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Ainsi selon un sondage publié fin avril, les consommateurs allemands n’avaient pas été aussi optimistes depuis août 2024. Ce regain de confiance ne se limite de plus pas qu’à la sphère privée : dans les conseils d’administration, le ton est également plus positif. Deutsche Bank a ainsi publié ses meilleurs résultats trimestriels depuis 14 ans, tandis que Lufthansa a confirmé ses objectifs annuels (une démarche rare dans le secteur aérien, sensible aux turbulences économiques).
Chez Adidas, le directeur général Bjørn Gulden s’est montré tout aussi confiant. Après des résultats solides au premier trimestre, il a estimé que sans les barrières douanières américaines, le groupe aurait relevé ses prévisions. Ce climat positif trouve aussi ses racines dans un changement notable de la politique budgétaire : en mars, le gouvernement a assoupli ses limites constitutionnelles de dépenses, libérant ainsi potentiellement près de 1 000 Mds EUR pour des investissements dans la défense et les infrastructures. Une décision qui pourrait marquer la fin d’une série d’années de sous-performance économique.
Ce renouveau se reflète également dans les marchés financiers. Depuis le début de l’année, l’indice DAX a progressé de plus de 12 %, surpassant largement le CAC 40 français (+3 %) et le S&P 500 américain, qui affiche une baisse de 6 %. C’est un niveau rarement atteint depuis la crise financière de 2008, si l’on exclut la période atypique de la pandémie.
Mais la prudence reste de mise. Les signes de redressement économique sont encore timides. Le secteur manufacturier, pilier traditionnel de l’économie allemande, montre une activité en amélioration pour la première fois depuis deux ans, mais reste techniquement en contraction. Le FMI prévoit d’ailleurs une croissance nulle pour 2025, suivie d’une hausse modeste de 0,9 % en 2026 (mieux que prévu, certes, mais loin d’un véritable rebond).
Par ailleurs, les performances remarquables de grandes entreprises comme La Deutsche Bank ou Lufthansa s’inscrivent aussi dans un contexte mondial favorable. La forte volatilité des marchés alimente les revenus des activités de trading des banques, tandis que les compagnies aériennes bénéficient d’un retour à la normale des flux de voyageurs.
Il n’en demeure pas moins que l’économie allemande et ses poids lourds industriels semblent enfin évoluer dans le même sens. Avec un DAX qui se négocie à un ratio cours/bénéfice inférieur de 25 % à celui du S&P 500, certains investisseurs étrangers pourraient bien y voir une opportunité alléchante. L’Allemagne est peut-être enfin prête à vivre son "Frühlingsgefühle" économique — cette euphorie printanière tant attendue par ses entreprises.
Source : https://www.ft.com/content/cc1f210a-1eac-4eb1-9e9a-721493617105