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En 2024, les prix du lait ont atteint en moyenne 47 centimes par kilogramme, soit 10 centimes de plus que la moyenne des dix dernières années. Cependant, cette augmentation des prix n’a pas stimulé la production, qui a diminué de 2,1 % au 1er semestre par rapport à l’année précédente. Les prévisions indiquent une baisse continue de 5 à 7 % dans les années à venir.
Le président de l’Association de l’industrie laitière (MIV), Peter Stahl, attribue cette situation à plusieurs facteurs. Parmi eux, les préoccupations environnementales et les réglementations imminentes, comme l’interdiction de l’attache des vaches, qui découragent les investissements des producteurs laitiers. Ces nouvelles réglementations visent à améliorer le bien-être animal, mais elles imposent également des coûts supplémentaires aux producteurs, qui doivent adapter leurs infrastructures et leurs pratiques. Cette situation crée une incertitude économique qui freine les investissements nécessaires pour augmenter la production.
La pénurie de lait pose de sérieux défis aux transformateurs, dont les installations doivent fonctionner en continu pour des raisons techniques. Les usines de transformation du lait sont conçues pour traiter des volumes constants et toute interruption peut entraîner des pertes financières importantes. La réduction de l’offre de lait pourrait donc entraîner des fermetures d’usines, avec des conséquences économiques et sociales significatives pour les régions rurales où ces usines sont souvent des employeurs majeurs.
Parallèlement, les prix du beurre continuent de grimper, atteignant des niveaux records. La production de beurre a diminué de 3,2 % et les importations ont également baissé. Cette situation est exacerbée par une demande croissante pour des produits laitiers riches en matières grasses, qui sont de plus en plus prisés par les consommateurs. En revanche, le marché des alternatives végétales stagne, avec une part de marché stable à 14 %. Cette stagnation peut être attribuée à plusieurs facteurs, dont une préférence culturelle pour les produits laitiers traditionnels et des préoccupations concernant le goût et la texture des alternatives végétales.
La crise actuelle met en lumière les défis structurels du secteur laitier allemand. La dépendance à des prix élevés pour maintenir la rentabilité n’est pas une solution durable à long terme. Les producteurs laitiers doivent trouver des moyens d’améliorer leur efficacité et de réduire leurs coûts tout en répondant aux exigences croissantes en matière de durabilité et de bien-être animal. Cela pourrait inclure l’adoption de technologies innovantes, telles que les systèmes de gestion automatisés et les pratiques agricoles de précision, qui peuvent aider à optimiser la production et à réduire les coûts.
En outre, il est essentiel de renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement laitière. Cela pourrait passer par une diversification des sources de matières premières, une meilleure gestion des risques et une collaboration accrue entre les différents acteurs de la chaîne de valeur. Les coopératives laitières, par exemple, peuvent jouer un rôle crucial en aidant les petits producteurs à accéder aux ressources et aux technologies nécessaires pour rester compétitifs.
La crise actuelle pourrait également être une opportunité pour repenser le modèle économique du secteur laitier. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la production de masse, les producteurs pourraient explorer des niches de marché à plus forte valeur ajoutée, telles que les produits laitiers biologiques, les fromages artisanaux et les produits laitiers fonctionnels. Ces segments de marché offrent des marges plus élevées et sont moins sensibles aux fluctuations des prix des matières premières.
Enfin, il est crucial de sensibiliser les consommateurs aux défis auxquels est confronté le secteur laitier et de les encourager à soutenir les producteurs locaux. Des campagnes de communication efficaces peuvent aider à renforcer la demande pour les produits laitiers allemands et à promouvoir des pratiques de consommation plus durables.
En conclusion, la crise de la production laitière en Allemagne est un problème complexe qui nécessite une approche multifacette. Les solutions doivent inclure des mesures pour améliorer l’efficacité et la durabilité de la production, renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement et explorer de nouvelles opportunités de marché. Avec une stratégie bien pensée et une collaboration étroite entre tous les acteurs du secteur, il est possible de surmonter cette crise et de construire un avenir plus durable pour l’industrie laitière allemande.
Sources : Christoph Murmann, Lebensmittel Zeitung, 31/10/2024 ; agrarzeitung, 04/10/2024 ; MIV Milchindustrie-Verband e.V., 11/2024