Date de publication :

Secteur Transition écologique
Pays concerné
Belgique
Thématique
La construction de l'usine Hyoffwind, d'une capacité de 25 MW pour la production d'hydrogène vert, a été lancée. Virya Energy (filiale de Colruyt), Messer et Hyoffgreen (regroupement de communes flamandes) doivent désormais démontrer la viabilité et la reproductibilité de leur modèle économique.
Image info sectorielle

La construction de la toute première usine belge dédiée à l’hydrogène vert a officiellement débuté à Zeebruges. Ce projet, baptisé Hyoffwind, constitue une avancée majeure pour la filière énergétique du pays. Portée par Virya Energy (le bras énergétique de Colruyt), l’Allemand Messer, et l’intercommunale flamande Hyoffgreen, cette initiative vise à démontrer qu’un modèle industriel de production d’hydrogène propre peut être viable et reproductible.

Derrière ce projet ambitieux, on retrouve Besix, en charge de l’édification du site, et le groupe liégeois John Cockerill, responsable de la fourniture de l’électrolyseur. Ce dernier sera alimenté par des éoliennes offshore, pour produire à terme jusqu’à 25 MW d’hydrogène décarboné. Le site devrait être opérationnel d’ici 2026.

Lancement symbolique mais aussi stratégique : Hyoffwind a été inaugurée le même jour que l’annonce d’une commande importante passée par TotalEnergies pour approvisionner sa raffinerie d’Anvers en hydrogène vert. Ces signaux positifs arrivent après plusieurs années difficiles pour le secteur, qui espère désormais accélérer sa croissance.

Cependant, malgré le lancement des travaux, les porteurs du projet doivent encore sécuriser des contrats à long terme avec les producteurs d’électricité en mer, condition essentielle pour garantir la rentabilité de l’usine. L’incertitude qui entoure actuellement certains projets comme l’île énergétique d’Elia pourrait impacter cette étape cruciale.

L’investissement global est estimé à 80 M EUR. Le soutien des autorités publiques, tant nationales qu’européennes, est jugé indispensable pour assurer le développement durable de la filière. Or, des décisions politiques récentes, notamment la réduction des subventions destinées aux infrastructures de transport d’hydrogène, inquiètent les acteurs du secteur. Le CEO de Besix, Pierre Sironval, a notamment critiqué cette orientation, soulignant qu’elle va à l’encontre de l’ambition de faire de la Belgique un pôle stratégique de l’hydrogène.

Côté distribution, l’hydrogène produit à Zeebruges sera entièrement destiné aux deux actionnaires industriels. Messer utilisera ses conduites pour desservir les industries, tandis que Virya s’appuiera sur son réseau de stations Dats 24 pour alimenter les acteurs du transport. L’objectif est de maintenir un prix de vente inférieur à 10 EUR par kilo, ce qui serait compétitif sur le marché.

Enfin, l’usine jouera aussi un rôle de soutien au réseau électrique. En absorbant les surplus de production éolienne, elle pourra stocker cette énergie sous forme d’hydrogène, qui pourra ensuite être redistribué ou injecté dans le réseau gazier de Fluxys. Hyoffwind n’est pas seulement un site de production : c’est un projet-pilote qui pourrait bien dessiner les contours de la transition énergétique belge.

Source : L'Echo - février 2025