Date de publication :

Secteur Mobilité et Logistique
Pays concerné
Corée du Sud, République
Thématique
Le 5 février un projet de loi qui permettrait aux États-Unis de sous-traiter la construction de navires de guerre à des nations alliées, dont la Corée du Sud, a été présentée. Cette initiative marque un tournant important dans la politique américaine, alors que l'industrie navale domestique fait face à un déclin.
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Depuis 1920, la loi Jones exige que les navires civils opérant entre les ports américains soient construits aux États-Unis. Des mesures de protection supplémentaires ont été introduites en 1965 et 1968, imposant que les navires de guerre américains soient construits exclusivement dans des chantiers navals américains. Cependant, les préoccupations concernant l’expansion de la flotte navale chinoise et l’affaiblissement des capacités américaines de construction navale ont conduit les législateurs à assouplir ces règles. Le soutien des républicains des deux chambres du Congrès devrait permettre au projet de loi d’être adopté.

Ce projet pourrait offrir de nouvelles opportunités à l'industrie navale sud-coréenne. En tant que seul allié des États-Unis avec le Japon disposant de la capacité industrielle pour construire des navires de guerre en grande quantité, la Corée du Sud est vue comme un partenaire stratégique. Après sa victoire en novembre 2024, le président Trump a mis en avant l'expertise sud-coréenne dans la construction navale, soulignant l'importance de la coopération sur l'entretien et les exportations. Le projet de loi permettrait à la marine américaine de sous-traiter la construction de navires à des pays avec un traité de défense mutuelle ou membres de l'OTAN, à condition que les coûts soient inférieurs à ceux des États-Unis et que les chantiers ne soient pas contrôlés par la Chine. La Corée du Sud et le Japon répondent aux critères, et les analystes estiment que la Corée du Sud pourrait en être le principal bénéficiaire, grâce à sa capacité à livrer rapidement des navires de guerre.

Alors que l'industrie japonaise de la construction navale est en déclin, la Corée du Sud reste un acteur majeur capable de livrer des navires de guerre dans des délais courts. Par exemple, HD Hyundai Heavy Industries a construit le destroyer Jeongjo le Grand, équipé du système Aegis, qui est entré en service en décembre 2024, à moitié prix de navires similaires et en un tiers du temps habituel.

Les capacités de la Corée du Sud dans ce domaine pourraient également lui servir de levier dans les négociations commerciales avec les États-Unis. Si elle joue un rôle clé dans l'expansion navale américaine, cela pourrait réduire la pression exercée par les États-Unis sur d'autres secteurs coréens, tels que l'automobile, les semi-conducteurs et l'acier.

D'après le Congressional Budget Office, la marine américaine prévoit d’étendre sa flotte de 295 navires en 2024 à 390 navires d’ici 2054, en retirant les navires plus anciens et en ajoutant 364 nouveaux navires de guerre. Le coût total est estimé à 1,075 trillion USD. Si une grande partie de ces contrats est attribuée à des chantiers navals alliés, l'industrie pourrait connaître un marché sans précédent.

Avant même l'élection de Trump, les entreprises sud-coréennes se préparaient à s'implanter sur le marché américain. En août 2024, Hanwha Ocean est devenu le premier constructeur naval coréen à obtenir un contrat de maintenance, réparation et révision (MRO) avec la marine américaine. L’entreprise a également acquis Philly Shipyard à la fin de 2024. Par ailleurs, HD Hyundai Heavy Industries prévoit de tripler son activité de construction navale à 7,5 Mds USD d’ici 2030.

L'optimisme des investisseurs à propos de ce projet de loi a fait grimper les actions des chantiers navals sud-coréens le 12 février : HD Hyundai Heavy Industries a bondi de 15,36 %, Hanwha Ocean de 15,17 % et Samsung Heavy Industries de 5,98 %.

Source : The Chosun Daily, Février 2025