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Les projets éoliens s’accumulent en Wallonie, mais peinent à se concrétiser. Près de 5.000 MW attendent un raccordement, un chiffre révélateur d’un secteur dynamique mais freiné par un réseau électrique à saturation et un cadre administratif jugé instable.
Selon Edora, la fédération des énergies renouvelables, les zones comme le Hainaut et l’est de la région sont particulièrement touchées. Les gestionnaires de réseau, Elia et Ores, imposent des raccordements flexibles : les éoliennes peuvent être déconnectées temporairement lorsque le réseau est saturé. Une mesure transitoire, mais qui affaiblit la rentabilité des projets.
À Ghlin, une éolienne installée en 2023 ne sera mise en service qu’en 2025. Ailleurs, certains projets sont menacés par des contraintes de flexibilité allant jusqu’à 50 %, ce que des développeurs qualifient de « business case killer ».
Pour IDETA, qui gère environ 90 éoliennes, la situation est devenue intenable : « Nous avons cessé tout nouveau projet. La Wallonie n’est plus attractive », alerte Olivier Bontems, directeur du pôle Énergie.
Au total, 1.976 MW de capacité sont déjà réservés sur le réseau de distribution, et 3.015 MW sont en attente chez Ores, en hausse de 90 % sur un an.
Cette situation compromet les objectifs climatiques de la région : pour atteindre les 6.200 GWh de production annuelle d’ici 2030, il faudrait installer 150 MW de nouvelles éoliennes chaque année, un rythme jamais atteint depuis 2009.
Le gouvernement wallon prépare une cartographie des zones prioritaires, tandis que le ministre du Territoire, François Desquesnes, plaide pour des règles assouplies et des éoliennes plus concentrées et puissantes, afin de répondre aux défis du réseau.
Source : Article de François Xavier-Lefèvre et Maxime Vande Weyer dans l'Echo (14 mai 2025).