Date de publication :
Si l’année 2020 a été marquée par une recrudescence des introductions en bourse de sociétés de biotechnologie à Hong Kong, les perspectives sur l’année 2021 sont optimales. Hong Kong a des chances de devenir la meilleure plateforme de cotation pour les entreprises de biotechnologie en Asie comme l’a souligné Bonnie CHAN (responsable de la cotation à "Hong Kong Exchanges and Clearing Limited" – HKEX), interviewée par Bloomberg ce mois-ci : « Nous ne sommes qu’en mars, mais d’après ce que je vois dans le pipeline, nous seront aussi occupés, sinon plus, cette année. Nous constatons de nombreux intérêts de la part des entreprises de la nouvelle économie, en particulier des entreprises de biotechnologie. ».
En 2020, 22 entreprises de la santé et des sciences de la vie étaient cotées à la Bourse de Hong Kong, levant environ 10,8 Mds EUR. Parmi ces 22 sociétés, 14 d’entre elles sont des entreprises de biotechnologie, ayant totalisé une levée de fond de 4,5 Mds EUR, soit plus de 60% du total d’émission d’actions consécutives pour l’ensemble pour la même année.
Avec des investissements publics et privés importants ces dernières années, le marché des biotechnologies poursuit son ascension, bénéficiant du bond des introductions en bourse d’acteurs chinois sous le regard avisé de spéculateurs, misant sur ce segment clé dans un contexte de pandémie où la santé et la recherche deviennent prioritaires. Parmi les 50 principales compagnies de biotechnologie les plus innovantes dans la région de la grande baie (Canton, Shenzhen, HK, Macao,Zhuhai), seulement 7% sont de Hong Kong, tandis que 80% d’entre elles sont basées entre Shenzhen et Canton, selon KPMG. A cela s’ajoute l’arrivée de grandes entreprises technologiques du continent en quête de rééquilibrer leurs actionnariats boursiers entre New York et Hong Kong, dans un contexte tendu entre les deux puissances.
Devant la volonté stratégique du pouvoir central de positionner la zone de la rivière Delta comme l’épicentre de la Medical Valley des biotechnologies chinoise, le gouvernement hongkongais avance ses pions et renforce sa position, en capitalisant sur l’industrie des biotechnologies hongkongaise et chinoise à croissance rapide. Si l’investissement est risqué car très spéculatif, les profits réalisés peuvent être phénoménaux. Bien conscient des gains, l’afflux de capital-risque vers les producteurs axés sur l’innovation médicale et l’augmentation des partenariats avec des laboratoires pharmaceutiques occidentaux sont des aubaines pour les grandes sociétés de biotechnologies (ayant un produit viable), mais inaccessible pour les start-ups dans ce segment.
Pour contrer les retards pris, en termes de soutien aux start-ups en démarrage, peu de programmes de partenariats ou encore d’aides financières existant, le gouvernement hongkongais a dû mettre les bouchées double, avec des investissements publics supplémentaires ainsi que des ressources adaptées.
En 2019, la part du PIB dédiée à la R&D était de 2,8 Mds EUR. Par ailleurs 124 compagnies de technologie biomédicale et start-ups du programme incu-bio (https://www.hkstp.org/innovate-with-us/incubation/incu-bio) avaient établi leurs pôles de R&D au sein du cluster "HK Science Park", soit une progression de 24% par rapport à l’année précédente. Au 30 avril 2020, un total de 609 projets liés aux biotechnologies avaient été approuvés par l'ITF (Innovation and Technology Fund - https://www.itf.gov.hk/en/funding-programmes/index.html), avec un montant total de 158 M EUR de subventions. Parallèlement, 16 sociétés de biotechnologies (avant revenus et avant profit) s'étaient inscrites sur le HKEx (Hong Kong Exchanges and Clearing Limited) et avaient levé quelques 5,1 Mds USD grâce à des introductions en bourse. Quant aux investissements en capital-risque à Hong Kong, ils ont atteint les 1,28 Mds EUR en 2019 et huit licornes ont émergé à Hong Kong.
La gouverneur de Hong Kong (Mme. Carrie LAM) s’est fixé pour objectif de doubler les dépenses en R&D à 1,5% du PIB d’ici 2022, malgré la récession actuelle, et de mettre en œuvre les actions suivantes :
Le développement du parc d'innovations et de technologies de Hong Kong-Shenzhen (https://www.hkstp.org/about-us/our-footprint/hsitp), avec un financement de plus de 30 milliards de dollars de Hong Kong (3,8 milliards de USD dollars) a récemment été approuvé. Cette plateforme d’innovations et de technologies combinera l’expertise complémentaire des deux zones : les solides atouts de R&D de Hong Kong et la forte capacité de Shenzhen dans la fabrication de pointe. Hong Kong aura aussi accès aux données d’une population de 70 millions d’habitants (région de la grand baie). Ces atouts sont un moteur de croissance pour l’industrie des biotechnologies à Hong Kong.
De son coté, le "Hong Kong Sciences Park" (cluster dédié aux technologies de la santé et de la robotique, ainsi que de l’intelligence artificielle - https://www.hkstp.org) poursuit ses plans d'expansion et de partenariats, à l’exemple du programme de co-incubation avec AstraZeneca afin de développer des solutions de diagnostic et de traitement en oncologie. HKSTP met à la disposition des starts-ups Incu-Bio sélectionnées, un espace de travail et l’accès à ses laboratoires avancés, ainsi qu’un soutien financier si besoin (au maximum 660 000 EUR). AstraZeneca se charge de suivre les starts-up et de les mettre en relation avec les parties prenantes et les partenaires de l’industrie.
Enfin, l’ouverture prochaine d’un premier cluster InnoHK (Health@innoHK https://www.itc.gov.hk/en/doc/InnoHK_GN3.1_e.pdf) aura pour vocation de développer les collaborations de recherche et développement entre universités locales et institutions du Continent dans le secteur de la santé. En continuité, le projet « Global STEM Professoship Scheme » ( https://www.industryhk.org/en/info/press-releases/fhki-welcomes-2020-policy-address) offrira aux scientifiques renommés et leurs équipes de recherche de venir travailler à Hong Kong.
Hong Kong a tout pour devenir acteur de son succès, en s’associant au projet de la grande baie et en soutenant de manière concrète les start-ups innovantes dans leur développement, incluant aussi la phase de commercialisation de leurs innovation biotechs. Son positionnement de deuxième plus grand centre de financement des biotechnologies au monde est une étape essentielle, mais encore insuffisante pour se hisser au rang des meilleurs. Toutefois les dernières directives mises en place pour les start-ups et la forte implication du gouvernement ne peuvent être que prometteuses.
Source: 08/02/2021, Financial times