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Alors que les experts tirent la sonnette d'alarme sur la résistance croissante aux antibiotiques qui, selon The Lancet, a été directement responsable de 1,3 M de décès en 2019, le Medical Research Council a lancé fin 2022 l'étape sud-africaine d'une étude mondiale dans cinq hôpitaux pour évaluer la situation en Afrique du Sud. Le groupe de scientifiques impliqués dans l'étude The Lancet a déclaré que les bactéries résistantes aux antibiotiques se multiplient lors de rassemblements de masse récurrents et que les décès annuels dus à la résistance aux antimicrobiens devraient atteindre 10 M d'ici à 2050. L'Afrique subsaharienne a le taux de mortalité le plus élevé au monde en raison d'infections résistantes aux antibiotiques. Les infections nosocomiales figurent parmi les plus meurtrières et nécessitent de toute urgence des traitements nouveaux et améliorés.
Ainsi, le Partenariat mondial pour la recherche et le développement des antibiotiques (GARDP) et le Conseil sud-africain de la recherche médicale (SAMRC) ont lancé l’étude d'observation qui doit recueillir et analyser les données de 150 patients traités pour des infections causées par des organismes résistants aux carbapénèmes (une sous-classe d’antibiotiques) dans cinq hôpitaux d'Afrique du Sud. L'étude a démarré en novembre 2022 à l'hôpital Livingstone de Gqeberha (Port Elizabeth), puis à l'hôpital Groote Schuur du Cap, à l'hôpital universitaire Chris Hani Baragwanath de Soweto, à l'hôpital King Edward VIII de Durban et à l'hôpital Tygerberg du Cap.
"Nous constatons une augmentation des taux de résistance aux carbapénèmes, la classe d'antibiotiques la plus couramment utilisée pour traiter les infections bactériennes multirésistantes contractées à l'hôpital", a déclaré François Franceschi, responsable du projet GARDP pour les infections bactériennes graves. "Il s'agit d'une urgence sanitaire mondiale qui nécessite une action immédiate. Nous espérons que cette étude nous donnera certaines des réponses dont nous avons besoin pour fournir de meilleurs traitements aux personnes qui développent ces infections résistantes aux antibiotiques à l'avenir."
L'étude porte sur l'épidémiologie ainsi que sur les traitements administrés aux adultes et aux enfants atteints d'infections graves causées par des Carbapenem-resistant Enterobacteriaceae (CRE). Elle doit recueillir des données sur les résultats cliniques des patients atteints d'infections confirmées par CRE au sein des cinq sites hospitaliers.
"Il existe très peu de données provenant des pays africains sur la démographie, les facteurs de risque et les résultats cliniques des patients hospitalisés touchés par des infections résistantes aux carbapénèmes. L'étude doit apporter des informations fondamentales qui pourront être utilisées pour améliorer les traitements et contribuer à réduire le nombre de décès et de maladies associés à ces infections. Grâce à un laboratoire central de microbiologie, l'étude doit également fournir des données indispensables sur l'épidémiologie moléculaire des isolats bactériens responsables des infections CRE ", a déclaré Adrian Brink, investigateur clinique de l'étude à l'hôpital Groote Schuur du Cap.
L'étude porte également sur les capacités des hôpitaux participants à réaliser des essais cliniques, l'objectif final étant de renforcer les capacités dans la région.
L'étude se poursuit en 2023 en Afrique du Sud et doit être étendue à six sites hospitaliers en Inde en ce début d’année.
Sources : Medical Brief, 23 novembre 2022 - Bizcommunity, 22 novembre 2022