets secondaires indésirables.

Les activités de Novartis dans le domaine des maladies respiratoires ne sont pas non plus très réjouissantes. Le groupe n'a pas réussi depuis longtemps à atteindre une taille critique dans ce domaine thérapeutique. Le Xolair, médicament administré contre l'asthme allergique sévère et l'urticaire chronique sévère, est le seul produit dont le chiffre d'affaires dépasse le milliard de dollars. 

Novartis a décidé de fusionner par ailleurs l'unité d'affaires Oncologie, jusqu'ici séparée, avec les autres activités de l'entreprise pharmaceutique.

Le directeur du groupe Novartis, Vas Narasimhan, qui est lui-même américain, a pour objectif de faire croître l'entreprise en premier lieu aux Etats-Unis. Ainsi, les médicaments anticancéreux à fort chiffre d'affaires doivent permettre à l'entreprise de se hisser parmi les cinq plus grands fournisseurs sur l'ensemble du marché pharmaceutique américain. Le développement sur le marché européen semble ainsi être moins prioritaire pour la direction. Cette stratégie s'explique notamment par le fait que les entreprises pharmaceutiques sont généralement soumises à une plus forte pression sur les prix dans les pays européens, où les systèmes de santé sont principalement étatiques, qu'aux Etats-Unis.

Compte tenu de ces futures restructuration au sein de Novartis, on comprend mieux pourquoi l'entreprise a annoncé en juin 2022 la suppression de jusqu'à 8000 emplois dans le monde. La restructuration touche particulièrement les fonctions de l'administration centrale, dont beaucoup sont des postes de cadres.