Date de publication :

Secteur Industrie
Pays concerné
Corée du Sud, République
Thématique
L'industrie sidérurgique sud-coréenne, longtemps considérée comme un pilier essentiel pour des secteurs clés comme l’automobile et la construction navale, traverse une crise sans précédent. En tant que sixième plus grand producteur d’acier au monde, elle se retrouve confrontée à divers défis, notamment le ralentissement économique mondial, la concurrence de l’acier bon marché en provenance de Chine, les risques de tarifs imposés sous la présidence de Donald Trump, ainsi que l'augmentation des prix de l’électricité.
Image info sectorielle

Les principaux producteurs d’acier ont dû procéder à des restructurations et réduire leur production. Les taux d’utilisation des usines, qui frôlaient les 90 % durant les périodes de forte demande, ont progressivement chuté, s’établissant désormais entre 60 et 70 % sur certaines lignes de production.

POSCO, le plus grand sidérurgiste du pays, a annoncé la fermeture de son usine de fil machine n°1 à Pohang, après 45 ans de fonctionnement. L’entreprise a également pris la décision de vendre sa seule usine d’acier en Chine, Zhangjiagang-Pohang Stainless Steel. De son côté, Hyundai Steel, le deuxième sidérurgiste sud-coréen, envisage de fermer son usine n°2 à Pohang.

Les experts s’inquiètent de la situation du secteur sidérurgique, autrefois un pilier de l’industrie coréenne et un symbole de la qualité des produits « Made in Korea ». Les analystes prévoient une croissance modeste de la demande mondiale d’acier, estimée à 1 % par an en 2024 et 2025, après une contraction en 2023.

La fermeture de l’usine de fil machine n°1 de POSCO à Pohang, survenue trois mois après l’arrêt de l’usine sidérurgique n°1, résulte de plusieurs facteurs, tels que la surproduction mondiale, l’afflux d’acier bon marché et le vieillissement des installations. Ce processus de fabrication, qui transforme les lingots en produits finis, est essentiel à la production d’acier.

Un incendie survenu récemment dans l’usine de POSCO à Pohang a obligé l’entreprise à fermer le four Finex n°3, qui produit du fer en fusion, avec une capacité de production annuelle de 2 millions de tonnes. Paradoxalement, cette interruption n’a pas affecté l’approvisionnement en acier en raison du faible taux d’utilisation des usines.

POSCO met en œuvre une restructuration en profondeur, incluant la vente de 125 actifs non rentables et non essentiels, ainsi que l’acceptation de départs volontaires à la retraite. Si la médiation par la Commission nationale des relations de travail échoue, cela pourrait marquer la première grève de l’entreprise depuis sa fondation en 1968.

Hyundai Steel fait face à des difficultés similaires en lançant des programmes de maintenance spéciaux pour réduire la production dans ses usines. Son usine de Dangjin est en maintenance spéciale, celle d'Incheon l'est aussi.

La fermeture de l’usine n°2 de Pohang de Hyundai Steel a suscité une vive opposition des syndicats, touchant 400 travailleurs de Hyundai Steel et de sa filiale Hyundai IMC. 

La hausse des prix de l’électricité industrielle ajoute encore aux difficultés des sidérurgistes, notamment ceux qui ont investi dans des fours électriques écologiques pour réduire les émissions de carbone. Dongkuk Steel, qui utilise exclusivement des fours à arc électrique, a réduit ses coûts en limitant la production aux heures creuses où l’électricité est moins chère.

La production d’acier brut pour les neuf premiers mois de l’année est tombée à 47,64 millions de tonnes, soit son plus bas niveau en 14 ans, selon la Korea Iron and Steel Association. Les taux d’utilisation des usines ont également atteint des niveaux historiquement bas, avec POSCO à 85 %, Hyundai Steel à 84,2 %, et Dongkuk Steel à 77,4 % pour la production de barres et 63,8 % pour les tôles.

Source : The Chosun Daily, Novembre 2024