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Face aux grandes évolutions telles que le changement climatique, la numérisation et l’urbanisation croissante, en tant qu’architectes, concepteurs, designers, quel rôle pouvez-vous, devez-vous et voulez-vous jouer dans ce contexte ?
Ces dernières années, le rôle de l’architecte a beaucoup évolué, il le devait d’ailleurs. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de matériaux et de statique. En effet, tous les défis qui s’accumulent actuellement à l’échelle mondiale se répercutent dans les villes – qu’il s’agisse de la problématique du climat, de la circulation, de la mauvaise qualité de l’air, de la santé des personnes ou encore de thèmes sociaux comme la migration. Alors qu’auparavant, l’accent était mis sur la fonction du bâtiment et son intégration dans l’environnement, il s’agit aujourd’hui d’une multitude de tâches qui touchent à tous les thèmes importants pour la société. Cela commence par la biodiversité, c’est-à-dire par l’introduction de la nature dans la ville ; en passant par les thèmes du recyclage, la minimisation de l’empreinte carbone, jusqu’aux composantes sociales.
En tant que développeur ou promoteur immobilier, il ne faut plus construire uniquement pour soi-même et pour les locataires, mais aussi assumer une certaine responsabilité vis-à-vis du voisinage, du quartier, de la ville, de la nature et - si l’on pousse la réflexion plus loin - du développement de la planète. Cette vue d’ensemble doit être envisagée dans chaque projet de construction. Notre tâche en tant qu’architectes est donc aussi de réunir les bons spécialistes et de les modérer. Le rôle de l’architecte prend soudain une importance qu’il n’avait jamais eue auparavant. L’architecture prend une tout autre dimension, c’est précisément ce qui la rend si passionnante pour moi actuellement.
L’attitude des pouvoirs publics a-t-elle également changé ?
De nombreuses réglementations font encore obstacle aux solutions pragmatiques nécessaires. J’ai l’impression que l’on s’en rend compte. Mais en Allemagne, le chemin est long jusqu’à ce que les choses changent réellement. De nombreuses réglementations ont en effet un fondement qui est juste. Mais le sujet est très clair : l’industrie du bâtiment est responsable de 30 à 40 % des émissions mondiales de CO2. Il faut donc agir rapidement.
Source : Polis, juillet 2023