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Dans la ville d’Ezhou (province du Hubei), un immeuble de 26 étages accueille une porcherie géante où, grâce aux nouvelles technologies, seuls une douzaine d’ouvriers sont nécessaires pour s’occuper de milliers de cochons. Ce complexe est sur le point de se doter d’un second bâtiment qui lui permettra de produire 1,2 millions de porcs par an, et d'autres ont déjà vu le jour dans les provinces du Sichuan, du Guangdong et du Shandong.
La multiplication de ces fermes verticales illustre l’ambition de la Chine dans l’agriculture intelligente alors que le pays cherche à augmenter sa production agricole pour répondre aux défis posés par le changement climatique, les tensions géopolitiques, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, ainsi que la pression foncière et la pénurie de main d’œuvre. Des technologies comme l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, la big data et le cloud computing sont donc désormais intégrées aux chaînes de production chinoises.
Dans le "document central n°1" de février 2023, les autorités ont encouragé l’agriculture intensive et industrielle, promettant tous les moyens nécessaires pour que les agriculteurs disposent des ressources adéquates. Cela fait suite à une annonce autorisant en 2019 les exploitations agricoles dans des bâtiments de plusieurs étages. Soutenu par les évolutions technologiques et des politiques favorables, le marché de l’élevage intelligent devrait atteindre une valeur de 47,7 Mds RMB (6,13 Mds EUR) en 2026.
L’enjeu est particulièrement crucial sur le marché de la viande porcine, qui constitue l’une des bases de l’alimentation chinoise. Elle représente en effet 60 % à 70 % de la consommation de viande des Chinois qui consomment près de 700 millions de porcs par an, soit environ la moitié de la population porcine dans le monde. En 2022, le pays a produit 55,4 M de tonnes de porcs, ce qui correspond à l’objectif fixé dans le 14e plan quinquennal pour que la Chine maintienne un taux d’auto-suffisance de 95 % dans cette filière.
Le développement à grande échelle de l’élevage vertical rencontre toutefois des obstacles, notamment quand il s’agit de la gestion du lisier de porc qui requiert de grandes superficies. Pour cette raison, le prof. Zhang Shuai, de l’Université chinoise de l’Agriculture, préconise donc une approche fondée sur "une échelle modérée" qui place "le développement durable et le recyclage écologique" au cœur de l’élevage.
Source : South China Morning Post, 21/10/2023