A la demande des producteurs laitiers, le département de R&D de l'Université de Los Lagos développe une application multiplateforme qui leur permet de savoir quelles sont leurs émissions nettes de carbone en temps réel.

Le développement du projet "Détermination du Stock et Capture de Carbone dans les forêts des producteurs laitiers du sud" permet de vérifier l’émission totale de gaz à effet de serre dans une exploitation, incluant non seulement les animaux, mais toutes les émissions du champ, ainsi que la capacité captée par les forêts de l’exploitation. Avec ces données, l'équipe de recherche développe un outil qui permettra aux agriculteurs d'obtenir des informations en temps réel et, à partir de là, de faire les ajustements pour être neutre en carbone, en compensant leurs émissions par la capture végétale et par le sol du site.

La possibilité de connaître leurs émissions et leur captation mobilise déjà de nombreux éleveurs du sud du pays, qui sont passés de la volonté de « nettoyer » leurs terres boisées à une volonté de les protéger, de les améliorer, voire même les reboiser, car cela leur permet de réduire l'impact environnemental de leurs animaux et idéalement d’obtenir une source complémentaire de revenus, en vendant les crédits carbones.

« Les éleveurs laitiers ont demandé aux instituts de recherche régionaux de collaborer pour résoudre leurs problèmes spécifiques, comme les aider à déterminer les gaz à effet de serre de leurs exploitations, afin de mesurer leur empreinte carbone. Le problème est que les données existantes étaient jusqu’à présent uniquement macro », explique l'équipe de recherche de l'Université de Los Lagos.

C'est ainsi que s'est présenté le projet de création du premier compteur de carbone au Chili pour les producteurs laitiers.

Cette initiative offre de nouvelles perspectives de développement de la superficie des forêts et permettra d’aider le Chili à atteindre ses engagements climatiques. Il convient de noter que le pays s’est entre autres engagé, en termes de sylviculture, à augmenter de 100 000 à 200 000 hectares sa reforestation, en particulier avec des espèces natives, et de passer de 100 000 à 200 000 hectares de forêts natives sous gestion durable. Un troisième engagement consiste à réduire de 25 % d'ici 2030 les émissions de GES résultant de la dégradation et de la déforestation, qui, dans le pays, sont principalement associées aux incendies.

Pour rappel, le Chili possède une filière laitière qui compte plus de 6 000 producteurs, particulièrement concentrés dans les régions sud de Los Ríos et Los Lagos. Le pays possède un million d'hectares de pâturages et 500 000 vaches laitières, ainsi qu'une vingtaine de grandes usines laitières (industriels-transformateurs), dont plusieurs sociétés multinationales implantées au Chili, et près d'une centaine de petits transformateurs fromagers. En moyenne, la production laitière atteint 2,6 millions de tonnes et génère 130 000 tonnes de fromage et 100 000 de lait en poudre et autres dérivés. La consommation de produits laitiers dans le pays est proche de 150 litres par habitant. En 2020, la filière laitière a généré  3,34 Mds USD.

Source: Patricia Vildosola Errazuriz, 23/02/2021, El Mercurio Campo