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Un angle d’attaque du gouvernement par les groupes d’intérêt est celui des chiffres. Le nombre national de morts à cause de l’alcool par an serait resté, dans les discours politiques, le même depuis 30 ans : 74 000 victimes. Or ce chiffre est loin d’être exact, car il ne distinguerait pas les personnes qui consomment à la fois alcool et tabac des consommateurs uniquement d’alcool. D’autre part, ce chiffre serait caduc sachant qu’il provient d’une étude de 2003 s’appuyant elle-même sur des données des années 1990. Le ministère délégué aux questions d’addiction et de drogues, interrogé, fournit un bilan différent : en 2022, il y aurait eu 14 200 morts directement liées à la consommation d’alcool.
Un autre chiffre fâche : d’après un sondage publié par la Süddeutsche Zeitung, 60% des Allemands se prononcent en faveur de l’interdiction de la publicité pour les boissons alcoolisées. Mais l’association des brasseurs allemands dénonce la non-représentativité du panel choisi : sur les 1300 enquêtés, plus d’un tiers seraient des professionnels de la lutte contre les addictions et de l’éducation.
Selon l’association des brasseurs bavarois, le gouvernement s’acharnerait à gonfler les chiffres afin de pousser à une régulation radicale de l’alcool. Or la consommation d’alcool par habitant n’a cessé de baisser depuis les années 1990 tandis que les publicités se sont multipliées. Donc si la consommation et la publicité ne sont pas corrélées, il ne servirait à rien d’interdire cette dernière.
D'après le directeur général de Veltins (brasseur), le gouvernement devrait insister sur la prévention au lieu de chercher à interdire la publicité. En effet, la prévention semble bien fonctionner pour les jeunes avant que l’addiction ne soit installée. On constate, depuis plusieurs années, une baisse du nombre de buveurs réguliers et une hausse de celui des abstinents complets chez les 18-25 ans. Le gouvernement fédéral continue de mener des campagnes de prévention auprès des jeunes, et d’alarmer sur les ravages de l’alcool : En 2021, 11 600 jeunes de moins de 19 ans ont été admis à l’hôpital en état d’urgence absolue à la suite d’une intoxication aigüe à l’alcool. C’est certes moins qu’en 2020, mais ce chiffre reste évidemment trop élevé pour le ministère délégué aux questions d’addiction et de drogues.
Pour le ministre délégué aux questions d’addiction, l’alcool ne peut pas être érigé au rang de bien culturel au vu des dommages qu’il cause à la société. Le ministère de la santé affirme que les conséquences néfastes de l’alcool ont un coût socio-économique de près de 57 milliards d’euros par an. Ainsi, le gouvernement reste convaincu qu’il faut davantage restreindre l’accès au tabac et à l’alcool, n’en déplaise aux industriels.
Sources: Getränke News (02.08.2023). Der Beauftragtre der Bundesregierung für Sucht- und Drogenfragen (article du 02.01.2023). Bundesgesundheitsministerium (page web “Alkohol”, consulté le 03.08.2023).